EVFTA : Les entreprises vietnamiennes saisiront les opportunités et feront face à des défis

Nhân Dân en ligne - Après six ans, le processus de négociation de l' Accord de libre-échange Vietnam-UE (EVFTA) s'est achevé et a ouvert de grandes possibilités pour les entreprises vietnamiennes voulant pénétrer un vaste marché de 508 millions d’habitants et un Produit intérieur brut (PIB) d’environ 18.000 milliards de dollars.

Photo d'illustration : VNA
Photo d'illustration : VNA

Considéré comme important et très significatif pour l’économie vietnamienne, une fois entré en vigueur, l’EVFTA rapportera 3,2 milliards de dollars au Vietnam d’ici 2020.

Levier de croissance

Juste avant la signature de l'EVFTA, l'Union européenne (UE) était le troisième plus important partenaire commercial et l'un des deux plus grands marchés d'exportation du Vietnam, avec des échanges commerciaux bilatéraux de l'ordre de 50,4 milliards de dollars en 2017.

Selon des experts, avec l'engagement de réduire 99% des taxes sur les marchandises selon des étapes concrètes, cet accord offre la possibilité d'accroître les exportations de produits vietnamiens ayant des avantages compétitifs tels que : vêtements, chaussures, produits agricoles, meubles ... Il s'agit du plus haut niveau d'engagement pour le Vietnam dans le cadre des accords de libre-échange négociés jusqu'à présent.

Trân Ngoc Quân, chef adjoint du Département chargé des Marchés d’Europe et des États-Unis au Ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, a estimé que l’EVFTA créera des opportunités importantes et un double avantage pour les entreprises vietnamiennes, notamment dans le contexte où les concurrents du Vietnam ne sont pas partis cet accord.

Selon le ministre vietnamien de l’Industrie et du Commerce Trân Tuân Anh, l’EVFTA est un accord de haute qualité, c’est pourquoi la réduction des taxes apportera des avantages considérables pour les entreprises, les secteurs et les produits du Vietnam.

Une fois entrée en vigueur, les taxes douanières sur de nombreux articles seront ramenées à 0%. Cela ouvrira l'opportunité pour les produits d’exportation du Vietnam, dont l'habillement et les chaussures, d'élargir leur marché.

Les experts ont déclaré que le Vietnam occupait toujours une position avantageuse car ses coûts de main-d'œuvre et de production étaient inférieurs à ceux des pays voisins.

Quant aux produits textiles, l’accord pourrait faire progresser de 1,54 milliard de dollars les exportations du secteur d'ici 2023 et de 5,82 milliards de dollars d'ici 2028.

Selon Vu Duc Giang, président de l'Association vietnamienne du textile et du vêtement (VITAS), l'objectif de 35 milliards de dollars d’exportation en 2018 est tout à fait réalisable.

Nguyên Duc Thuân, président de l'Association vietnamienne du cuir, de la chaussure et des sacs à main (LEFASO), a déclaré que lors de l'entrée en vigueur de l'EVFTA, un droit de douane de 0% s'appliquera sur environ 50 types de chaussures exportées vers l'Europe.

Les chaussures vietnamiennes bénéficieront d'une différence de taxe de 3,5 à 4,2% lorsqu'elles seront exportées vers l'UE, ce qui créera un énorme avantage concurrentiel vis-à-vis de la Chine, principal concurrent du Vietnam.

En même temps, le droit de douane de 0% s'appliquerait sur les sacs à main vietnamiens dans les 3 à 5 ans prochains. L'UE offre également des avantages unilatéraux pour un grand nombre de marchandises en provenance du Vietnam dans le cadre du système de préférences généralisées (SPG), ce qui aidera les sacs à main vietnamiens à devenir plus compétitifs que leurs concurrents chinois sur le marché de l'UE.

De nombreux producteurs de sacs à main étrangers ont délocalisé leurs activités de la Chine vers le Vietnam pour bénéficier de l'EVFTA, a déclaré Nguyên Duc Thuân.

