Le village métier de Kiêu Ky est né il y a environ plus de 300 ans, sous le règne de Hâu Lê (1428 - 1789). À cette époque, Nguyên Quy Tri, originaire du village de Hôi Xuyên, dans la province de Hai Duong (au Nord-Est du Vietnam) était un lettré sous la dynastie Lê Canh Hung (1740 - 1786). Au cours d’une mission en Chine, il a appris le métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent pour dorer les objets de culte, les sentences parallèles et les panneaux transversaux, puis il l’a enseigné aux villageois de Kiêu Ky. Plus tard, il a été désigné comme le fondateur de ce métier et depuis on célèbre l’anniversaire de sa mort.

À la fin des années 80, le village métier de Kiêu Ky semblait voué à disparaitre, il n’y avait que 3 ou 4 familles pratiquant ce métier de production de feuilles d’or et d’argent. Cependant avec l’encouragement des autorités locales, l’artisanat traditionnel du village a connu un nouvel élan. À l’heure actuelle, le village artisanal de Kiêu Ky compte une vingtaine de familles se consacrant à ce métier traditionnel.

Le village métier de Kiêu Ky est né il y a environ plus de 300 ans, sous le règne de Hâu Lê (1428 - 1789). Photo : Minh Hanh/NDEL

En 2009 - 2010, l’Association de l’Artisanat de production de feuilles d’or et d’argent du village de Kiêu Ky a participé à une exposition au 2, rue Hoa Lu (capitale Hanoï) et au parc botanique, pour promouvoir le village comme l’un des cinq villages artisanaux les plus typiques du Vietnam. Il a reçu de nombreux certificats de mérite, et en 2012, des artisans du village se sont vu décerner le certificat de label collectif de production des feuilles d’or et d’argent par le Département de la Propriété intellectuelle (Ministère vietnamien des Sciences et des Technologies).

Depuis lors, les artisans de Kiêu Ky perpétuent ce métier, qui demande de l’ingéniosité et de l’habileté pour produire des feuilles délicates capables de dorer ou d’argenter tous les matériaux.

L’artisane Pham Thi Ngo a 75 ans, elle se consacre à ce métier depuis l’âge de 10 ans. Elle confie : « Ce métier exige de la persévérance, de l’assiduité et de l’amour. Il ne demande pas trop de force, la plupart des femmes et des enfants peuvent le faire et de plus, on peut l’exercer toute l’année ».

Selon elle, à l’heure actuelle de nombreux produits à base de feuilles d’or importés de Chine apparaissent sur le marché, à des prix inférieurs. Les gens aiment acheter des produits bon marché, mais la durée de vie de ces produits n’est que de 3 ou 4 ans, puis ils se ternissent. Tandis que la dorure à la feuille d’or de Kiêu Ky coûte plus cher, mais sa qualité est meilleure et la dorure est très résistante et peut garder sa couleur dorée pendant des centaines d’années.

L’artisane Lê Thi Sim, exerçant ce métier depuis plus de 20 ans, fait savoir : « Ma grand-mère du côté de mon mari m’a appris ce métier depuis que je suis devenue bru de la famille. Au début c’était un peu difficile, il m’a fallu 2 mois pour apprendre le métier. J’aime ce métier et souhaite l’exercer toute la vie, malgré le fait que les revenus ne soient pas élevés, seulement de 3 à 4 millions par mois. Toutes les étapes sont importantes et exigent de la minutie et du savoir-faire, mais l’étape la plus difficile est l’assemblage des feuilles d’or, la préparation de l’encre à partir de suie mélangée à de la gélatine de buffle fait selon les recettes secrètes de chaque famille et le dégagement des lamelles d’or de leur support « lá quỳ » à la dernière étape qui demande de la minutie et de l’habileté pour que les lamelles ne se déchirent pas. Le travail n’est pas très pénible et on travaille principalement chez soi ».

Originalité du métier de production des feuilles d’or de Kiêu Ky

L’artisan Lê Bá Chung, 60 ans, un artiste émérite : l’artisanat traditionnel de production des feuilles d’or de Kiêu Ky est unique dans le pays.

Actuellement, Kiêu Ky est le seul village du pays à produire des lamelles d’or et d’argent. Cette originalité fait la fierté des villageois de Kiêu Ky en particulier et des Hanoïens en général, et les villageois de Kiêu Ky ont contribué à la création de chefs-d’œuvre qui font partie à jamais du trésor des œuvres d’art vietnamiennes.

Le secret de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky n’a été transmis qu’aux villageois de ce village. C’est pourquoi Kiêu Ky est, encore aujourd’hui, le seul village du Vietnam spécialisé dans la fabrication des feuilles d’or et d’argent.

