IFC et BM : Développer et mobiliser le secteur privé pour renforcer la résilience économique du Vietnam

Nhân Dân en ligne — Parmi les économies émergentes, le Vietnam est un modèle, en effet, son taux de pauvreté a fortement chuté au cours d’une trentaine d’années, passant de 50 % en 1990 à 2 % en 2018.

Photo d'illustration : baochinhphu.vn
Photo d'illustration : baochinhphu.vn

Ces succès s’expliquent par une croissance économique forte et durable due aux politiques efficaces d’ouverture commerciale et de libéralisation des secteurs économiques. À cela s’ajoute un modèle de croissance se concentrant sur les exportations, dans lequel le secteur privé joue un rôle majeur. Son objectif est de devenir un pays à revenu élevé en 2045.

La pandémie de COVID-19 et la question qui se pose pour l’avenir

Malheureusement, l’apparition de la pandémie de COVID-19 fragilise la réalisation de cet objectif, mais elle n’est pas la seule menace. Même avant la pandémie, certains moteurs de croissance du pays se sont amenuisés. Sa population vieillit rapidement, tandis que l’évolution constante des nouvelles technologies l’oblige à reconsidérer sa stratégie de production qui dépend depuis longtemps d’une main-d’œuvre moins chère. D’autres défis se manifestent de plus en plus et le pressent de mettre en place des réformes juridiques et institutionnelles, d’améliorer sa compétitivité, ses infrastructures et la qualité de sa main-d’œuvre et de faciliter l’accès au financement.

Face à la première vague de la pandémie, le Vietnam était considéré comme un exemple de succès, grâce à ses mesures efficaces. En 2020, il était parmi les rares pays à avoir atteint une croissance positive. Cependant, ces mesures ont également entrainé un ralentissement des activités économiques.

En ce moment, le pays fait face au quatrième vague épidémique causée par le variant Delta, qui est plus contagieux tandis que son taux de vaccination est encore modeste. Les mesures pour freiner la pandémie risquent de devenir un frein à sa reprise économique. Les longues périodes de distanciation sociale et de confinement ont réduit le pouvoir d’achat, affectant ainsi l’ensemble de l’économie. Les entreprises, dont notamment les petites et moyennes entreprises (PME), dans les secteurs de la production, des services et de l’agriculture, ont sévèrement souffert du choc massif de la crise du COVID-19 en affichant une forte baisse de leur chiffre d’affaires. Plusieurs entreprises sont dans l’incapacité de payer leurs dettes.

La pandémie a fait peser un lourd fardeau sur les recettes budgétaires de l’État. En effet, ce dernier doit concentrer ses ressources pour enrayer la propagation de la pandémie et aider les entreprises et les habitants à surmonter la situation. Avec un budget limité, la meilleure solution consiste à fortifier le rôle du secteur privé, ce qui lui permettra d’entraver la récession, de renforcer sa résilience et de sauver les emplois.

Le secteur privé, facteur clé de la reprise économique

Tel est le message du diagnostic du secteur privé du pays (Country Private Sector Diagnostic, CPSD) mené par la Société financière internationale (IFC) et la Banque mondiale (BM) dans le but d’évaluer la situation économique actuelle du Vietnam et de proposer des mesures favorisant un rétablissement intégral, durable et rapide.

Le CPSD a affirmé que le Vietnam devra promouvoir le rôle du secteur privé s’il souhaite reprendre sa grande vitesse de croissance et réaliser ses ambitions pour le futur. En effet, le rapport a mis l’accent sur la contribution du secteur privé à l’intégration du pays à la chaîne de valeur mondiale dans les industries à fort besoin de main-d’œuvre.

Sous l’impact de la pandémie, ce secteur a montré une forte adaptation en recourant rapidement à l’application de plateformes numériques. Le commerce électronique a enregistré une hausse sans précédent. Les entreprises et les consommateurs participent activement à la transformation numérique, ce qui permet d’approfondir l’intégration commerciale régionale.

Selon le CPSD, pour convertir son modèle de croissance vers l’innovation, l’important est d’améliorer les connaissances et les compétences d’application de technologies numériques des employés pour qu’ils soient capables de s’adapter aux industries à forte intensité de connaissance, aux industries de services et à l’automatisation de la production.

Le rapport a ajouté que le Vietnam pourrait augmenter sa productivité en recourant aux mesures visant à réduire les inégalités de salaires et les écarts de participation au marché du travail entre hommes et femmes. Il a prévu que l’accès égal au marché du travail pourrait apporter à l’économie vietnamienne 40 milliards de dollars en 2025.

D’après le CPSD, la croissance verte continuera d’être au cœur des efforts visant à améliorer la compétitivité du Vietnam dans les temps à venir. Le rapport a recommandé que le gouvernement introduise des solutions durables dans sa feuille de route pour le développement, en précisant que le pays est parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Le gouvernement en est conscient. Le Premier ministre, Pham Minh Chinh, a souligné, à plusieurs reprises, l’importance d’une relance économique durable.

Le CPSD a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer les infrastructures au service des domaines des énergies et de la logistique, car cela permettra au Vietnam d’optimiser ses avantages compétitifs. Le rapport a prévu que le Vietnam devrait investir 23,7 milliards de dollars d’ici 2030 pour atteindre ses objectifs de développement des énergies renouvelables. Dans ce contexte, il sera nécessaire de faciliter davantage la participation du secteur privé en la matière.

Par ailleurs, le CPSD a donné d’autres recommandations concernant l’amélioration de l’accès au financement en faveur des PME qui sont sérieusement touchées par la pandémie. Un accès ouvert au financement permettra aux entreprises de diversifier leurs activités et d’investir davantage dans l’innovation.

Le rapport a suggéré que la participation du secteur privé créerait également des changements radicaux dans les domaines de l’agriculture et du tourisme. L’importance est que le gouvernement s’efforce de promouvoir l’innovation, de supprimer les obstacles à l’intégration et d’améliorer la transparence et l’efficacité de ses cadres juridiques et le climat d’affaires, tout en profitant des avantages existants tels qu’une classe moyenne qui émerge rapidement et une industrialisation galopante.