Le film sur les travailleurs indochinois à l’AN française

Nhân Dân en ligne - Le film documentaire «Riz amer - Les Indochinois en Camargue» du réalisateur Alain Lewkowicz a été projeté en avant-première le soir du 5 mai au siège de l’Assemblée nationale (AN) française à Paris.

Une stèle commémorative de 20.000 travailleurs civils vietnamiens réquisitionnés entre 1939 et 1952 en France. Photo: VNA.
Une stèle commémorative de 20.000 travailleurs civils vietnamiens réquisitionnés entre 1939 et 1952 en France. Photo: VNA.

Sa projection en ce lieu - symbole de République française, est une initiative du groupe parlementaire d’amitié France - Vietnam, sous le haut patronage de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale.

Le documentaire raconte les conditions de travail très dures des paysans vietnamiens dans les champs de riz de la Camargue, dans le delta du Rhône dans le Sud de la France, ainsi que l’oubli de cette dernière des contributions de ces hommes au développement de cette région. C’est une histoire tragique de l’époque de la France coloniale.

Prenant la parole avant la projection, Pascal Deghilhem, président du groupe d’amitié France - Vietnam, a estimé que l’Assemblée nationale française s’honore de présenter ce film qui concerne une question mémorielle entre la France et le Vietnam, afin d'entretenir l’amitié entre les deux pays comme entre les deux assemblées. Jean-Louis Roumégas, vice-président du Groupe d’Amitié France - Vietnam, a estimé que «cette histoire mérite réparation», et qu’à travers cette soirée, le groupe d’amitié voulait organiser une réparation contre l’oubli et l’injustice qui ont été faites à ces travailleurs.

Tiré du livre «Immigrés de force: les travailleurs indochinois en France (1939 - 1952) du journaliste français Pierre Daum, ce film porte sur le destin de 20.000 travailleurs indochinois dont la quasi-totalité sont des Vietnamiens envoyés en France en 1939 pour remplacer les Français mobilisés pour le front.

Après plusieurs jours de navigation dans des cales surpeuplées où ils étaient battus, mal nourris et terrassés par le mal de mer, à peine arrivés à Marseille, ils ont été placés au camp des Baumettes qui ressemblaient à des prisons. Ils ont été ensuite répartis en compagnies et envoyés dans différentes entreprises industrielles françaises, notamment dans les poudreries. Ils sont devenus ainsi «ouvriers non spécialisés - ONS» dans des usines publiques ou privées au service de la guerre.

Après la défaite le 22 juin 1940 de la France devant l’Allemagne nazie, ces usines ont été fermées. Cependant, les ONS n’ont pas pu être ramenés au Vietnam à cause de la guerre. Ils ont alors été envoyés au Sud de la France pour réaliser des travaux agricoles, forestiers et salins. Ils travaillaient dur et ne recevaient qu’un petit salaire qui ne représentait que l’équivalent d’un dixième de leurs homologues français. On peut dire qu’ils étaient des quasi-esclaves.

Dans cette aventure sous contrainte, une partie de ces hommes ont développé la culture du riz dans les zones près de Marseille comme la Camargue, transformant cette région en grenier à riz de la France. Cependant, leurs labeurs et leurs sacrifices n’ont pas été reconnus et sont tombés dans l’oubli après la guerre.

Lors du débat après la projection du film, nombreux sont les gens qui ont appelé les députés à agir pour la reconnaissance des droits de ces travailleurs de force.

Dans un entretien accordé à l’Agence vietnamienne d'Information (VNA), Pascal Deghilhem a appris que le groupe d’amitié France-Vietnam tente de travailler pour la reconnaissance de leurs droits, notamment leurs droits sociaux. «Il est important aujourd’hui, après la projection de ce film, que l’Assemblée nationale soit partie prenante de cette réhabilitation de leurs droits», a-t-il précisé. Cependant, il n’en reste que très peu de ces ONS qui soient encore en vie.

Le journaliste Pierre Daum a souligné qu’à travers son travail d’enquête, il poursuivait deux objectifs: un objectif de connaissance et un autre de reconnaissance. D’après lui, en France comme au Vietnam, peu de gens connaissent cette histoire de ces 20.000 Vietnamiens qui sont venus de force, opprimés par le colonialisme français, pendant la Seconde Guerre mondiale. «Avec mon livre et maintenant avec ce film, j’espère que de plus en plus de monde en France comme au Vietnam connaîtront cette histoire. En plus, en France, on a tendance à vouloir oublier la colonisation, oublier le mal que la France a fait aux peuples colonisés comme le peuple vietnamien et d’autres peuples.

Il est donc important qu’aujourd’hui, la société française connaisse et reconnaisse le mal qu’elle a fait à l’époque de la colonisation au peuple vietnamien», a-t-il dit.

Le documentaire a été produit par Valérie Montmartin de la société Pointe Sud avec le soutien de France Télévisions. Il sera projeté le 12 mai en avant-première dans la ville d’Arles, puis diffusé le 16 mai sur France 3 Languedoc Roussillon et le 18 mai sur France 3 national.