Les œuvres dorées ou argentées comme les statues de Bouddha, les sentences parallèles, les panneaux transversaux et les tableaux en laque proviennent des mains habiles des artisans de Kiêu Ky.

Selon l’artisan Lê Bá Chung : « La caractéristique unique de ce village artisanal est de fournir les principaux matériaux pour de nombreux secteurs artisanaux à travers le pays tels que la laque, les peintures et la dorure des objets artisanaux. Les objets de culte sont particulièrement mis en valeur par la dorure et semblent plus solennels ».

Les feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky sont présentes dans tout le pays

Les feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky sont de bonne qualité et sont réputées dans tout le pays. Elles servent à décorer les grands ouvrages culturels dans l’ensemble du pays comme le Grand intérieur (Dai Nôi) de Huê relevant du complexe des vestiges de la cité impériale de Huê (au Centre du Vietnam), le Temple de Cua Ông dans la province de Quang Ninh (au Nord-Est du Vietnam), le Temple Trân, le Temple de Tiên La dans la province de Thai Binh (au Nord du Vietnam), l’Opéra de Hanoï, le Mausolée du Président Hô Chi Minh ou encore le Temple de la Littérature (Van Miêu-Quôc Tu Giám) à Hanoï.

Les étapes de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky

Selon les artisans, le processus de fabrication des feuilles d’or et d’argent se divise en 3 étapes : la fabrication des feuilles « lá quỳ » à base du papier « dó » (tiré de l’écorce du rhamnoneuron) enduite de plusieurs couches d’encre, le martelage des feuilles d’or ou d’argent pour les amincir et le découpage en carrés d’un centimètre, puis enfin l’empilement et la mise en paquet en les attachant entre elles.

La première étape est de faire des « lá quỳ ». Photo : Minh Hanh/NDEL

La première étape est de faire des « lá quỳ ». Auparavant, il fallait du papier « dó » du village de Yên Thai à Hanoï, mais maintenant on utilise du papier « dó » de soie du village de Duong Ô de la ville de Bac Ninh (au Nord du Vietnam), qui est plus fin et plus résistant. Cela permet d’améliorer la résistance des feuilles d’or ou d’argent tout en les rendant encore plus brillantes. Le feuilles de papier « dó » sont recouvertes par au moins 3 couches d’encre fabriquée à partir d’une suie spéciale mélangée à de la sciure de bois et de la gélatine de buffle.

Les taëls d’or et d’argent sont laminés jusqu’à obtenir une mince bande d’une largeur d’un centimètre. Elle est ensuite découpée en petits carrés d’un centimètre de côté qui seront déposés sur les « lá quỳ » de 4 cm de côté. Ces derniers sont ensuite assemblés en paquet de feuilles d’or ou d’argent composés de 500 « lá quỳ ».

Ensuite, l’artisan utilisera un tissu fin et résistant pour attacher ce paquet de feuilles « lá quỳ » et les petits carrés d’or, puis le placera sur une enclume en pierre et utilisera un marteau spécial pour battre le paquet, jusqu’à ce que les carrés d’or s’aplatissent et dépassent des bords du paquet. L’artisan coupera alors ce qui dépasse et le déposera en alternance avec des « lá quỳ », qui seront attachés en paquet et seront martelés continuellement pendant environ 1 heure. Ce qui finira par produire des paquets contenant des feuilles d’or et d’argent uniformes.

La dernière étape « trại quỳ » est l’étape où l’artisan doit séparer chaque feuille d’or ou d’argent des feuilles « lá quỳ » et la déposer sur du papier « dó » pour qu’elle ne colle pas ou ne se déchire pas. Photo : Minh Hanh/NDEL

La dernière étape « trại quỳ » est l’étape où l’artisan doit séparer chaque feuille d’or ou d’argent des feuilles « lá quỳ » et la déposer sur du papier « dó » pour qu’elle ne colle pas ou ne se déchire pas. Cette étape demande à l’artisan d’être très habile et soigneux. 1/10 de taël d’or peut donner 980 feuilles d’or (soit 2 paquets de feuilles d’or) pour une superficie de 1 m² et 1 taël d’or peut donner 9800 feuilles d’or, ce qui représente une surface de 10 m². C’est un résultat stupéfiant et seuls les artisans de Kiêu Ky peuvent y arriver.

Selon l’artisan Lê Bá Chung, propriétaire du plus grand atelier de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky, pour amincir un taël d’or, les artisans doivent auparavant passer par plus de 40 étapes, cependant avec l’aide de la technologie, le processus de fabrication des feuilles d’or a permis de diviser le nombre d’étapes par deux.

