Le Professeur Ha Huy Phuong

La Révolution d’Août et la Fête nationale du 2 septembre 1945 ont ouvert une ère d’indépendance pour le peuple vietnamien. Dans ce processus, la presse n’a pas seulement été un outil d’information, mais aussi une arme spirituelle, encourageant et rassemblant les masses populaires à se soulever pour écrire l’histoire.

La flamme révolutionnaire attisée par la presse

Dès 1925, la naissance du journal Thanh Nien, fondé par le leader Nguyen Ai Quoc, a marqué un tournant majeur dans l’histoire de la presse révolutionnaire vietnamienne.

Dans un contexte où le pays était encore sous le joug colonial français, où le mouvement patriotique, bien que fervent, demeurait dispersé et manquait de direction claire, le journal Thanh Nien a vu le jour comme une lumière nouvelle, guidant les masses sur la voie de la révolution prolétarienne.

Le premier numéro de Thanh Nien a été publié le 21 juin 1925 à Canton (Chine). Organe de presse de l’Association de la Jeunesse révolutionnaire vietnamienne-organisation fondée par Nguyen Ai Quoc, le journal, avec son contenu riche en arguments théoriques et son mode de diffusion simple et accessible, a propagé le marxisme-léninisme et indiqué au peuple vietnamien la voie juste de la lutte : l’indépendance nationale liée à la révolution sociale, sous la direction de la classe ouvrière.

Bien plus qu’un simple outil d’information, Le journal Thanh Nien fut également un instrument d’organisation, de rassemblement et de formation des cadres révolutionnaires. À travers ses articles, Nguyen Ai Quoc a semé les graines de l’amour de la patrie, de l’esprit de lutte et de l’idéal d’indépendance parmi une large jeunesse, qui constituait la force de pointe du mouvement révolutionnaire. Beaucoup d’entre eux deviendront plus tard des cadres clés du Parti communiste du Vietnam, contribuant de façon décisive à l’œuvre de libération nationale.

Thanh Nien a éveillé le désir d’indépendance dans des dizaines de milliers de cœurs vietnamiens, posant ainsi les fondations de la presse révolutionnaire du pays. Dès lors, la presse ne se limitait plus à refléter la réalité : elle devenait une arme idéologique tranchante, contribuant à orienter et à guider toute une nation sur la voie de la liberté et de l’indépendance.

 Cet événement inaugura une tradition : celle d’utiliser la presse comme un outil révolutionnaire efficace tout au long du processus de lutte et de construction nationale.

Dans les années 1940, alors que la situation politico-sociale du Vietnam entrait dans une phase particulièrement difficile, sous la double domination coloniale française et fasciste japonaise, la presse révolutionnaire poursuivit son rôle d’arme idéologique tranchante du Parti et du Front Viet Minh.

Deux journaux emblématiques, Co Giai Phong (Drapeau de la Libération) et Vietnam doc lap (Vietnam Indépendant), devinrent alors les principaux instruments de propagande, contribuant à diffuser l’esprit patriotique, l’aspiration à la libération nationale et l’appel à l’insurrection générale.

Co Giai Phong et Vietnam Doc Lap n’étaient pas de simples organes de propagande, mais de véritables symboles de l’esprit de résistance contre les Japonais et les Français. Ces publications, modestes dans leur forme, mais puissantes par leur contenu idéologique, ont renforcé la confiance du peuple, ravivé le patriotisme et conduit des millions de Vietnamiens vers l’Insurrection générale d’août 1945 avec détermination, unité et victoire.

Durant le processus révolutionnaire vietnamien, notamment des années 1920 jusqu’à la Révolution d’Août 1945, la presse ne joua pas seulement un rôle d’information et de diffusion des idées, elle devint une véritable « école politique » pour les masses.

 

Conscient de cette mission essentielle, le Parti communiste du Vietnam, sous la direction du président Ho Chi Minh, décida d’utiliser la presse comme instrument d’éducation idéologique révolutionnaire, de diffusion du marxisme-léninisme, d’exaltation du patriotisme et de mobilisation du peuple sur la voie de la lutte pour la libération et l’indépendance nationale.

Dans un contexte où le pays était sous le joug colonial, marqué par un faible niveau d’instruction et un système éducatif déformé au service du régime, la presse révolutionnaire assuma la mission d’éducation politico-idéologique avec proximité du peuple, souplesse et efficacité.

À travers des journaux tels que Thanh Nien, Vietnam Doc Lap, Co Giai Phong et Cuu Quoc, les masses eurent accès à des informations et des connaissances sur la révolution, sur l’ennemi colonial et féodal, sur les intérêts nationaux et sur la voie vers l’indépendance.

 La presse expliquait au peuple pourquoi il fallait résister, comment mener la résistance et qui était la force dirigeante la plus digne de confiance. Cela permettait au peuple, même sans avoir été scolarisé, de percevoir clairement la juste voie de la libération nationale.

Le journal Thanh Nien fut publié par le dirigeant Nguyen Ai Quoc à Canton le 21 juin 1925. Photo d’archives.

Le journal Thanh Nien fut publié par le dirigeant Nguyen Ai Quoc à Canton le 21 juin 1925. Photo d’archives.

La presse ne se contentait pas de fournir des connaissances théoriques ; elle jouait également un rôle d’orientation de l’opinion publique, de motivation et d’organisation des forces.

Les articles à caractère mobilisateur, reportages, récits, nouvelles, caricatures, poèmes, entraînaient des millions de personnes à rejoindre les rangs révolutionnaires.

