La culture maritime millénaire du Vietnam

Nhân Dân en ligne - Largement ouvert sur l’océan Pacifique, le Vietnam compte un kilomètre de côte pour 100 km² de superficie terrestre, contre une moyenne mondiale de 1 pour 600 km². Une façade maritime qui a forgé le caractère et la personnalité du pays.

Le Vietnam compte 3.200 km de côtes et plus de 2.000 îles. Photo: Diêu Hà/NDEL.
Le Vietnam compte 3.200 km de côtes et plus de 2.000 îles. Photo: Diêu Hà/NDEL.

D’une superficie terrestre de 332.000 km², le Vietnam s’étire du Nord au Sud sur quelque 1.700 km et est baigné, tout le long, par la Mer Orientale. Il compte 3.200 km de côtes et plus de deux mille îles. «Il est évident que le Vietnam possède une culture maritime. Une grande partie de sa population est concentrée le long de la bande côtière», a estimé le vice-Professeur et Docteur Tông Trung Tin, lors du séminaire «La culture maritime nationale: défense et mise en valeur», tenu fin 2014 à Hanoi sous les auspices du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, et du Conseil national du patrimoine.

Une nation multiculturelle

Avec ses 54 ethnies, le Vietnam mérite le titre de nation multiculturelle. Sa configuration géographique très variée (montagnes, forêts, plaines alluviales, littoral, îles, archipels) a modelé le caractère et les us et coutumes de ses habitants. On peut cependant distinguer trois grands «types culturels»: de la plaine, de la haute région et du littoral maritime/insulaire, le dernier demeure encore peu connu. Le séminaire «La culture maritime nationale: défense et mise en valeur» a été l’occasion pour les experts et scientifiques d’affirmer et de justifier l’existence au Vietnam d’une culture séculaire étroitement liée à la mer.

Un squelette de baleine exposé à la maison communale de Van Thuy, ville de Phan Thiêt, province de Binh Thuân (au Centre). Photo: dulichbinhthuan.com.vn.

Depuis longtemps, les différentes cultures du Vietnam font l’objet de recherches scientifiques. La culture maritime fait actuellement l’objet d’une priorité de la part des chercheurs. «On l’a étudiée sous divers angles, par exemple les conditions géographiques, écologiques et environnementales des régions côtières et insulaires, leur situation géopolitique, géoculturelle, leurs aspects socio-culturel et humain», révèle Tông Trung Tin. Et d’insister sur les aspects socioculturel et humain analysés sur la base d’études archéologique, ethnologique et sociologique.

Les contenus présentés au séminaire ont été multiformes: travaux théoriques, résultats de fouilles archéologiques, cartes et documents anciens prouvant la souveraineté séculaire du pays sur ses régions maritimes et insulaires (notamment des documents sur la création et le fonctionnement de la flottille de Hoàng Sa aux XVIIe - XIXe siècles), récits recueillis auprès des habitants locaux sur les techniques de pêche d’autrefois, preuves historiques de l’existence des ports commerciaux de Vân Dôn et Hôi An (au Centre), activités commerciales extérieures de jadis, etc.

Des preuves évidentes

Le vice-Professeur et Docteur Tông Trung Tin a mis l’accent sur les objets fossiles trouvés dans des grottes insulaires, notamment des coquilles et des os d’animaux que les experts ont rattaché à la culture de Dông Son. «L’économie de l’époque se basait essentiellement sur l’exploitation des produits de mer et des animaux de la forêt», précise-t-il. Par ailleurs, des pièces de monnaies d’époque romaine lui ont permis de conclure que des échanges commerciaux internationaux étaient déjà en place à cette époque reculée.

L’intervention du vice-Professeur et Docteur Nguyên Giang Hai, directeur de l’Institut d’archéologie du Vietnam, a montré que, depuis 1990, le Vietnam a découvert six épaves de navires de commerce étrangers aux larges des provinces de Vung Tàu, Kiên Giang, Cà Mau, Quang Nam et Binh Thuân. Le Docteur Trân Duc Anh a présenté une vieille carte intitulée «La carte du grand pays d’Annam», imprimée en 1838, qu’il a trouvée lors d’une mission de recherche dans plusieurs pays européens. «L’auteur écrit dans l’introduction qu’en 1816, le roi Gia Long a proclamé sa souveraineté sur l’archipel de Hoàng Sa (Paracel), qui était alors une région vacante, sans qu’aucune contestation, de la Chine notamment, ne lui soit adressée», affirme-t-il.

Pour le vice-Professeur et Docteur Nguyên Duy Thiêu, directeur adjoint du Musée d’Ethnographie du Vietnam: «La culture maritime du Vietnam se reflète aussi à travers les chants populaires, les maximes, les proverbes, les histoires, les procédés de pêche, transmis de génération en génération». Le Professeur Trân Lâm Biên a, quant à lui, souligné: «Les festivités des pêcheurs et leur tradition de culte aux génies de la mer, qui se pratiquent encore aujourd’hui, montrent que la culture maritime fait partie du patrimoine national». Selon le Professeur Ngô Duc Thinh, «le Vietnam a une culture maritime marquée par un lien étroit entre agriculture et pêche en mer. Il est indéniable que le Vietnam, avec sa très longue façade littorale, possède depuis toujours une culture maritime».

Cette affirmation qui a fait l’unanimité au séminaire a été suivie de discussions sur les mesures pour conserver et valoriser cette culture et ses vestiges millénaires.

L’important, ont jugé les experts, c’est de lier cette mission à la défense de la souveraineté territoriale en Mer Orientale.

Les districts insulaires du Vietnam

Outre les archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly), le Vietnam compte 2.773 îles totalisant 1.720.875 km², dont nombre sont habitées. Elles sont regroupées en douze districts insulaires. À savoir: Bach Long Vi et Cat Hai (ville de Hai Phong, au Nord), Vân Dôn et Cô Tô (province de Quang Ninh, au Nord), Côn Co (Quang Tri, au Centre), Hoàng Sa et Ly Son (Dà Nang, au Centre), Phu Quy (Binh Thuân, au Centre) Truong Sa (Khanh Hoà, au Centre), Côn Dao (Bà Ria - Vung Tàu, au Sud), Kiên Hai et Phu Quôc (Kiên Giang, au Sud).