La presse révolutionnaire vietnamienne a traversé un siècle d’histoire glorieuse et pleine de fierté, jalonnée par les sacrifices héroïques et les immenses contributions des générations de journalistes engagés dans la cause de la libération nationale, de la réunification du pays, puis dans les périodes de renouveau, d’intégration, de construction et de modernisation du Vietnam.

Elle continuera sans aucun doute à apporter des contributions dignes de son histoire dans cette nouvelle ère - l’ère du développement et de la prospérité du peuple vietnamien.

C’est en ces termes que s’est exprimé Ling De Quan, ancien grand reporter, expert au Centre d’études des questions mondiales de l’agence de presse Xinhua, et éminent chercheur spécialiste du Vietnam, lors d’un entretien accordé au correspondant du journal Nhân Dân en poste en Chine, en ce mois de juin historique marqué par la célébration du centenaire de la Journée de la presse révolutionnaire du Vietnam.

Le chercheur Ling De Quan répond aux questions du correspondant du Journal Nhân Dân.

Le chercheur Ling De Quan répond aux questions du correspondant du Journal Nhân Dân.

Berceau de la presse révolutionnaire vietnamienne

En évoquant l’événement marquant, la fondation du journal Thanh Nien par le Président Ho Chi Minh, acte qui donna naissance au journalisme révolutionnaire vietnamien, le chercheur Ling De Quan a indiqué que, de 1924 à 1927, Ho Chi Minh fut chargé par l’Internationale communiste de se rendre de Moscou à Canton, alors centre de la révolution chinoise.

Il y œuvrait sous le pseudonyme de Ly Thuy, en tant qu’interprète pour Borodin, conseiller soviétique auprès du gouvernement du Kuomintang, durant la période de coopération entre ce dernier et le Parti communiste chinois.

Après une période de préparation, avec le soutien du Comité régional du Guangdong et du gouvernement révolutionnaire de la région, Ho Chi Minh commença, dès le début de l’année 1926, à organiser des cours de formation politique spéciaux à destination des jeunes Vietnamiens patriotes à Canton.

Il ouvrit au total trois sessions de formation : la première comptait 10 élèves, la deuxième 15, et la troisième plus de 50.

Numéro 63 du journal Thanh Nien, publié le 3 octobre 1926. Photo : VNA.

Numéro 63 du journal Thanh Nien, publié le 3 octobre 1926. Photo : VNA.

Ho Chi Minh assurait lui-même les cours, portant sur des sujets tels que l’histoire du développement des sociétés, les mouvements révolutionnaires dans le monde, l’histoire contemporaine du Vietnam – en particulier le processus d’invasion –, les crimes du colonialisme français, l’histoire de la révolution russe, l’Internationale communiste, ainsi que les trois principes du peuple formulés par Sun Yat-sen... 

Le contenu le plus important résidait dans les questions fondamentales de la Révolution vietnamienne, dont la nature, les dirigeants et les forces de la révolution.

De 1925 à 1927, Ho Chi Minh a formé des dizaines de cadres révolutionnaires, dont plusieurs sont devenus plus tard des figures marquantes de l'histoire de la Révolution vietnamienne, tels que Ngo Gia Tu, Tran Phu, Nguyen Duc Canh, Le Hong Phong, Le Hong Son, et Pham Van Dong. 

Selon les recherches de Líng Déquán, durant ses activités révolutionnaires à Guangzhou, Ho Chi Minh a souvent invité des révolutionnaires chinois, tels que Zhou Enlai, Zhang Tailei, Chen Yannian, Li Fuchun, Peng Pai, He Xiangning, ainsi que le conseiller Borodine et son épouse, à dispenser des cours de formation à l’intention des cadres vietnamiens.

Les cadres vietnamiens ont également eu l’occasion de participer à des conférences sur le mouvement paysan. Les supports pédagogiques de ces cours ont été rassemblés dans l'ouvrage « Đường Kách mệnh » (La voie révolutionnaire). Il s’agit du premier ouvrage de propagande marxiste-léniniste au Vietnam, en présentant les bases du marxisme-léninisme et les orientations de la révolution vietnamienne de la manière la plus facile à comprendre. Cet ouvrage a permis de clarifier les questions cruciales de la révolution prolétarienne et est devenu un document de référence pour la révolution vietnamienne. 

