Diên Biên Phu

à travers des films étrangers

Une petite zone située au Nord-Ouest du Vietnam appelée Diên Biên Phu est devenue l'un des sujets brûlants des cinéastes internationaux du XXe siècle et au-delà. Dans un article publié dans le Journal Nhân Dân à l'occasion du 60e anniversaire de la Victoire de Diên Biên Phu (7 mai 1954 - 7 mai 2014), l'auteur Doàn Tuân a affirmé que Diên Biên Phu était une Victoire qui avait contraint non seulement les Français à « baisser la tête en admiration », mais c'était aussi un symbole de libération pour les peuples coloniaux du monde entier. La stature de Diên Biên Phu est si grande, est-il vrai que seules les puissances cinématographiques comme la France, les États-Unis et la Russie peuvent en faire des films ?

Le réalisateur français Pierre Schoendoerffer a été un prisonnier de guerre sur le champ de bataille de Diên Biên. Près de 40 ans plus tard, il n'arrive toujours pas à oublier ses souvenirs horribles. En 1992, il a décidé de retourner au Vietnam pour réaliser un long métrage intitulé Diên Biên Phu.

Bien qu’il ait essayé de situer le point de vue avec une perspective rétrospective dans l'espace et le temps à travers des personnages ambigus tels que le journaliste américain H. Simson et la violoniste B. Vergnes, il a consacré la plupart du récit à décrire le combat désespéré des soldats français lors du compte à rebours des jours de « pour qui sonne le glas ».

Ce film a tenté de dépeindre Hanoi sous la domination coloniale française qui avait encore du glamour. Du point de vue colonial d'un Français qui considérait la guerre comme un pari, ce réalisateur français était toujours hanté par les images de soldats français brisés par les obus d'artillerie, gluant de sang, d'eau de pluie et de boue…

Le 22 avril 1954, la base 206 est détruite par nos troupes, les survivants lèvent la main pour se rendre. Photo : VNA.

Le 22 avril 1954, la base 206 est détruite par nos troupes, les survivants lèvent la main pour se rendre. Photo : VNA.

Il a courageusement représenté le portrait des soldats de l'armée coloniale de l’Union française, notamment des soldats blancs, noirs, indigènes, thais... tous du même sort. Les images des officiers d’état-major à leur bureau contrastant clairement avec les soldats français dans le bourbier de Diên Biên. Peut-être que son cœur a battu avec eux, tombés à cet endroit.

Les spectateurs ont remarqué quelques petites lumières dans l’esprit de l’armée professionnelle française, mais à la fin du film, le réalisateur du film a quand même dû avouer son respect pour le peuple et l’armée vietnamiens. Le film a été une requiem pour plus de 8 000 soldats français morts à Diên Biên, une musique triste pour le peuple français. « Je voulais faire ce film pour rappeler aux Français de ne plus commettre d'erreurs, de ne jamais oublier l'humiliante leçon du champ de bataille de Diên Biên Phu » - a dit le metteur en scène Pierre Schoendoerffer.

Je voulais faire ce film pour rappeler aux Français de ne plus commettre d'erreurs, de ne jamais oublier l'humiliante leçon du champ de bataille de Diên Biên Phu.
Metteur en scène Pierre Schoendoerffer.

Toujours selon l'auteur Doàn Tuân, en 1999, des cinéastes américains, dont des réalisateurs tels que D. Phiton A.Ai-Ken et G. Mac Cathi, ont terminé un film documentaire de 13 épisodes intitulé Battlefield Vietnam (Guerre du Vietnam). Les auteurs ont consacré beaucoup d’efforts à collecter des documents, à mettre en scène le scénario et à créer un livre épique en images et une analyse approfondie de l’échec des impérialistes américains au Vietnam.

Dans le 1er épisode, intitulé Diên Biên Phu - L'Héritage, les cinéastes ont souligné l'échec évident des colonialistes français à Diên Biên ainsi que l'intervention flagrante des impérialistes américains au Vietnam en fournissant des armes et une aide logistique au colonialistes français.