Cependant, Nguyên Duc Thuân a également déclaré que le secteur était confronté à des difficultés en termes de sources de matières premières pour la production, ajoutant qu'il fallait prêter attention à la modernisation des chaînes de production, aidant ainsi le secteur à améliorer sa compétitivité sur les marchés régionaux et internationaux.

Selon le ministre Trân Tuân Anh, l’établissement de l’accord de libre-échange avec l’UE contribue au processus de création d’un environnement d’affaires et d’investissement plus ouvert, ce qui promouvra les investissements directs de l’UE et d’autres pays vers le Vietnam.

Avec 30,8 milliards de dollars d'IDE récoltés entre janvier et novembre 2018, l’environnement d’investissement et d’affaires du Vietnam s’améliorera considérablement grâce à l’EVFTA.

Actuellement, les investisseurs européens sont présents dans la plupart des secteurs économiques importants du Vietnam, se concentrant sur l’industrie manufacturière, de fabrication, de production, d’approvisionnement en électricité, gaz et eau, et l’industrie de hautes technologies.

En général, les investisseurs européens ont des avantages en termes de technologique et cela devrait rester une priorité pour l'UE. En fait, les investissements de l'UE ont contribué de manière positive à la création d'un certain nombre de nouveaux domaines et produits de haute technologie au Vietnam.

En particulier, l’UE est un partenaire de coopération intégrale avec le Vietnam vers le développement durable. C’est pourquoi, les deux parties disposent de grandes possibilités dans le transfert de technologies, la coopération dans la formation pour améliorer la qualité des ressources humaines et les compétences institutionnelles. C’est une bonne opportunité pour le Vietnam de s'intégrer davantage à l'économie mondiale.

Avec beaucoup de pression

Comme pour les autres accords de libre-échange, à côté des avantages, les entreprises domestiques devront faire face à certains défis.

Le ministre vietnamien du Commerce et de l'Industrie, Trân Tuân Anh, a déclaré qu'outre les avantages évidents, l'EVFTA présente des défis auxquels les entreprises devront faire face.

Le Vietnam devra également s'engager à ouvrir ses marchés pour l'UE, créant ainsi une pression concurrentielle sur l’économie, les entreprises, le prix des marchandises et des services. « Cependant, c’est une compétition saine, de manière sélective et conforme à la feuille de route appropriée », a déclaré le ministre Trân Tuân Anh.

L'EVFTA comprend également des règles et réglementations strictes concernant les formalités d'investissement, les douanes, la facilitation des échanges commerciaux, les normes techniques, les mesures de mise en quarantaine des animaux et végétaux, la propriété intellectuelle et l’achat gouvernemental, le développement durable, etc. La mise en œuvre complète de ces réglementations nécessite une réforme du système juridique du Vietnam.

Les entreprises exportant des marchandises vers l’UE devront certifier l’origine de celle-ci pour bénéficier du SPG.

Vu Duc Giang, président de VITAS, a également évoqué certaines des difficultés rencontrées par les entreprises textiles vietnamiennes, qui doivent importer un grand volume de matières premières en provenance de nombreux pays. Chaque année, ce secteur utilise environ 820.000 tonnes de matériaux, dont environ 70% importés de Chine.

Vu Duc Giang a ajouté que les réglementations sur l'origine sont l'exigence la plus importante de l'EVFTA. En conséquence, les exportateurs vietnamiens de textiles et de vêtements doivent veiller à ce que leurs produits soient fabriqués à partir de matériaux d'origine nationale ou venant de pays ayant signé des accords commerciaux bilatéraux avec l'UE. Si le Vietnam respecte les réglementations, son industrie du textile et du vêtement sera probablement plus forte dans l'avenir.

Lors du forum d’affaires Vietnam-UE tenu en octobre dernier en Belgique, le Premier ministre vietnamien Nguyên Xuân Phuc a souligné : « On peut s’attendre à ce que l’EVFTA permette aux entreprises des deux parties de valoriser leurs grands potentiels de coopération. Le gouvernement vietnamien s’engage à faciliter les relations entre entreprises, à créer de nouvelles merveilles en matière de coopération et de réussite au profit des entreprises et des citoyens. La participation à l’EVFTA ouvrira de nombreuses opportunités, les saisir ou non dépend des entreprises. »