De nombreux leaders vietnamiens, dès leur jeune âge, ont été initiés et ont étudié le marxisme-léninisme à travers l'œuvre « Đường Kách mệnh » (Le Chemin de la Révolution).

Le site historique du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne à Guangzhou. Photo : Le Quotidien du Peuple (Chine).

Le site historique du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne à Guangzhou. Photo : Le Quotidien du Peuple (Chine).

À la fin de la première session de formation, Ho Chi Minh a convoqué les stagiaires dans une salle de classe située au troisième étage de la rue Wen Ming, à Guangzhou, pour annoncer la création d'une nouvelle organisation patriotique nommée l'Association des Camarades Révolutionnaires de la Jeunesse Vietnamienne (Association de la Jeunesse Révolutionnaire du Vietnam). Sa mission était de propager largement auprès des révolutionnaires vietnamiens la théorie de Lénine et les résolutions de l'Internationale Communiste, considérant le léninisme comme une arme irremplaçable, et d'unir tous les patriotes authentiques sur une base révolutionnaire, en vue de la création d'un Parti communiste lorsque les conditions le permettraient. Dès lors, la maison au numéro 13, rue Wen Ming, à Guangzhou, est devenue le siège de l'Association de la Jeunesse Révolutionnaire du Vietnam – une base à l'étranger et le centre de commandement de la révolution vietnamienne de l'époque. 

S’agissant de la naissance du tout premier journal de la presse révolutionnaire vietnamienne, le chercheur Ling Dequan souligne que parallèlement à la fondation de l’Association de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam, le journal Thanh Nien – organe officiel de cette organisation – a vu le jour sous la direction directe de Ho Chi Minh. Ce journal, au  petit format et imprimé en ronéo, paraissait à un rythme hebdomadaire avec un tirage dépassant la centaine d’exemplaires par numéro. Il était distribué aux Vietnamiens vivant à Guangzhou, envoyé au pays ainsi qu’aux compatriotes résidant en Thaïlande et en France par le biais de navires de commerce transocéaniques.

Du 21 juin 1925, où le premier numéro fut publié, jusqu’au 14 février 1930, le journal Thanh Nien a paru au total 202 fois. Ses contenus portaient essentiellement sur la dénonciation des crimes du colonialisme français, la présentation de la doctrine léniniste sur la libération nationale, ainsi que la diffusion des idées et points de vue exposés dans l’ouvrage Duong Kach Menh (La voie révolutionnaire).

Cette année marque le centenaire de la Journée de la presse révolutionnaire vietnamienne, mais aussi le 100ᵉ anniversaire de la fondation du journal Thanh Nien à Guangzhou par le Président Ho Chi Minh – fondateur de la presse révolutionnaire vietnamienne, grand journaliste et maître de nombreuses générations de journalistes vietnamiens.

L’expert Ling Dequan estime que la fondation du journal Thanh nien(Jeunesse) par Ho Chi Minh fut un événement pionnier, sans précédent dans l’histoire, marquant une étape importante tant pour la presse vietnamienne que pour la cause révolutionnaire du pays. Cette initiative a contribué à mobiliser le peuple vietnamien dans la lutte contre le colonialisme français et à préparer l’opinion publique en vue de la création ultérieure du Parti communiste du Vietnam.

Lieu de rédaction et d’impression du journal Thanh nien dans le site historique du siège de l’Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne. Photo : Le Quotidien du Peuple (Chine).

Lieu de rédaction et d’impression du journal Thanh nien dans le site historique du siège de l’Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne. Photo : Le Quotidien du Peuple (Chine).

Une contribution méritoire à la cause révolutionnaire

Ayant entretenu des liens étroits avec le Vietnam pendant de nombreuses années, M. Ling Dequan, qui avait fait ses études au Vietnam dans les années 1960, fut par la suite affecté par l’agence de presse Xinhua comme correspondant permanent au Vietnam. Il y a vécu durant une longue période, témoin direct des années de guerre contre les États-Unis, de la période de renouveau (Đổi mới) et d’intégration. Il a achevé sa mission en 1999. De retour en Chine, il est devenu un expert en relations internationales, se spécialisant dans les questions relatives au Vietnam et aux relations vietnamo-chinoises. 

