L’histoire de Kiêu, une encyclopédie de la littérature vietnamienne

Nhân Dân en ligne - Un séminaire international sur la traduction et la réception de l’histoire de Kiêu en France et en Francophonie a eu lieu le 21 novembre à l’Université de langues et d’études internationales, relevant de l’Université de Hanoi.

Ngô Tu Lâp, directeur de l’IFI prend un discours pour l’ouverture du séminaire. Photo : Tùng Chi/NDEL
Ngô Tu Lâp, directeur de l’IFI prend un discours pour l’ouverture du séminaire. Photo : Tùng Chi/NDEL

Cet événement a été organisé par l’Institut Francophone Internationale (IFI) en coordination avec le Département de la langue et de la civilisation françaises de l’Université de langues et d’études internationales, relevant de l’Université de Hanoi.

Ce séminaire fait partie d’une série d’activités organisées en 2018 par l’IFI qui ambitionne, outre les tâches principales d’un centre international de formation et de recherches interdisciplinaires, d’importer la culture internationale au Vietnam et d’exporter la valeur de la culture vietnamienne dans le monde entier, a souligné lors de l’ouverture du séminaire, Ngô Tu Lâp, directeur de l’IFI.

Ce séminaire a pour but d’apporter aux étudiants, aux chercheurs en sciences humaines et sociales en général et à ceux qui s'intéressent au domaine de la recherche en traduction en particulier, l'occasion de se rencontrer et d'échanger à travers les valeurs culturelles classiques, y compris l’histoire de Kiêu.

Lors du séminaire, les intervenants ont apprécié la valeur inestimable de l’histoire de Kiêu dans la vie spirituelle des Vietnamiens depuis des siècles.

Le Kim Vân Kiêu ou Truyên Kiêu en vietnamien, l’histoire de Kiêu est considéré par les Vietnamiens non seulement comme un chef d’œuvre de leur littérature, mais encore comme un miroir de l’âme vietnamienne. Cette œuvre phare a été le sujet d’innombrables études et figure en première place au programme des collèges et lycéens au Vietnam, a fait savoir Alain Guillemin.

Alain Guillemin, chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique de la France. Il est l'un des rares érudits du monde à avoir consacré sa vie à l'étude de la littérature vietnamienne, notamment à la traduction en français de l’histoire de Kiêu.

Truyên Kiêu a été traduit en de nombreuses langues, notamment en anglais (5 traduction différentes), en allemand, en arabe (à partir d’une traduction française), en bulgare, en chinois, en coréen, en esperanto, en grec, en français, en hongrois, en italien, en japonais, en roumain, en russe, en slovaque, en suédois.

En effet, les valeurs portées par des chefs d’œuvre comme l’histoire de Kiêu ont une double action, « diffusées dans la société où elles ont pris naissance, elles deviennent des facteurs de prise de conscience, de dynamisme et de transformations sociales ; une fois posées, leur validité ne se limite pas à une époque ou à une société donnée, a souligné Alain Guillemin

Lors du séminaire, Alain Guillemin a passé en bref les commentaires sur dix traductions intégrales en français de l’histoire de Kiêu, la 1ère en 1884 et la dernière en 1999.

Des autres intervenants ont souligné la nécessité de la diffusion de l’histoire de Kiêu dans le monde entier via les programmes dans les écoles, car à l’étranger, l’histoire de Kiêu n’est connue que par les chercheurs, pas encore par la majorité de la population.

L’Artisane Émérite Nguyên Hông Oanh déclame des vers de l’histoire de Kiêu. Photo : Tùng Chi

Le séminaire attire un bon nombre de chercheurs étrangers et vietnamiens qui s’intéressent à l’histoire de Kiêu. Photo : Tùng Chi

Ngô Tu Lâp, directeur de l’IFI (1er à gauche) exprime son remerciement aux intervenants. Photo : Tùng Chi

Voici nous vous présentons un extrait d’une traduction en français de l’histoire de Kiêu :

Devant le pavillon Lipide azur emmurant son printemps,
Elle voyait les montagnes lointaines que franchissait sa nostalgie,
la lune proche qui partageait sa solitude.
Alentour, le regard s’entendait à perte de vue,
Ici sur le sable doré des dunes, là sur le poudroitement des chemins.
Nuages de l’aube, lampe du soir la remplissaient de confusion
Sentiments et paysages ses partageaient également son cœur.
Ô souvenir ! Celui qui naguère sous la lune avait vidé avec elle la coupe du serment,
Jours après jour, ne devait-il pas attendre de ses nouvelles, toujours en vain ?
En ce rivage perdu, sous ces cieux lointains, la voici abandonnée sans défense.
Mais son cœur fidèle, rien ne pourrait-il jamais en décolorer le cinabre vermeil ?
Celle qui, matin et soir demeure appuyée au chambranle de la porte,
Qui à présent s’occupe de l’éventer en été, de la couvrir en hiver?
De la cour paternelle, la voici absente depuis bien des soleils et des pluies.

Trước lầu Ngưng Bích khoá xuân
Vẻ non xa tấm trăng gần ở chung
Bốn bề bát ngát xa trông
Cát vàng cồn nọ bụi hồng dặm kia
Bẽ bàng mây sớm đèn khuya
Nửa tình nửa cảnh như chia tấm lòng
Tưởng người dưới nguyệt chén đồng
Tin sương luống những rày trong mai chờ
Bên trời góc bể bơ vơ
Tấm son gột rửa bao giờ cho phai
Xót người tựa cửa hôm mai
Quạt nồng ấp lạnh những ai đó giờ
Sân Lai cách mấy nắng mưa
Có khi gốc tử đã vừa người ôm.