Cela signifie que le gouvernement américain a remplacé de facto les colonialistes français au Vietnam pour mission « d’empêcher le développement du communisme de l’Union soviétique et de la Chine de se propager à l’Asie du Sud-Est ». Bien entendu, d’un point de vue occidental, les cinéastes ont également tenté de justifier l’invasion des impérialistes américains au Vietnam, mais, avec l’image du Général Vo Nguyên Giap choisie comme affiche du 1er épisode, les cinéastes américains ont implicitement préfiguré « l’héritage de l’échec des impérialistes américains au Vietnam ».

Des soldats et des ethniques minoritaires du Nord-Ouest creusent des montagnes et construisent des routes menant au champ de bataille. Photo : VNA.

Des soldats et des ethniques minoritaires du Nord-Ouest creusent des montagnes et construisent des routes menant au champ de bataille. Photo : VNA.

Un autre metteur en scène français a également réalisé un documentaire sur Diên Biên intitulé « La Bataille entre un tigre et un éléphant ». Il s'agit du réalisateur Daniel Roussel. De 1980 à 1986, il était journaliste du journal français « L'Humanité » au Vietnam. En réalisant ce film, il a beaucoup aimé la métaphore de l’Oncle Hô comparant le combat entre notre peuple et l'armée française à Diên Biên Phu comme un combat entre un tigre dynamique et un éléphant grand mais lent.

Le personnage principal de ce film est le Général Vo Nguyên Giap. On peut dire que, grâce aux interactions avec le personnage, le cinéaste a suivi un processus d'enquête et de recherche sur son personnage sous de nombreux angles. Il a également comparé les stratégies et tactiques des deux parties à travers des documents authentiques et l'analyse approfondie du Général Vo Nguyên Giap. Ses épisodes de film saisissants tournés à Diên Biên et Muong Phang ainsi que les images simples du Commandant en chef ont apporté aux spectateurs un portrait profond d'un Général ainsi que d'un peuple patriotique et épris de paix.

Le Commandement de campagne, sous la direction directe du Général Vo Nguyên Giap, discute des plans opérationnels pour chaque bataille. Photo : VNA.

Le Commandement de campagne, sous la direction directe du Général Vo Nguyên Giap, discute des plans opérationnels pour chaque bataille. Photo : VNA.

Mais le film « « Vietnam », qui est également connu sous le nom : Le Vietnam sur le chemin de la victoire » du célèbre réalisateur russe Roman Karmen, a laissé l'impression la plus profonde pour le public vietnamien. Le vietnamologue, docteur Anatoli Socolov, a déclaré dans l'article « L'exploit des cinéastes documentaires soviétiques (2014) » : Dans son journal, le réalisateur Roman Karmen a écrit : « Nous comprenons clairement que la réalisation de cette mission est très difficile car notre équipe de tournage se rendra à un pays complètement étranger, bien que spirituellement et émotionnellement très proche du peuple soviétique. De plus, il manque de livres et de journaux pour connaître le Vietnam, il n'existe qu'un seul livre d'un auteur français ».

À travers les documents de Karmen, le chercheur en cinéma russe A. Socolov a écrit : « Grâce à l'aide de l'Oncle Hô, le réalisateur Karmen a terminé les scènes tournées à Diên Biên Phu après la fin de la campagne comme suit. : sous le commandement de Hô Chi Minh, du Général Vo Nguyên Giap, les soldats vietnamiens se sont précipités en avant pour attaquer le bunker de de Castries... Dans le film « Vietnam », le réalisateur Karmen a accordé le plus d'attention et a suscité la plus grande impression avec la scène de milliers de prisonniers de guerre français défilant devant la caméra comme symbole de l'échec du colonialisme français au Vietnam en particulier et dans le monde en général ».

Une scène du film Vietnam (Le Vietnam sur le chemin de la victoire) du réalisateur Roman Karmen.

Une scène du film Vietnam (Le Vietnam sur le chemin de la victoire) du réalisateur Roman Karmen.

On peut affirmer que le thème de Diên Biên Phu reste toujours l’une des sources inépuisables d’inspiration des grands cinéastes des grands cinémas du monde.

Dans le tourbillon du temps, l’histoire connaît souvent des répétitions par hasard. Les cinéastes, avec leurs connaissances approfondies, rappellent toujours à l’humanité de vivre une vie de respect mutuel, de respect des petits peuples et des grandes cultures. En particulier, pour une nation qui lutte pour leurs  idéaux, aucun ennemi ne peut la menacer.

Contenu : TRÂN THANH THÊ
Dessin : TRUNG HUNG