Échangeant avec un journaliste du Journal Nhân Dân, le journaliste Ling Dequan, âgé de plus de 80 ans, a confié que, tout au long de ses années de travail au Vietnam, il a eu l'occasion de rencontrer de nombreux journalistes vietnamiens. Ces derniers ont coopéré et apporté un soutien efficace à son travail et à sa vie en tant que correspondant de l'agence Xinhua sur place. Il a particulièrement mentionné des journalistes chevronnés comme Do Phuong (ancien directeur général de l'Agence vietnamienne d'information) et Huu Tho (ancien rédacteur en chef du journal Nhan Dan), qu'il considère à la fois comme de grands frères et des amis proches.

Concernant le rôle, la position ainsi que les contributions immenses de la presse révolutionnaire vietnamienne, le chercheur Ling Dequana affirmé que le Vietnam et la Chine ont de nombreux points communs : ce sont tous deux des pays socialistes dirigés par un Parti communiste, et le Parti et l'État accordent une grande importance au rôle du front de l'information-presse et des professionnels des médias.

Le Secrétaire général et Président de la République To Lam et son épouse en visite au complexe des vestiges du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam, à Guangzhou, province du Guangdong, Chine, en août 2024. Photo : VNA.

Le Secrétaire général et Président de la République To Lam et son épouse en visite au complexe des vestiges du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam, à Guangzhou, province du Guangdong, Chine, en août 2024. Photo : VNA.

J’apprécie profondément les sacrifices désintéressés et les immenses contributions des organes de presse ainsi que des générations de journalistes vietnamiens dans la lutte pour la libération nationale et la réunification du pays. Je salue également les efforts constants et les apports majeurs de la presse vietnamienne au cours des près de quarante dernières années dans l’œuvre de rénovation, d’intégration, de construction et de modernisation du pays. En même temps, j’espère que nos collègues vietnamiens continueront à jouer un rôle digne de leur histoire dans cette nouvelle ère de développement et de prospérité de la nation vietnamienne.
a déclaré Ling Dequan

Évoquant les similitudes entre les paysages médiatiques du Vietnam et de la Chine, Ling Dequan a souligné que la presse traditionnelle des deux pays remplit des fonctions de communication et d’orientation de l’opinion publique sous la direction du Parti communiste, partageant ainsi des caractéristiques, des rôles et des missions comparables, avec de nombreux intérêts et valeurs communs. Les organes de presse et de communication traditionnels du Vietnam et de la Chine entretiennent des relations amicales anciennes, profondes et une coopération étroite.

Les journalistes vietnamiens visitent et regardent des documents et des objets précieux au site historique du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne (dans la ville de Guangzhou, province du Guangdong, Chine, en juin 2025). Photo : Son Hai.

Les journalistes vietnamiens visitent et regardent des documents et des objets précieux au site historique du siège de l'Association de la jeunesse révolutionnaire vietnamienne (dans la ville de Guangzhou, province du Guangdong, Chine, en juin 2025). Photo : Son Hai.

Bien qu’il soit à la retraite depuis près de vingt ans, Ling Dequan continue chaque jour de lire assidûment la presse officielle vietnamienne via Internet, notamment les sites du Journal Nhân Dân, de l’Agence vietnamienne d’Information (VNA), de la Revue communiste, du Journal de l’Armée populaire du Vietnam, etc., afin de se tenir informé des grandes orientations et politiques du Parti et de l’État vietnamien, ainsi que de la situation intérieure du pays et de ses relations extérieures.

J’ai une grande estime pour les sacrifices silencieux et les immenses contributions de la presse vietnamienne et des générations de journalistes qui ont œuvré pour la lutte de libération nationale et la réunification du pays dans le passé…
a confié le journaliste Lang Dequan

Il se réjouit des avancées rapides du Vietnam ainsi que du renforcement profond de l’amitié et de la coopération entre le Vietnam et la Chine. À cette occasion, il adresse un message à ses collègues, journalistes vietnamiens, leur rappelant de « ne jamais oublier leur vocation initiale et de garder en mémoire leur mission » afin de contribuer dignement à la cause révolutionnaire du Vietnam, tout comme à l’amitié sino-vietnamienne dans cette nouvelle ère.

Publication : le 11 juin 2025
Organisation : Truong Son
Contenu : Huu Hung (Correspondant du Journal Nhân Dân en Chine)
Dessin : Nha Nam