Les crédits carbone forestiers, une opportunité pour les collectivités locales vietnamiennes

Nhân Dân en ligne – L’exportation des crédits carbone forestiers permettra au Vietnam de gagner des centaines de millions de dollars chaque année. Cette somme sera utilisée pour protéger les forêts et développer les moyens de subsistance de la population.

Photo d'illustration : https://nld.com.vn/
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Récemment, le Bureau du gouvernement vietnamien a discuté avec le ministère de l’Environnement et du Développement rural et le Comité populaire de la province de Quang Nam sur la mise en œuvre, à titre expérimental, d’un projet de vente de crédits carbone forestiers à Quang Nam de 2021 à 2025.

Des bénéfices socioéconomiques et environnementaux

Le marché du carbone est un mécanisme qui permet d’échanger des droits d’émission de gaz à effet de serre (GES). Des quotas d’émission sont fixés pour chaque pays et ceux qui n’ont pas utilisé toutes leurs émissions peuvent vendre leur excédent aux pays qui dépassent leurs quotas. Un crédit carbone (ou URCE pour « unité de réduction certifiée des émissions ») correspond à l’émission d’une tonne d’équivalent de dioxyde de carbone, mise sur le marché du carbone.

Le Comité populaire de la province de Quang Nam envisage l’exportation de 5,2 millions de crédits carbone durant la période expérimentale (2021-2025). En 2021, la province a l’intention de vendre 1,2 million de tonnes de CO2, équivalent à 1,2 million de crédits carbone des trois années 2018, 2019 et 2020 (soit 400 000 tonnes par an). Après cette phase à titre expérimental, à partir de 2026, la province vendra chaque année 1,2 million de tonnes de CO2.

Avec un prix minimum de 5 dollars la tonne de CO2, il est probable que le projet rapportera à Quang Nam un profit de 110 à 130 milliards de dôngs par an. Cette somme est plus élevée que les recettes engendrées par les services forestiers (100 milliards de dôngs par an) et est 2 à 2,5 fois plus élevée que le budget alloué à la sylviculture.

Le projet permettra à Quang Nam de sauvegarder ses 466 113 hectares de forêts naturelles et d’augmenter de 20 % la superficie forestière totale pendant dix ans de 2021 à 2030. Les autres objectifs sont de faire croître la couverture forestière à 61 % vers 2025, de planter 50 864 hectares de forêts vers 2030 et de supprimer 14,17 millions de tonnes de CO2 grâce à l’absorption par les forêts.

De plus, les autorités de Quang Nam souhaitent que le projet bénéficie aussi à la population (emplois créés dans les filières bois, diversification des sources de revenus et lutte contre la pauvreté) et à l’environnement (lutte contre l’érosion, protection des ressources hydriques et protection de la biodiversité).

Hô Quang Buu, vice-président du Comité populaire de Quang Nam, annonce : « C’est un grand honneur pour notre province d’être choisie comme la première localité du pays à réaliser ce type de projet. Les profits engendrés seront utilisés pour gérer, protéger et développer les forêts. Nous appliquerons des mécanismes favorisant la participation de la population à la protection des forêts et au stockage du carbone ».

« Il est l’heure d’améliorer la qualité de nos forêts et de promouvoir l’économie forestière », déclare Lê Tri Thanh, président du Comité populaire de Quang Nam.

Se préparer pour de nouvelles opportunités

Ce projet de la province de Quang Nam sera réalisé selon le mécanisme REDD+ (réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation forestière), un mécanisme créé lors de la Conférence des Parties UNFCCC, pour inciter économiquement les grands pays forestiers tropicaux à éviter la déforestation et la dégradation des forêts. Les projets REDD+ s’inscrivent dans une logique de rémunération de la performance en vendant des crédits carbone, principalement sur le marché volontaire.

Des projets de ce genre ont été déployés dans de nombreux pays tels que le Brésil, la Colombie, l’Équateur, l’Indonésie et le Cambodge et ont créé des avantages financiers importants tout en protégeant les forêts et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Les règlements régissant les échanges de crédits carbone font partie de certains textes juridiques promulgués par le gouvernement et les ministères concernés. Or, il n’y a pas encore de projets d’échanges de crédits carbone REDD+ entre les organisations vietnamiennes et les entreprises étrangères sur le marché volontaire. Dans ce contexte, Quang Nam sera un bon exemple à suivre pour les autres villes et provinces.

Le chef adjoint du Département général de la Sylviculture (relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural), Pham Van Diên, pense que le Vietnam possède un fort potentiel sur les marchés de crédits carbone. Il indique cependant que le pays ne possède pas de cadre juridique complet sur les échanges de crédits carbone.

Le chef adjoint du Département du Changement climatique (relevant du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), Nguyên Tuân Quang, fait savoir que le Vietnam perfectionnera sa réglementation sur ce sujet d’ici 2025.

Actuellement, le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement est en train d’élaborer un décret sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection de la couche d’ozone. Ce décret abordera l’organisation et le développement du marché du carbone national.

D’après Nguyên Quôc Tri, chef du Département général de la Sylviculture, ce texte entrera en vigueur le 1er janvier 2022, en même temps que la Loi sur la protection de l’environnement de 2020,

Chaque année, le Vietnam sera capable de vendre sur le marché mondial 57 millions de crédits carbone. Au prix de 5 dollars le crédit, le Vietnam pourra gagner des centaines de millions de dollars par an.

Selon le Comité populaire de la province de Quang Nam, cinq entreprises étrangères veulent acheter des crédits carbone REDD+.