Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la politique monétaire

Dans le contexte où l’économie mondiale doit faire face à de nombreux risques, la gestion flexible du taux de change par le gouvernement a contribué au développement de l’économie vietnamienne pour que le Vietnam puisse s’adapter aux fluctuations du marché mondial et stabiliser sa macroéconomie.
Photo: NDEL
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Taux et taux d’intérêt - des choix difficiles

La mise en œuvre de la politique monétaire en 2022 a rencontré de nombreuses difficultés.

Selon Truong Van Phuoc, ancien président par intérim de la Commission nationale de surveillance financière, après la pandémie de Covid-19, la plupart des pays étaient convaincus que les difficultés seraient peu à peu résolues.

Par exemple, que les chaînes d’approvisionnement seraient, de nouveau, interconnectées et que des solutions efficaces grâce à des enveloppes financières et monétaires afin d’aider les gens et les entreprises pendant la pandémie.

Cependant, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a éclaté fin février 2022, a changé le panorama du marché mondial.

Les sanctions que les dirigeants américains et européens ont prises afin d’augmenter la pression sur la Russie et le fait que la Russie a continué d’allonger la liste des pays qui ne recevraient plus de gaz russe ont créé une crise énergétique, aggravant la rupture de chaînes d’approvisionnement et l’inflation dans la plupart des pays du monde.

Dans ce contexte, la plupart des pays ont réagi par l’augmentation rapide des taux d’intérêt.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a régulièrement augmenté les taux d’intérêt sur le dollar américain, portant le taux d’intérêt sur les prêts aux États-Unis à 4,5 %.

« L’augmentation du taux d’intérêt du dollar américain a fait augmenter le taux de change du dollar américain, parfois jusqu’à 15 %. Le résultat est que les devises des pays du monde entier se déprécient fortement, même si ceux-ci augmentent leur taux d’intérêt aussi rapidement que les États-Unis », a déclaré Tran Van Phuoc.

Dans ce contexte, la politique monétaire du Vietnam doit faire face à un « triangle impossible », que sont les relations entre la politique de taux d’intérêt, la politique de taux de change et le flux de capitaux étrangers.

Pour garantir les flux de capitaux au Vietnam, le gouvernement a deux options : stabiliser les taux d’intérêt ou stabiliser les taux de change.

« La Banque d’État du Vietnam ne peut pas accomplir ces deux tâches en même temps. C’est le choix le plus difficile de la politique monétaire. », a déclaré le docteur Vu Dinh Anh.

Si le gouvernement choisit la stabilisation du taux d’intérêt, il est nécessaire d’augmenter le taux d’intérêt en dong pour éviter que la différence des taux d’intérêt fasse sortir les capitaux du Vietnam et diminue les capitaux directs étrangers.

Si le gouvernement choisit la stabilisation du taux de change, si les États-Unis augmentent leurs taux d’intérêt, la valeur du dollar américain augmentera, provoquant une dépréciation de la plupart des autres devises par rapport à cette monnaie, ce qui créera une dépréciation du dong vietnamien.

« Dans le cas où la monnaie vietnamienne ne se déprécierait pas, la compétitivité de l’exportation du Vietnam en serait affectée. Cela influera sur l’économie, car les exportations jouent un rôle important dans la croissance économique. En outre, afin de maintenir la stabilité du taux de change, la Banque d’État devra certainement perdre une grande quantité de réserves de devises étrangères. », a indiqué Vu Dinh Anh.

La stabilité du taux de change contribue à la stabilité macroéconomique

En se basant sur le contexte économique du Vietnam, le gouvernement vietnamien a pris la décision de stabiliser le taux de change.

Le 4 juillet 2022, le Bureau des transactions de la Banque d’État a ajusté le prix de vente du dollar américain de 23 250 dongs à 23 400 dongs, 53 jours seulement après avoir augmenté le prix de vente de cette monnaie de 200 dongs.

