Grâce aux technologies, une nouvelle voie s’ouvre pour les fruits et les légumes vietnamiens

Nhân Dân en ligne – Un investissement massif dans les technologies de transformation et de conservation permettrait au Vietnam de trouver de nouveaux débouchés pour ses exportations de fruits et de légumes vietnamiennes.

Photo d'illustration : https://nhipcaudautu.vn/
Photo d'illustration : https://nhipcaudautu.vn/

Tout comme la Thaïlande, le Cambodge est un nouveau concurrent pour le Vietnam dans l’exportation de mangues et de fruits du dragon sur le marché mondial. Face à cette concurrence, les entreprises vietnamiennes investissent de plus en plus dans les technologies post-récolte.

La pression des accords de libre-échange

Auparavant, l’usine de transformation de Long Viet, dans la province de Tiên Giang, avait besoin chaque jour de 400 ouvriers pour trier, laver et conserver 200 tonnes de fruits du dragon. Aujourd’hui, avec l’aide des machines, elle n’a besoin que d’une centaine d’ouvriers pour le faire. Cet investissement revêt une grande importance, car il est de plus en plus difficile de recruter des ouvriers dans les milieux ruraux.

Dans la société Huong Buoi Miên Tây, dans la province de Bên Tre, les machines de lavage et de triage de pamplemousse et un entrepôt congelé d’une capacité de 1 000 tonnes permettent d’allonger le temps de conservation à quatre mois.

En même temps, grâce à des technologies de traitement thermique visant à éliminer les moisissures et les bactéries sur les fruits, de nombreuses entreprises peuvent maintenant expédier leurs produits par voie maritime, ce qui leur permet de réduire les couts de transport et de baisser le pourcentage de perte à 40 ou 50 %.

Chez le groupe Vina T&T, toujours dans la province de Bên Tre, les technologies permettent de porter le temps de conservation à 50 jours pour les litchis et les longanes, à 40 jours pour les fruits du dragon, à 70 jours pour les noix de coco et jusqu’à un an pour les durians congelés. Le groupe Kim Thanh a une usine de traitement de noix de coco d’une capacité de 25 millions de fruits par an et des technologies qui aident à porter le temps de conservation à 80 ou 90 jours.

Nguyên Van Phong, professeur et chef du Département de la post-récolte de l’Institut des fruits et des légumes du Sud, fait savoir : « Dans le delta du Mékong, les entreprises de transformation et d’exportation de fruits sont dynamiques dans l’application de technologies post-récolte. Ce sont des technologies importées en provenance de Chine, de Taïwan (Chine) et du Japon ».

Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, en mai, les exportations de fruits et de légumes du pays ont atteint 400 millions de dollars, soit une hausse de 48,3 % en glissement annuel. Au cours des cinq premiers mois de l’année, les exportations de fruits et de légumes ont atteint 1,77 milliard de dollars (+18 %). Durant des années, les produits agricoles vietnamiens n’étaient pas concurrentiels, malgré leur bonne qualité, car ils ne pouvaient pas répondre aux normes de traitement et de conservation des marchés étrangers.

Les exigences deviennent de plus en plus importantes depuis que le Vietnam a pris part à de nombreux accords de libre-échange de nouvelle génération. D’après Nguyên Dinh Tung, président du conseil d’administration du groupe Vina T&T : « Faute de technologies de récolte, de conservation et de transport, les fruits vietnamiens ne sont plus frais en arrivant dans les pays éloignés comme les pays européens et les États-Unis. Il est difficile de les vendre. Durant la pandémie, les consommateurs s’intéressent de plus en plus à leur santé. Les pays d’importation renforceront donc leurs barrières techniques. Même la Chine, un marché estimé accommodant, deviendra pointilleuse ».

Les jus de canne à sucre et de prunier de Cythère présents aux États-Unis

Dans le but de combler ces lacunes, la société de conservation de produits agricoles CASSA a investi pour construire un système d’entrepôts utilisant la technologie de l’atmosphère contrôlée. C’est le premier système de stockage automatique de ce genre au Vietnam. Dans ces entrepôts, on maintient les produits agricoles frais dans une ambiance d’atmosphères ULO (ultra low oxygen) contrôlée par un logiciel. L’entrée et la sortie de produits se font avec des robots.

Bien que la technologie sous atmosphère contrôlée soit plus couteuse, la proportion des produits dégradés (qui se vendront à prix réduit) a passé de 30 % ou 40 % à 2 % ou 10 %. Actuellement, de nombreux producteurs stockent leurs produits dans les entrepôts de la société CASSA.

Selon Nguyên Van Muoi, professeur de l’Université de Cân Tho, le gouvernement accorde de plus en plus d’importance aux recherches scientifiques. Il y a quelques mois, la société Vinamit a réussi à obtenir un brevet aux États-Unis pour sa technologie de lyophilisation après trois ans d’attente. Grâce à cette technologie, plusieurs produits courants du Vietnam, comme la poudre de jus de canne à sucre, la poudre de jus de prunier de Cythère et l’eau de coco lyophilisé, sont parvenus à entrer sur des marchés exigeants.

Nguyên Lâm Viên, directeur général de la société Vinamit, fait savoir que lui et ses collègues ont réussi à produire la poudre de jus de cannes à sucre et la poudre de légumes en utilisant la technologie de lyophilisation en 2018. Sa compagnie a tout de suite déposé une demande de brevet au Vietnam et aux États-Unis. 500 produits issus de fruits et de légumes ont vu le jour sur cette base.

Après le jus de canne à sucre, Vinamit a continué de présenter sur le marché une série de produits lyophilisés issus d’autres fruits et légumes vietnamiens. En affirmant que c’est une tendance de consommation du futur, Nguyên Lâm Viên dit : « Je veux faire de Vinamit une compagnie pionnière dans l’application des nouvelles technologies. Avec un esprit d’innovation et des démarches rationnelles, nous souhaitons contribuer à la promotion des produits vietnamiens sur le marché mondial ».