Des opportunités pour le Vietnam dans la vague de relocalisation de la production

Bien que les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE) connaissent une phase d’ajustement - marquée par une contraction et une exigence accrue en matière de qualité -, le Vietnam continue de s’affirmer comme une destination attractive dans le contexte de relocalisation de la production en Asie. 

Le Vietnam continue de s’affirmer comme une destination attractive dans le contexte de relocalisation de la production en Asie. Photo : baodautu.vn
Le Vietnam continue de s’affirmer comme une destination attractive dans le contexte de relocalisation de la production en Asie. Photo : baodautu.vn

C’est également la raison pour laquelle le pays a enregistré plus de 31,5 milliards de dollars d’IDE au cours des dix derniers mois.

Accélération des IDE : le Vietnam confirme sa position de destination attractive

En octobre 2025, de nombreux projets d’IDE, tant nouveaux que d’extension, ont reçu leur certificat d’investissement.

Parmi eux figurent le projet de construction du port fluvial de Song Chanh de la société Infra Asia Investment (Hong Kong, Chine), doté d’un capital enregistré de 149,5 millions de dollars à Quang Ninh ; le projet de production de circuits imprimés pour caméras de la société Saigon STEC (Japon), qui a augmenté son capital de 150 millions de dollars pour atteindre 450 millions de dollars à Ho Chi Minh-Ville ; ou encore le projet de restauration et de services alimentaires mobiles de la société Oryz Boutique (Malaisie), sous forme de rachat de parts, pour un total de 200 millions de dollars, également à Ho Chi Minh-Ville.

En l’absence de projets à plusieurs milliards de dollars, ce sont précisément ces projets de grande envergure qui ont contribué à porter le total des IDE enregistrés sur les dix premiers mois de l’année 2025 à 31,5 milliards de dollars, soit une hausse de 15,6 % sur un an.

Les décaissements ont également atteint un niveau record en cinq ans, totalisant 21,3 milliards de dollars, en progression de 8,8 %.

« Ces chiffres montrent que le Vietnam demeure une destination attrayante pour les investisseurs étrangers, qui continuent de faire confiance aux perspectives de croissance, à l’environnement des affaires et à la position économique du pays », a déclaré le ministre des Finances, Nguyen Van Thang, lors du Forum des entreprises du Vietnam (VBF) 2025.

Cette appréciation a été largement partagée par la communauté des investisseurs internationaux présents au VBF. Bruno Jaspaer, président de la Chambre de Commerce Européenne au Vietnam (EuroCham), a même décrit le Vietnam comme un exemple de transformation remarquable : d’une économie agricole connue pour son riz et son café, le pays est devenu un centre régional de production, de technologies et d’innovation.

Selon le rapport du Département des Investissements étrangers (ministère des Finances), l’industrie manufacturière et de transformation reste le secteur attirant le plus d’IDE. Sur les dix premiers mois, elle a reçu 18,2 milliards de dollars, soit 57,8 % du total, en hausse de 6,8 % par rapport à l’année précédente. Outre la quantité, la qualité des flux d’IDE s’améliore également, avec un afflux croissant de projets dans l’électronique, l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs.

Le Thi Hai Van, représentante de la promotion des investissements à Washington D.C., a ainsi cité les investissements d’Intel, Amkor, NVIDIA, Meta et Google comme exemples significatifs. « Les IDE au Vietnam évoluent d’une logique de quantité vers une logique de qualité. Les entreprises américaines privilégient les secteurs des semi-conducteurs, de l’IA, de l’énergie propre, des infrastructures économiques et de la santé », a-t-elle souligné.

Saisir la vague de relocalisation de la production

L’année 2025 reste marquée par l’impact des instabilités mondiales sur l’environnement des investissements étrangers.

D’après la CNUCED, les IDE mondiaux ont reculé de 11 % en 2024 et poursuivent leur baisse.

Outre les tensions géopolitiques et le ralentissement économique global, les politiques de « near-shoring » et de « friend-shoring » des pays du G7, destinées à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, incitent les investisseurs à la prudence, notamment dans les secteurs de haute technologie, de l’électronique et de l’énergie.

Cependant, les opportunités demeurent significatives pour le Vietnam. « Bien que les flux d’IDE mondiaux se resserrent et deviennent plus sélectifs, le Vietnam conserve un avantage dans la vague de relocalisation régionale, notamment dans des secteurs moteurs tels que les composants électroniques, les équipements médicaux et les énergies renouvelables », analyse le Département des Investissements étrangers.

L’organisme souligne toutefois que le Vietnam doit attirer non seulement des volumes importants, mais surtout des capitaux de haute qualité : technologies avancées, intégration dans les chaînes de valeur mondiales, renforcement des liens avec les entreprises locales et augmentation de la valeur ajoutée domestique.

« Les tensions commerciales et les réajustements des chaînes d’approvisionnement mondiales créent des opportunités majeures pour le Vietnam, mais imposent également des exigences élevées pour les secteurs de haute technologie », avertit également Le Thi Hai Van.

Lors des sessions de discussion au VBF, les investisseurs ont exprimé leurs préoccupations concernant les infrastructures - notamment énergétiques - ainsi que la qualité des ressources humaines, éléments clés pour développer les secteurs technologiques.

Ko Tae Yeon, président de l’Association des entreprises coréennes au Vietnam (Kocham), a indiqué que les entreprises rencontrent des difficultés à recruter aussi bien des travailleurs qualifiés que non qualifiés, en raison des fluctuations du marché de l’emploi. Le recrutement massif et peu contrôlé de certains acteurs perturbe le marché, tandis que de nombreux travailleurs qualifiés - formés à grands frais - peinent à rester durablement en poste.

« Il en résulte une baisse de productivité et des obstacles importants à l’expansion des investissements », explique-t-il, ajoutant que la révision de la loi sur les hautes technologies pourrait remettre en cause certaines incitations dont bénéficient actuellement les entreprises étrangères. Selon lui, cette évolution risque d’affaiblir l’attractivité du Vietnam pour les investisseurs internationaux.

Back to top