Les étapes de production des feuilles d’or sont réalisées à la chaîne. Chacune d’elles étant très importante, elles exigent de la part des artisans de la minutie, de l’habileté, mais aussi un grand amour pour ce métier. Une erreur dans une étape peut ruiner tout le processus de fabrication des feuilles d’or.

Préservation du métier de fabrication des feuilles d’or - Nouvelles orientations

Au cours des dernières années, le Comité populaire du district de Gia Lâm s’est intéressé à la préservation et à la perpétuation du métier traditionnel de fabrication des feuilles d’or. Il a investi près de 10 milliards de dôngs pour la construction d’une « nhà Tràng » (maison communale) dédiée au culte du fondateur du métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent, Nguyên Quy Tri, pour exprimer la gratitude des habitants à l’égard de son mérite, a déclaré le président du Comité populaire de la commune de Kiêu Ky, Dinh Van Giang.

Selon lui, le Comité populaire de la commune de Kiêu Ky a accordé un fonds foncier pour le village artisanal. La ville de Hanoï a octroyé un budget pour permettre d’investir dans la construction d’une zone de production concentrée, regroupant les foyers de production des feuilles d’or et d’argent et ceux de maroquinerie du village de Kiêu Ky. Cependant, jusqu’à présent, peu de ménages de ce village d’artisanat s’y sont installés pour y effectuer leur production.

Jusqu’à présent, la « nhà Tràng » qui a été mis en service, est un lieu où les habitants du village de métier organisent, le 17^e jour du 8^e mois lunaire, la fête de l’anniversaire de mort du fondateur Nguyên Quy Tri pour exprimer leur gratitude à son égard. C’est également le lieu où se déroule, le 12^e jour du premier mois lunaire, la cérémonie d’ouverture du martelage des feuilles organisée par les habitants du village. Hormis cela, la « nhà Tràng » est également un lieu de formation au métier de fabrication des feuilles d’or.

Les autorités du village de Kiêu Ky incitent les familles à exercer ce métier, les encouragent à innover, à utiliser des équipements et des machines modernes pour obtenir une meilleure qualité de produits et à contribuer à la construction de la zone d’exposition des produits des feuilles d’or et d’argent au sein du vestige de la maison « nhà Tràng » pour les présenter aux visiteurs, a fait savoir Nguyên Xuân Dung, secrétaire du Parti communiste du Vietnam du village de Kiêu Ky et chef du Comité du Front de la Patrie du village.

De concert avec les secteurs concernés, les autorités locales ont assisté les foyers dans l’obtention des prêts pour créer des emplois, développer leur production et créer de nouveaux designs adaptés au goût des consommateurs pour augmenter la valeur des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky. Plus particulièrement, elles les ont encouragés à développer le métier de dorure visant à utiliser leurs produits pour décorer des produits artisanaux, des objets de cultes ou des ouvrages culturels, les 12 signes du zodiaque, des produits de décoration intérieure ou encore des tableaux en laque, ce qui permettra d’augmenter la valeur des feuilles d’or et d’argent, de consommer leurs propres produits et d’augmenter les revenus des artisans, a-t-il souligné.

Les souhaits des artisans

À l’heure actuelle, les produits dorés ou argentés industriels importés de l’étranger sont de plus en plus nombreux et à des prix moins chers, le nombre de consommateurs a diminué, seuls les consommateurs riches et exigeants choisissent les feuilles d’or de Kiêu Ky. Pour développer ce métier, ce qui est important c’est que les artisans doivent faire de leur mieux et proposer une meilleure qualité et de plus beaux designs pour concurrencer les produits importés. Hormis cela, l’État soutient les produits nationaux par le programme « Les Vietnamiens consomment vietnamien », a déclaré Nguyên Anh Chung, président de l’Association du Métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky.

L’artisan Lê Bá Chung souhaite que cet artisanat se développe de plus en plus, pour permettre aux artisans d’augmenter leurs revenus. Il souhaite que ses enfants continuent le métier de leurs ancêtres et se consacrent à ce métier pour fabriquer des produits de plus en plus beaux et sophistiqués, pour promouvoir de plus en plus leurs produits des feuilles d’or et d’argent au Vietnam et maintenir le prestige du village et la confiance des consommateurs pour ses produits.

Préservation du métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky

Lê Bá Chung, président de la Coopérative de Fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky, souhaite que l’État continue d’octroyer des allocations budgétaires à la coopérative des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky pour organiser des formations à court terme aux jeunes et d’accorder des prêts aux familles de production des feuilles d’or et d’argent.

