Le Premier ministre Pham Minh Chinh participera au sommet commémoratif du 45e anniversaire des relations ASEAN-UE et effectuera une visite officielle en Belgique. A cette occasion, l'ambassadeur de Belgique au Vietnam, Karl Van Den Bossche, a partagé son point de vue sur les potentiels de coopération entre les deux nations.
Pourriez-vous nous faire part de vos attentes concernant la visite officielle du Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh en Belgique ?
Le sommet UE-ASEAN crée les liens vitaux entre les 2 blocs mais ils ne peuvent prospérer que grâce aux relations bilatérales exceptionnelles qui existent entre chaque État membre. La visite officielle du Premier ministre Pham Minh Chinh témoigne des relations chaleureuses entre nos 2 nations.
Quelles sont vos appréciations sur les potentiels de coopération économique entre les deux pays dans les temps à venir, vers la relance et le développement durable ?
L'Accord de libre-échange UE-Vietnam n'est opérationnel que depuis quelques années, mais montre que les flux commerciaux mutuels en bénéficient. Cependant, nous constatons également un déficit commercial structurel de la Belgique avec le Vietnam : 1,8 milliard d'euros en 2021 et 938 millions d'euros pour les 8 premiers mois de 2022. Alors que les volumes d'échanges sont en hausse, ils semblent aller dans un sens.
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Le Premier ministre Pham Minh Chinh reçoit le 6 novembre l'ambassadeur de Belgique au Vietnam Karl Van Den Bossche. Photo : VNA |
Compte tenu de la fonction de la Belgique en tant que porte d'entrée de l'Europe, ce n'est pas une surprise. Saviez-vous que Nike a son principal entrepôt de distribution européen près d'Anvers en Flandre ? Et que le Vietnam exporte surtout des chaussures vers la Belgique ? Ensemble, la Belgique et le Vietnam font courir les européens !
En 2021, le Vietnam était le 15 è plus gros importateur hors UE en Belgique. C'est un classement très élevé. Ces échanges montrent qu'il existe un lien structurel entre nos 2 pays, et peuvent bénéficier d'une croissance supplémentaire – également pour les entreprises belges au Vietnam. Les limitations et les restrictions doivent être levées et nous saluons donc la récente entrée en vigueur de la circulaire 8 pour les produits pharmaceutiques, identifiant le cadre réglementaire de l'UE. Nous espérons également que le Vietnam pourra prolonger la validité des autorisations de mise sur le marché pour le secteur pharmaceutique.
Sur le plan réglementaire, nous sommes très conscients des préoccupations vietnamiennes dans le domaine de la carte jaune européenne pour la légalité. La durabilité est également essentielle pour le Vietnam, et la santé publique est un facteur dominant pour les importations dans l'UE. S'il s'agit d'une compétence exclusive de la Commission européenne, la Belgique suit également les efforts déployés par le Vietnam. Nous participerons activement aux délibérations à Bruxelles sur ce sujet.
Nous voulons coopérer de manière intelligente, pour renforcer le développement futur du Vietnam. Cela signifie que nous écoutons attentivement les besoins du gouvernement dans les domaines de l'agriculture, de la logistique, du changement climatique, des technologies propres, de la santé et autres.
La Belgique est le partenaire stratégique du Vietnam dans le secteur agricole. Dans le contexte post-pandémique, comment les deux pays pourraient-ils promouvoir dans ce domaine ?
Nous avons convenu d'approfondir davantage notre partenariat stratégique existant dans le domaine de l'agriculture, qui aura bientôt 5 ans. Il est maintenant temps de renforcer notre coopération et de fournir au Vietnam la technologie et le savoir-faire nécessaires pour augmenter la production agro-industrielle, la transformation, le refroidissement, le transport et l'expédition vers des destinations étrangères.
Le plus grand défi commun auquel nous sommes confrontés est la lutte contre le changement climatique. Nous entendons clairement l'appel du gouvernement vietnamien pour le transfert de technologie et les investissements dans les technologies propres et vertes. La Belgique répond à l'appel mais espère aussi que les louables ambitions de devenir neutre en carbone en 2050 se traduisent par des investissements concrets.
Quelques projets à promouvoir dans ce domaine : un projet pilote de cabines fraîches dans le delta du Mékong s'avère être un succès majeur et sera étendu à Cân Tho. L'agro-industrie et la logistique flamandes disposent d'un savoir-faire de premier ordre. Nos sociétés de dragage fournissent les infrastructures portuaires nécessaires et DEEP C a créé la plus grande zone éco-industrielle du Nord-Vietnam, générant 5 milliards de dollars d'investissements.
Les entreprises wallonnes sont à la pointe de la bio-ingénierie. Le leader mondial Solvay, basé à Bruxelles, propose des solutions innovantes pour la conservation des fruits et légumes et pour la production propre et saine de crevettes dans le delta du Mékong.
Puratos Grand Place est le plus grand producteur de chocolat B2B au Vietnam, prenant 70 % de l'ensemble de la production de cacao vietnamien et le transformant en délicieux chocolat pour les boulangeries et pâtisseries vietnamiennes. Parallèlement, ils favorisent un développement équitable et durable des producteurs de cacao. L'ONG belge Rikolto soutient une vie décente pour 4000 producteurs de cacao.
L'objectif ultime est de fournir de meilleurs produits vietnamiens et des produits à plus forte valeur pouvant être exportés vers les marchés d'Europe, des États-Unis et d'ailleurs.
Mais nous soutenons également le réseau énergétique vietnamien, grâce au savoir-faire de la société bruxelloise Elia Grid International et à sa coopération de longue date avec EVN. DEME développe le premier projet éolien offshore du Vietnam, dans le Sud. Ces entreprises apporteront des solutions aux futurs besoins énergétiques du Vietnam.
Le secteur pharmaceutique belge est l'un des plus importants d'Europe et fournit des médicaments essentiels et se tient prêt à investir davantage au Vietnam. Comme vous pouvez le voir, il existe de nombreux exemples qui vont au-delà du secteur agro-industriel et contribuent à soutenir l'objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire supérieur dans les prochaines années.
