Covid-19 : l’Agence universitaire de la Francophonie solidaire du Vietnam

Nhân Dân en ligne - Présente au Vietnam depuis une trentaine d’années, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ne cesse de veiller au développement de l’éducation du pays. Ces derniers temps, elle y a aussi contribué à la lutte anti-COVID, via une diversité de projets déployés sur le terrain. Entretien avec le Prof. Jean-Marc Lavest, directeur Asie-Pacifique de l’AUF.

Le Prof. Jean-Marc Lavest (à droite), directeur Asie-Pacifique de l'AUF, lors de la cérémonie de remise de civières médicales de l'Institut polytechnique de Hanoï à l'hôpital Bach Mai en octobre 2020, dans le cadre du projet COVID-19 de l’AUF mis en place au Vietnam. Photo : AUF.
Le Prof. Jean-Marc Lavest (à droite), directeur Asie-Pacifique de l'AUF, lors de la cérémonie de remise de civières médicales de l'Institut polytechnique de Hanoï à l'hôpital Bach Mai en octobre 2020, dans le cadre du projet COVID-19 de l’AUF mis en place au Vietnam. Photo : AUF.

L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) intervient essentiellement dans l’éducation, sous forme de projets ou programmes concrets, déployés dans les établissements de l’éducation. Ses contributions financières au Fonds de vaccins anti-COVID du Vietnam sont-elles exceptionnelles dans son fonctionnement ?

Prof. Jean-Marc Lavest : Ce virus ne connaît pas de frontières, tant géographiques que sectorielles. Pour gagner ce combat, il est primordial de mobiliser toutes les ressources de la société pour contrôler sa propagation. Avec les gouvernements qui ont la générosité de nous héberger, nous sommes une communauté de destin. Quel que soit le domaine d’activités, une organisation comme la nôtre ne pourra exister et exercer ses missions de manière optimale que si nos pays d’accueil sont sereins, notamment face à la pandémie.

Ce Fonds de vaccins anti-COVID du Vietnam représente en plus une valeur clé partagée par la communauté francophone : celle de la solidarité. La contribution de l’AUF aux efforts du gouvernement vietnamien dans la lutte contre notre "ennemi commun" est donc un acte responsable.

Vous avez pris vos missions dans une situation particulière. Est-ce que cela vous freine à mettre en place les programmes de l’AUF au Vietnam, et aussi dans la région, dans le contexte où la crise sanitaire perdure depuis début 2020 ?

Prof. Jean-Marc Lavest : La crise covidienne n’a pas empêché l’AUF d’assurer la continuité de l’accompagnement de ses membres. Au contraire, nous n’avons jamais été autant mobilisés que pendant cette période difficile qui pose à nos membres plusieurs défis et les oblige à innover et changer leur mode de fonctionnement.

Les formes de notre accompagnement s’adaptent au contexte, mais nos axes de missions et les préoccupations de nos membres restent toujours les mêmes : recherche et développement, qualité de la formation, transformation numérique, insertion profes-sionnelle…

À ce propos, pourriez-vous faire le bilan de vos projets réalisés depuis l’année dernière ?

Prof. Jean-Marc Lavest : Toujours dans la perspective de structurer la communauté de recherche autour des défis majeurs du monde actuel, l’AUF est partenaire du projet régional "One Health en pratiques en Asie du Sud-Est". Celui-ci est né du contexte de la pandémie de COVID-19 qui nécessite de renforcer une approche collaborative, multisectorielle et transdisciplinaire de la santé humaine, animale et environnementale s’appuyant sur des études au niveau local, national et mondial.

En parallèle de ce volet de recherche et développement, nous avons mis en place une action spécifique pour aider nos universités membres à améliorer la qualité et l’efficacité de l’enseignement à distance. Ce plan vise ainsi à soutenir les initiatives de déploiement de ce type de formation. Depuis le 3 juin, cinq webinaires ont été mis en place, regroupant 1.243 participants qui sont des cadres universitaires et des enseignants issus de dix pays dans le monde. Animés par les experts dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) du Canada, de France et du Vietnam, ces ateliers en ligne ont pour objectif de consolider les thématiques de formation intensive aux pratiques d’enseignement hybride et à distance, en adéquation avec le niveau d’expériences du public cible dans chaque pays.

Avec la volonté continue d’accompagner l’insertion professionnelle des étudiants francophones, cette rentrée scolaire, l’AUF mettra en place en Asie-Pacifique huit centres d’employabilité francophone implantés au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Thaïlande, en Chine, en Mongolie et au Vanuatu.

Dans le cadre de nos actions de soutien à la jeunesse francophone pendant cette période difficile, nous avons organisé au Cambodge, au Laos et au Vietnam le concours de vidéo "Ma vie d’étudiant pendant le COVID-19", permettant aux étudiants de partager leurs expériences, leurs difficultés et leurs études pendant la pandémie. Il s’agissait également d’une occasion d’aider les jeunes francophones à s’exprimer en français, à montrer leur talent et leur créativité.

L’AUF est aussi partenaire du concours international de télé débat en français "Parlons franco" organisé par l’Université nationale de Jeonbuk (République de Corée), permettant aux étudiants francophones des quatre coins du monde de se rencontrer, d’acquérir de la confiance en soi pour parler devant un large public et d’enrichir leurs connaissances sociales.

Que pensez-vous de ce que le gouvernement vietnamien a réalisé et réalise actuellement, afin d’éradiquer la propagation du coronavirus ?

Prof. Jean-Marc Lavest : Les approches pour lutter contre le COVID-19 varient d’un gouvernement à l’autre et peuvent même se moduler dans le temps. Le Vietnam a choisi dès le début la stratégie de protection stricte de ses populations : mettre en quarantaine et en confinement des zones dès l’annonce de quelques cas. Le consensus du peuple est et sera la clé de réussite de cette stratégie. Les Vietnamiens, de toutes les classes sociales, ont suivi les mesures recommandées par le gouvernement et votre pays a obtenu des résultats remarquables, salués au plus haut niveau international.

Pour cette fois-ci, la stratégie est déployée de manière beaucoup plus agile. Outre la solidarité, l’agilité est aussi une qualité des Asiatiques que j’apprécie beaucoup et qui constitue, à mon avis, le deuxième facteur de réussite de votre pays dans la lutte contre cette pandémie.

Je crois vivement que le gouvernement vietnamien gagnera ce combat et arrivera à poursuivre sa double mission : celle de protéger totalement la santé publique et de relancer la croissance.