Un érudit français passionné par les peintures folkloriques vietnamiennes

Nhân Dân en ligne - Maurice Durand a publié son livre intitulé « L’imagerie populaire vietnamienne » en noir et blanc quand il avait 46 ans et ce livre a été réédité en couleur en 2011, 45 ans après sa mort.

Le tableau « Tich ngoc dôi kim ». Photo : NDEL.
Le tableau « Tich ngoc dôi kim ». Photo : NDEL.

Le savant Durand de l'École française d'Extrême-Orient était un expert en histoire, culture et art. Il a laissé derrière lui de nombreux excellents travaux scientifiques sur le Vietnam tels que « Sanctuaire et pratique du hau dong (médiumnité spirituelle) », « Introduction à la littérature vietnamienne », « Connaissance du Vietnam », « L'histoire de la période Tây Son » et « Histoires vietnamiennes en chữ nôm ».

En 2017, le livre « L’imagerie populaire vietnamienne » de Maurice Durand a été traduit en vietnamien et publié par l'École française d'Extrême-Orient et la Maison d'édition de la culture et des arts de Hô Chi Minh-Ville. Il a été chaleureusement accueilli et réédité en 2020. Maurice Durand était bon en vietnamien et sino-nom (anciens scripts vietnamiens) et avait une grande passion pour l'étude du Vietnam. Son père était le professeur Gustave Durand, un expert des scripts chinois et nôm. Sa mère était vietnamienne, Nguyên Thi Binh, originaire du district de Kiên An de la ville de Hai Phong.

Né en 1914 à Hanoï et ayant suivi ses études à l'Université de la Sorbonne en France, Durand est revenu au Vietnam pour travailler à l'École française d'Extrême-Orient à l'âge de 32 ans. Il a rapidement réalisé la beauté unique des peintures folkloriques vietnamiennes, il a voyagé autour de Hanoi et des provinces voisines pour les collectionner. Des universitaires français, tels que P.Levy et L. Bezacier, ainsi que des vietnamiens tels que Trân Van Giap et Trân Huy Ba l'ont aidé avec enthousiasme à les collectionner et les conserver à l'École française d'Extrême-Orient. À cette époque, les peintures folkloriques étaient très populaires. Sa collection est exposée à Hanoï en 1949 puis présentée à des amis internationaux au musée Guimet en France en 1960.

Dans l'introduction du livre, Durand a écrit : « L’imagerie populaire vietnamienne nous permet de tirer des conclusions sur le contexte culturel du peuple vietnamien ». Cette affirmation montrait qu’il avait étudié très attentivement les symboles des peintures tout au long des décodages de leurs significations. Les légendes en chữ nôm ont mis en évidence les aspirations du peuple vietnamien à la prospérité, l’esprit d'étude, de production, de religion et de vie spirituelle. Il a divisé les peintures en huit sujets, de la religion et de l'histoire aux salutations et aux enchantements. Durand a également étudié profondément la mentalité des habitants à la campagne, qui étaient à la fois acheteurs et producteurs de peintures. Il a étudié en détail les coutumes reflétées à travers les peintures et la sémantique des légendes en chữ nôm avec beaucoup de soin.

Grâce à son enquête à Hanoi en 1957, Durand s'est rendu compte que jusqu'à 300 000 peintures folkloriques sur papier do (papier fabriqué à partir de l'écorce interne de l'arbre do) et 2 000 ensembles de peintures sous divers thèmes (y compris les héros nationaux vietnamiens, la religion, les croyances et quatre écrans) se vendaient pendant le Têt. Ce nombre ne représentait que le sixième des peintures réalisées pendant la période 1940-1945. Ces peintures n'ont pas été conservées en raison des difficultés de conservation des peintures sur papier et de la mentalité de se débarasser de vieilles peintures pour en acheter de nouvelles pour le Têt. En outre, de nombreux villages où ils étaient fabriqués ont été inondés, de sorte que les peintures sur papier et les tablettes xylographiques ont été détruites.

Rare étranger qui aime tant le Vietnam ! Le livre « L’imagerie populaire vietnamienne » est un cadeau inestimable pour le patrimoine culturel du Vietnam et du monde. L'Académie des inscriptions et des lettres de France a décerné des prix pour ce travail. Durand est décédé en 1966, mais l’immense collection d'héritages culturels vietnamiens rassemblée par lui et son père a été conservée à l'Université de Yale aux États-Unis. Ils ont été mis dans 121 boîtes contenant de précieuses publications, traductions, photos, documents et films pour l'étude du Vietnam dans les temps anciens et contemporains qui n'avaient pas été étudiés de manière approfondie.

La collection de peintures de M. Durand est massive avec de nombreuses peintures anciennes de grande valeur qui ont été bien conservées jusqu'à présent. Leur attirance réside dans leur beauté rustique et leurs couleurs brillantes, a constaté M. Durand.