L’introduction touristique du "don ca tài tu" et sa préservation, une préoccupation

Nhân Dân en ligne - Cela fait plusieurs années que de nombreuses agences de voyage ont présenté l’art du "don ca tài tu" (chant des amateurs du Sud) dans les circuits proposés aux touristes, notamment aux étrangers. Son introduction permet non seulement de promouvoir ce chant mais soulève également la question de la préservation de ce patrimoine culturel.

Des touristes apprécient le "don ca tài tu" dans l'ancienne maison de Cai Cuong, commune de Binh Hoa Phuoc, district de Long Hô, province de Vinh Long. Photo: CVN.
Des touristes apprécient le "don ca tài tu" dans l'ancienne maison de Cai Cuong, commune de Binh Hoa Phuoc, district de Long Hô, province de Vinh Long. Photo: CVN.

En se rendant dans la province de Tiên Giang (au Sud), les touristes ont l’opportunité de visiter les jardins fruitiers de la région ainsi que de découvrir l’art du "don ca tài tu". Il s’agit d’un art musical faisant écho au mode de vie et au travail dans les champs et les rizières des habitants du Sud du Vietnam. Les chanteurs et les musiciens expriment leurs émotions et leurs sentiments en enrichissant leurs structures mélodiques au moyen d’improvisations. Les principaux motifs rythmiques de cet art reposent sur vingt chansons principales et soixante-douze chansons dites classiques. Le "don ca tài tu" a été récemment reconnu par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture) comme patrimoine culturel immatériel.

Préserver un art authentique et original

La présentation de cet art aux touristes étrangers lors des circuits a pour but de divertir ces derniers mais également de les exposer à cet art authentique et original.

Certaines personnes font part de leur déception quant à l’emplacement où ont lieu les représentations du "don ca tài tu". En effet, ces dernières se déroulent généralement dans des lieux dits de repos. La durée des spectacles y est trop courte, les spectateurs n’ont donc pas la chance de pouvoir pleinement saisir la signification et le charme particulier de cet art. Sans parler de l’immense travail fourni par les artistes pendant chaque représentation.

Une représentation de "don ca tài tu" lors du Festival de cet art. Photo: CVN.

Étant donné que ce chant a tendance à s’étioler, l’introduction du "don ca tài tu" aux touristes est l’occasion idéale pour ses artistes et ses troupes d’inculquer un second souffle à cet art musical qui, en raison de l’évolution de la culture actuelle, se voit menacé d’être modifié, voire éteint.

Selon la stratégie de développement du tourisme des autorités vietnamiennes jusqu’en 2020, vision 2030, le développement durable du tourisme doit aller de paire avec la préservation et la mise en valeur des valeurs culturelles du pays. De plus, il faudrait mettre en avant les produits et attraits touristiques typiques de chaque région.

Ainsi, le "don ca tài tu" représente un attrait touristique typique de la région du Sud du pays. Mais il faut garder à l’esprit que la diffusion et la potentielle commercialisation de cet art risquent de dénaturer ses caractéristiques.

«Je suis déçu de savoir que les représentations de "don ca tài tu" ont lieu dans des petits restaurants où les touristes vont et viennent pour s’alimenter et se reposer. Autrefois, cet art était interprété au sein des familles, dans les communautés, dans des salles de spectacles ou en plein air. Il est donc nécessaire de transmettre aux touristes les valeurs culturelles et historiques de cet art afin de permettre à tous d’être en mesure d’apprécier et de saisir «l’âme» de ce chant traditionnel», conclut Tô Ngoc Thanh, professeur doctorant et président de l’association des lettres et des arts folkloriques du Vietnam.