Pour développer ce métier, ce qui est important c’est que les artisans doivent faire de leur mieux et proposer une meilleure qualité et de plus beaux designs pour concurrencer les produits importés. Photo : Minh Hanh/NDEL

Ces dernières années, avec le soutien du Centre de Promotion industrielle du Service de l'Industrie et du Commerce de Hanoï, le village de Kiêu Ky a organisé des cours de formation de doreurs. L’artisan Lê Bá Chung et l'artisan Trân Dô du village céramique de Bát Tràng ont l'initiative d’exercer le métier de dorure sur les objets de céramique. Les artisans de Bát Tràng et les doreurs de Kiêu Ky ont travaillé ensemble pour décorer les produits céramiques de Bát Tràng et des ouvrages culturels dans l’ensemble du pays, a fait savoir Lê Bá Chung.

Développement touristique lié au village de métier

Le district de Gia Lâm est fier d’être le lieu de naissance de deux des quatre saints immortels du Vietnam, que sont le génie de Gióng dans la commune de Phù Dông et le saint Chu Dông Tu. Le district dispose d’un bon nombre de vestiges et de villages de métier artisanal pour le développement du tourisme spirituel lié au village de métier artisanal, a souligné le président du Comité populaire de la commune de Kiêu Ky, Dinh Van Giang.

La commune déploie le projet de développement des villages de métier lié au développement du tourisme spirituel du district de Gia Lâm depuis 2015. Selon ce projet, le district de Kiêu Ky prévoit de développer les villages de métiers liés au tourisme spirituel, avec un circuit partant du village de métier céramique de Bat Tràng, au temple de Chu Dông Tu de la commune de Van Duc, au village Kiêu Ky avec deux métiers artisanaux : métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky et de maroquinerie de Kiêu Ky, au temple Bà Tâm dans la commune de Duong Xá et au temple de Phù Dông dans la commune de Phù Dông, a -t-il fait savoir.

La commune de Kiêu Ky est située dans l'axe de développement touristique du district de Gia Lâm. La commune de Kiêu Ky prévoit d’exploiter un circuit touristique permettant aux visiteurs de visiter un complexe de vestiges de la maison communale, de la pagode et du temple de Kiêu Ky, le village de métier de fabrications des feuilles d’or et d’argent et de métier de maroquinerie de Kiêu Ky, la maison « nhà Tràng » dédié du fondateur Nguyên Quy Tri.

Cependant, le groupe des vestiges de maison communale, de temple et de pagode de Kiêu Ky est dégradé et il sera réhabilité l’année prochain par le district de Gia Lâm. Hormis cela, la commune de Kiêu Ky n’a pas de services d'accompagnement et d’infrastructures pour développer le tourisme spirituel lié au village de métier artisanal. Pour le développement touristique lié au village de métier, il faut construire des zones dédiées à l’exposition des produits du village de métier artisanal sur les deux côtés de la route pour la promotion des produits artisanaux de Kiêu Ky, de bons hébergements, des guides touristiques, a insisté Dinh Van Giang.

Selon Nguyên Xuân Dung, le complexe de vestiges de maison communale, de temple et de pagode de Kiêu Ky été reconnu en 1996 en tant que vestige culturel et historique national par le ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme.

Le village de Kiêu Ky a proposé au Service municipal de la Culture et au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme d’inscrire le métier de fabrication des feuilles d’or et d’argent de Kiêu Ky dans la liste du patrimoine culturel immatériel national, ce qui contribuera à la préservation de la richesse du village de métier traditionnel de Kiêu Ky. La commune de Kiêu Ky prévoit également de proposer de classer la maison « nhà Tràng » en tant que vestige de la ville, a fait savoir Nguyên Xuân Dung.

Comment se rendre au village de métier de Kiêu Ky

Le village de Kiêu Ky se situe dans la commune de Kiêu Ky relevant du district de Gia Lâm, en banlieue de la capitale Hanoï. Il est attenant à la commune de Duong Xá et au bourg de Trâu Quỳ au Nord, à la province de Hung Yên au Sud-est, et à la commune de Da Tôn au Sud-ouest. Ce village artisanal est à environ 15 km de la capitale Hanoï.

Pour y aller, les visiteurs doivent partir du centre de la ville de Hanoï. Il faut ensuite traverser le pont Thanh Tri ou Chuong Duong, puis aller jusqu’à la commune de Da Tôn, rejoindre le village de Ngoc Dông (Da Tôn) et le traverser. Le village de métier de Kiêu Ky se trouve juste après.