Duong Trung Quôc: «Je voudrais être un conteur d'histoire»

Nhân Dân en ligne - Duong Trung Quôc assume plusieurs fonctions : secrétaire général de l’Association des historiens vietnamiens, rédacteur en chef de la revue «Hier et Aujourd’hui», député à l’Assemblée nationale (XI e législature). Il travaille depuis 35 années à l’Institut d’Histoire. Pourtant, il ne s’estime pas expert en la matière. Il souhaite simplement être un narrateur d’histoire. Voici une interview que Duong Trung Quôc nous a accordée.

Photo: touitre.vn
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Reporter: Tout d’abord, je dois remercier l’historien de m’avoir accordé cet entretien.

Duong Trung Quôc: Bien des gens m’appellent «historien», mais je n’ose pas accepter cette appellation, je suis simplement un conteur d’histoire.

Reporter: Vous êtes trop modeste ?

Duong Trung Quôc: Ne pas accepter cette appellation, est-ce de la modestie? A mon avis, l’important pour apprécier la valeur de l’homme, ce n’est pas de savoir qui est le vainqueur, ni qui est le meilleur, mais plutôt qui a besoin de qui? J’accepte d’être le conteur d’histoire car c’est justement ce dont la société a besoin. Bien des gens non seulement l’oublient, mais cherchent encore à l’éluder. En exerçant ce métier, je suis conscient que si on ne veut pas être confronté à l’histoire, on sera obligé d’y faire face un jour. Il ne faut pas considérer l’histoire comme un prétexte pour brouiller les pistes. Pour être juste, il faut payer rubis sur l’ongle. C’est cela l’histoire.

Reporter: Est-ce grâce à votre étoffe d’historien que votre voix à l’Assemblée nationale a attiré l’attention de tous? N’est-ce pas que vous avez toujours en mains les leçons du passé pour les problèmes urgents d’aujourd’hui ?

Duong Trung Quôc: Je voudrais ajouter que si, l’histoire est le respect de la vérité, celle-ci soutient toujours notre cause. La cause que nous avons héritée de nos aînés et qui nous fait nous concentrer, pour réaliser l’œuvre de la rénovation. Par rapport à mes collègues, je reconnais que mon point fort est d’effectuer des travaux historiques, tout en étant journaliste et inversement.

Reporter: Voulez-vous nous parler des rapports entre «Hier et Aujourd’hui», le nom que porte votre revue dont vous êtes le rédacteur en chef ?

Duong Trung Quôc: J’ai toujours été hanté par cette impression que tout ce qui se passe aujourd’hui est très proche du passé. Serait-ce une déformation professionnelle? Cependant, cela a quelque chose de convaincant. Exemple: En ce qui concerne les accidents de la route, je voudrais rappeler qu’il y a un demi-millénaire, dans le code Hông Duc figuraient des clauses sur la circulation routière. Le roi Minh Mang a ordonné de noter dans l’histoire officielle que son fils (le prince) avait été sévèrement puni pour avoir été impliqué dans un accident. Selon lui, il fallait le faire en vue de dissuader les gens. À l’époque coloniale, la mairie de Hanoi informait chaque année de la superficie, de la longueur et de l’état des routes, afin de fixer le nombre et les catégories des moyens de communication… Ainsi, en tout temps, pour assurer la sécurité de la circulation, les lois doivent être rigoureuses et le développement planifié.

Reporter: Quelle attitude doit-on adopter pour mener les travaux historiques ?

Duong Trung Quôc: Respecter la vérité et la justice. Et pour apprécier une personne, il faut être dialectique: peser le juste et le faux, les mérites et les défauts. La force de la rénovation est de regarder la vérité en face avec courage. Comme l’a dit souvent l’Oncle Hô: «Il faut savoir réparer ses fautes !».

Reporter: Vous êtes en train de réaliser la campagne «Chacun contribue par une parcelle de cuivre, pour fondre les statues des hommes illustres». Quelle en est la signification?

Duong Trung Quôc: L’histoire ne saurait être impersonnelle. Elle a une physionomie concrète et donne l’exemple de ce qu’il faut faire. Autrement dit, c’est agir selon le principe «Quand on boit de l’eau, on pense à sa source». Plus d’une centaine de statues sont en place. Mais la plus importante est dans le cœur et dans la mémoire des vivants, notamment la jeune génération. J’aime bien ériger des statues pour les écoles.

Reporter: Vous êtes à la fois secrétaire général d’une Association et rédacteur en chef d’une revue?

Duong Trung Quôc: Oui, il est évident que je suis très occupé, mais je trouve que mon travail est utile et significatif. L’Association des historiens vietnamiens est une organisation non-gouvernementale, sans siège, ni budget étatique. Nous l’avons fondée par nos propres moyens et avons rencontré pas mal de difficultés. Mais plus c’est difficile et plus c’est passionnant. Je suis toujours obsédé par mon métier. Quand je vois ce qui se passe aujourd’hui, je me demande ce que penseront dans 50 ans ou 100 ans nos descendants.

Reporter: Comment partagez-vous votre temps pour accomplir tout ce volume de travail?

Duong Trung Quôc: Bien sûr, il n’existe pas de 25e heure. Mais si l’on trouve de la joie dans le travail, on a toujours de l’entrain et suffisamment de temps. Peut-être, je suis un peu cinglé quand je pense que le sommeil est du gaspillage.

Reporter: Pourriez-vous nous parler un peu de votre famille?

Duong Trung Quôc: Mon père est mort pendant les 60 jours et nuits de combat pour défendre Hanoi en 1946, avant ma naissance. Ma mère avait alors 21 ans. Elle est restée veuve pour élever ses trois enfants. Avec une telle mère et pour lui faire plaisir, je ne peux agir autrement que de travailler pour ma famille et la société. Ma femme travaille à l’Association des cinéastes. J’ai deux filles et une petite-fille.

Reporter: Je vous remercie et vous souhaite d’être toujours un excellent conteur d’histoire.