Au lieu d’appliquer un délai de 3 mois, il a permis de vendre des dollars immédiatement, afin de répondre à la demande de devises sur le marché.

Le 18 juillet, le taux de change du dollar américain et du dong coté par la Banque d’État du Vietnam a augmenté de 20 dongs, atteignant 23 245 dongs, marquant ainsi la plus haute augmentation de ces dernières années. Il avait déjà augmenté jusqu’à 135 dongs au cours des 15 premiers jours du juillet, ce qui a également entraîné une augmentation du prix des transactions des banques commerciales de 180 à 200 dongs au cours des premières semaines de ce mois.

Depuis fin août, le taux de change du dollar américain vis-à-vis à dongs a fortement augmenté en raison de la demande du marché.

Certains jours les banques devaient réajuster les taux de change toutes les heures.

Afin de stabiliser le marché, la Banque d’État a, à son tour, ajusté le taux d’intérêt opérationnel, le taux de change central et les bandes de fluctuation du taux de change.

Le 22 septembre, la Banque d’État a augmenté les taux d’intérêt opérationnels, y compris le plafond des dépôts, les taux d’intérêt de réescompte et les taux de refinancement pour la première fois après deux ans. Mais cette décision ne s’est pas révélée efficace.

À la mi-octobre, la bande de taux de change au comptant entre le dong et le dollar américain a été élargie de 3 % à 5 %.

Dans le même temps, le prix de vente du dollar américain aux banques a également été ajusté pour la troisième fois en un mois.

Cependant, le taux de change a continué d’augmenter. Sur le marché officiel, les banques ont effectué des transactions en appliquant la bande de fluctuation du taux de change la moins large.

Sur le marché libre, pour la première fois, un dollar américain a été vendu à 25 000 dongs.

À ce moment-là, le gouvernement a mis en œuvre la politique de taux d’intérêt. La Banque d’État a continué d’augmenter le taux d’intérêt opérationnel fin octobre, soit un mois après le premier ajustement des taux d’intérêt.

Dans le même temps, elle a augmenté le plafond des dépôts à moins de 6 mois de 5 % à 6 %.

Ces solutions, selon le sous-gouverneur de la Banque d’État du Vietnam, Dao Minh Tu, sont des solutions temporaires et conformes à la tendance générale du monde ainsi qu’aux faits pratiques actuels du Vietnam.

« L’objectif est de donner la priorité à la maîtrise de l’inflation, au maintien de la stabilité du taux de change, à la création d’une marge pour s’adapter aux fluctuations du marché, à la contribution à la stabilisation de la macroéconomie et à la garantie de la sécurité du système », a-t-il souligné.

La décision rigoureuse de la Banque d’État a permis de contrôler le taux de change. De plus, la valeur du dollar américain sur le marché mondial a également baissé, réduisant ainsi la pression sur le marché.

De ce fait, le taux de change a rapidement baissé en novembre et décembre. À la fin de la séance du 28 décembre, le prix d’achat du dollar américain de la Vietcombank était tombé à 23 400 dongs et celui de vente à 23 750 dongs, soit une augmentation de 3,6 % par rapport à fin 2021 et une baisse d’environ 4,5 % par rapport à la fin octobre 2022.

En conclusion, Dao Minh Tu a déclaré que le maintien de la stabilité du taux de change était l’une des tâches les plus difficiles ces derniers temps, car « si nous ne pouvons pas maintenir le taux de change, nous perdrons beaucoup de choses ».

« Grâce à ces nombreux efforts, le dong vietnamien n’a diminué que d’environ 3,81 % par rapport au début de l’année, ce taux de dévaluation est inférieur à celui de nombreux pays. Les opérations sur le marché des changes sont fondamentalement fluides, les besoins légaux en devises sont couverts par les établissements de crédit. La Banque d’État peut acheter des devises étrangères pour augmenter les réserves de change », a-t-il déclaré.