8G, une nouvelle stratégie pour le delta du Mékong

Nhân Dân en ligne – Le delta du Mékong, plus grand centre de production agricole du Vietnam, est extrêmement menacé par le changement climatique. Face à cette situation, le gouvernement a lancé une nouvelle stratégie pour son développement durable, qui donne la priorité à un plan d’action dénommé « 8G ».

Le delta du Mékong est une région verdoyante et paisible.
Le delta du Mékong est une région verdoyante et paisible.

D’une superficie totale de 3,94 millions d’hectares, le delta du Mékong est l’une des régions les plus fertiles du pays. Il a un rôle important pour l’économie nationale, en contribuant pour 18% au Produit intérieur brut (PIB). Il représente 50% de la production de riz du pays, 95% du volume de riz destiné à l’exportation, 65% de la production aquacole, 70% de la production de fruits du pays. Cependant, c’est aussi l’un des quatre deltas du monde les plus vulnérables au changement climatique.

Chiffres alarmants

D’ici 2100, la montée des eaux pourrait inonder 40% du delta et mettre en péril les moyens de subsistance de 55% de ses habitants, avec des répercussions graves sur la sécurité alimentaire nationale mais aussi mondiale, ont averti des experts.

Le delta du Mékong est l’une des régions les plus vulnérables au changement climatique du monde.

Lors de la 3e conférence sur le développement résilient au changement climatique et durable du delta du Mékong organisée mi-mars dans la ville de Cân Tho, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a exhorté les participants à continuer d’identifier les défis causés par le changement climatique et à mettre en œuvre des projets prioritaires.

Selon Caitlin Wiesen, représentante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Vietnam, le delta du Mékong, où vivent 17 millions de personnes, soit 20% de la population nationale, est la région agricole la plus importante du Vietnam. Cette zone est vitale pour la sécurité alimentaire nationale et des pays voisins. Cependant, elle est confrontée à des menaces réelles, notamment l’élévation du niveau des eaux, l’érosion côtière, les affaissements de terrain et la sécheresse.

Des études montrent que certaines zones de la côte s’érodent déjà à un rythme de plus de 30 m par an. En 2016, la région a connu sa pire sécheresse en 90 ans qui, associée à l’élévation du niveau de la mer, a entraîné une forte intrusion d’eau salée dans les zones rizicoles.

Les mangroves, qui protègent l’arrière-pays des inondations et des tempêtes, sont également en déclin dramatique.

Tous ces problèmes menacent la capacité de la région à fournir des services écosystémiques essentiels dont dépendent les communautés du delta et des millions de personnes.

Missions prioritaires

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Le delta du Mékong a un rôle important pour l’économie nationale, en contribuant pour 18% au Produit intérieur brut (PIB).

« Dans le contexte de changement climatique, la mise en œuvre d’une nouvelle approche stratégique pour s’adapter à ce défi mondial est absolument nécessaire », a insisté le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc. Cette stratégie devrait profiter des avantages et rôles des rivières pour développer une économie basée sur l’agriculture, la riziculture, l’arboriculture et l’aquaculture, et perfectionner un système de transport complet et des services logistiques adaptés.

Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a aussi souligné que la qualité de la main-d’œuvre et les actions de chaque ministère et localité seront des facteurs décisifs pour un développement durable et résilient au climat de la région.

Le chef du gouvernement a donc mentionné la stratégie « 8G » sur le développement du delta du Mékong.

Selon lui, le premier « G » est « Giao thông » (trafic), précisant que les ressources doivent être priorisées pour développer le réseau de transport afin de faciliter les déplacements et les activités économiques.

Le deuxième est « Giáo dục », c’est-à-dire l’éducation, qu’il a décrite comme la « clé d’or » du développement durable.

« +Giang+, le troisième G, signifie rivières », a-t-il noté, ajoutant que les stratégies de développement devraient utiliser les rivières locales pour promouvoir l’agriculture et l’aquaculture ainsi que le trafic fluvial et la logistique.

Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a également souligné la nécessité de « Gắn » (littéralement : connexion), ce qui signifie lier les agences centrales avec les localités, les habitants avec les entreprises, les entreprises domestiques avec les organisations internationales, et en particulier la connectivité intrarégionale entre les 13 villes et provinces du delta.

Le cinquième « G » est « Giàu » (riche). Il faut dérouler le tapis rouge aux hommes fortunés et entreprises prometteuses pour le développement du delta du Mékong. Pour avoir des ressources de développement, il est nécessaire de construire « un nid pour accueillir l’aigle ». Pour ce faire, il est important d’améliorer l’environnement de l’investissement et des affaires, de réformer les procédures administratives et de renforcer la compétitivité de l’économie et de chaque localité.

Dans ses remarques, le chef du gouvernement a également recommandé que les localités attirent les gens et entreprises « Giỏi » (compétents) qui contribueront au développement local.

En outre, « Già » (vieillissement) est désormais un défi pour le delta du Mékong, où la vitesse du vieillissement de la population est plus rapide que la moyenne nationale, a ajouté Nguyên Xuân Phuc, demandant des politiques proactives sur cette question, notamment en termes de protection sociale pour les personnes âgées et défavorisées.

Le dernier « G » est « Giới » (genre). Il faut renforcer l’égalité des sexes, favoriser l’accès des femmes aux opportunités d’emploi et faire jouer pleinement leur rôle.

Le chef du gouvernement a demandé aux ministères, secteurs et localités du delta de créer un environnement des affaires plus propice aux entreprises, de promouvoir le développement harmonieux des marchés clés, d’accélérer la transformation du foncier selon les besoins et objectifs d’utilisation des terrains face aux aléas de la nature.

Il a également appelé à construire des écosystèmes de production, à faciliter la circulation des marchandises, à créer des chaînes de connexion et des modèles de développement selon les groupes et secteurs, à investir davantage dans les sciences et technologies, à développer le marché des capitaux.

Il a invité les localités de la région à introduire les dépenses d’adaptation au changement climatique dans leur budget annuel, à renforcer leurs liens avec Hô Chi Minh-Ville, à développer les zones urbaines et à mettre à profit la coopération et les aides internationales au service de la croissance de la région.