La civilisation du fleuve Rouge

Nhân Dân en ligne - Le fleuve Rouge apporte des alluvions, fertilise les terres sur ses bords et crée toute une civilisation, une civilisation qui porte d’ailleurs son nom. La civilisation du fleuve Rouge, donc, qui historiquement a existé du début du deuxième millénaire avant JC jusqu’à la fin du 15e siècle, continue de marquer la culture vietnamienne, et notamment celle de Hanoï, la capitale.

Une partie du fleuve Rouge. Photo : VOV.
Une partie du fleuve Rouge. Photo : VOV.

Pour Lê Minh, chercheuse à l’Institut culturel et artistique national du Vietnam, le fleuve Rouge n’a rien à envier aux plus célèbres fleuves du monde.

« La riziculture inondée a joué un rôle prépondérant dans l’histoire humaine. Dans le monde, cette notion renvoie systématiquement aux deltas constitués par le Tigre et l’Euphrate au Moyen-Orient, le Gange en Inde ou le Nil en Égypte. Mais lorsqu’il s’agit de la naissance du riz, personne ne peut ni ne doit négliger les deltas situés au sud de la Chine, communément appelés aujourd’hui l’Asie du Sud-Est », fait-elle remarquer. « Le delta du fleuve Rouge du Vietnam est l’un des berceaux de la riziculture inondée ».

Ce fleuve laisse sur son passage des empreintes culturelles indélébiles, mais les plus remarquables sont sans doute celles que conserve encore Hanoï, jadis Thang Long, selon Lê Minh.

« Le fleuve Rouge n’est pas seulement le berceau de la riziculture inondée, il est aussi le berceau de la culture vietnamienne. C’est de ce fleuve que viennent le mode de vie sédentaire et la culture villageoise qui restent encore d’actualité au Vietnam », affirme la chercheuse. « Le long du fleuve, nous voyons de nombreux vestiges d’époques anciennes, des pagodes, des temples… dont les plus anciens sont le temple dédié aux deux sœurs Trung à Mê Linh, dans la province de Vinh Phuc et la citadelle en spirale de Cô Loa, qui a été construite au IIIe siècle. Mais si la citadelle de Cô Loa est la plus ancienne, la citadelle la plus connue liée au fleuve Rouge est Thang Long, l’actuelle Hanoï. Selon la légende, c’est en descendant de son bateau sur le fleuve Rouge que le roi Ly Công Uân a vu un dragon s’envoler, d’où le nom Thang Long qu’il a donné à cet endroit transformé depuis en capitale ».

La dénomination Hanoï signifie en vietnamien « la ville entre des cours d’eau ». Cette ville est en effet traversée par neufs cours d’eau: le fleuve Rouge, les rivières Noir, Duông, Cà Lô, Câu, Tô Lich, Nhuê, Day et Tich. Le fleuve Rouge sépare le centre-ville et la banlieue.

À Hanoï, la grande majorité des architectures culturelles et des villages de métier est située à côté ou à proximité d’un cours d’eau. C’est là que les gens vivent, produisent et créent des valeurs artistiques et culturelles qui perdurent jusqu’à nos jours. Nguyên Thi Trà, étudiante de l’Université culturelle de Hanoï, y tient beaucoup.

« Le fleuve Rouge est à mon avis un élément essentiel de la culture hanoienne. Bien que notre pays ait importé des pratiques culturelles de par le monde, l’identité culturelle née de la civilisation du fleuve Rouge perdure. Je crois qu’elle mérite d’être soignée et présentée au plus grand nombre, vietnamien et étranger », estime-t-elle.

Et c’est ainsi que le fleuve Rouge continue d’irriguer les champs, mais aussi l’âme des habitants vivant sur ses bords, en premier lieu les Hanoïens.