Ils ne se contentaient pas de lire les journaux, mais se les échangeaient, les recopiaient à la main, les cachaient chez eux et les transmettaient comme leçons d'introduction au patriotisme et aux idéaux révolutionnaires.

Ainsi, la presse révolutionnaire remplit pleinement la fonction d’une classe politique sans tableau noir ni craie, mais profonde, vaste et d’un rayonnement considérable dans toute la société.

C’est pourquoi le président Ho Chi Minh affirma à maintes reprises le rôle éducatif de la presse révolutionnaire. Pour lui, la presse devait être à la fois propagandiste, agitatrice, organisatrice et éducatrice.

Ce point de vue traduisait clairement la vision stratégique du dirigeant Nguyen Ai Quoc sur la presse : non pas un simple vecteur d’information, mais un véritable maître politique des masses.

Durant les années révolutionnaires pleines de difficultés, grâce à la presse, des millions de Vietnamiens, des plaines aux montagnes, des intellectuels aux paysans, furent « formés politiquement » dans la discrétion, mais avec efficacité, de sorte qu’ils étaient prêts à se soulever lors de la Révolution d’Août 1945, ouvrant ainsi une glorieuse page de l’histoire nationale.

Depuis lors, la presse révolutionnaire vietnamienne continue de remplir cette noble mission : à la fois moyen de communication et « école politique » pour tout le peuple.

La presse au cœur du soulèvement général : L'ordre révolutionnaire

À la mi-août 1945, la situation mondiale et régionale connut un tournant majeur lorsque les fascistes japonais annoncèrent leur capitulation sans condition devant les Alliés, le 15 août. Ce fut une opportunité « unique dans l’histoire » pour le peuple vietnamien de se soulever et de prendre le pouvoir.

À ce moment décisif, la presse révolutionnaire vietnamienne agit aussitôt comme un front idéologico-politique acharné : elle lança un appel au soulèvement général et mobilisa l'ensemble de la population pour se soulever et prendre le pouvoir. 

Après la capitulation du Japon, de nombreux journaux du Viet Minh et du Parti communiste indochinois, tels que Co Giai phong, Cuu quoc, Viet Nam doc lap, ont rapidement publié des éditoriaux et des appels pressants du Comité central du Viet Minh et de la Permanence du Comité central du Parti.

Ces articles n’analysaient pas seulement l’opportunité stratégique, l’ennemi affaibli, le peuple prêt, mais transmettaient directement l’ordre d’action : l’Insurrection générale à l’échelle nationale.

Les plus marquants furent l’Ordre d’Insurrection générale du 13 août 1945 et l’Ordre militaire No 1 du Comité insurrectionnel, publiés rapidement, secrètement, mais largement diffusés par ces journaux, appelant tout le peuple à « se soulever pour lutter contre les fascistes japonais et leurs sbires afin de remettre le pouvoir entre les mains du peuple ».

La presse révolutionnaire de cette période jouait le rôle de véritable « haut-parleur » de la révolution, non seulement en informant, mais aussi en inspirant et en éveillant la volonté de lutte du peuple.

Ces journaux employaient un langage pressant, concis, mais d’une grande force d’expression : « L’heure de l’action est arrivée ! », « Que tout le peuple se lève ! », « Saisir le pouvoir avant l’arrivée des alliés ! ».

Ces slogans apparaissaient partout dans la presse, imprimés sur des tracts et des affiches, collés sur les murs, lus lors des rassemblements, faisant monter l’effervescence révolutionnaire de Hanoï, Hue, Saïgon jusqu’aux villages de tout le pays.

La presse ne s’est pas limitée à la propagande : elle a aussi été un instrument d’organisation de l’insurrection. Les articles guidaient la création des comités populaires, recommandaient de maintenir l’ordre lors de la prise des organismes administratifs, conseillaient de ne pas saccager les biens et incitaient les soldats japonais à déposer les armes.

Ainsi, le mouvement insurrectionnel n’a pas seulement éclaté avec force, mais il s’est aussi déroulé simultanément, de manière ordonnée et efficace dans les trois régions du pays.

Au moment décisif de l’histoire nationale, la presse révolutionnaire a pleinement joué son rôle d’orientation, de mobilisation et de guide. Grâce à ce système de presse de propagande sensible, courageux et fortement organisé, l’appel à l’Insurrection générale a été diffusé rapidement et puissamment, devenant le signal d’une action unifiée à l’échelle du pays tout entier. Ce fut l’un des facteurs essentiels ayant contribué à la victoire éclatante de la Révolution d’Août 1945, qui a ouvert une ère d’indépendance nationale et de socialisme au Vietnam.

Durant les journées historiques d’août 1945, alors que la flamme révolutionnaire s’était embrasée dans tout le pays, la presse révolutionnaire est devenue un moyen de propagande, de mobilisation et d’organisation de l’insurrection d’une efficacité remarquable. Le journal Co Giai phong, organe du Comité central du Viet Minh, a notamment publié un numéro spécial le 19 août 1945, précisément au moment où Hanoï lançait l’insurrection générale pour prendre le pouvoir.

Cet événement hautement symbolique illustre le rôle décisif de la presse dans la mobilisation et l’appel opportun des masses à l’action, contribuant à la grande victoire de la Révolution d’Août.

Le numéro spécial de Co Giai phong, paru le matin du 19 août 1945, ne se contentait pas de refléter la situation urgente du moment, mais lançait aussi un appel concret et direct à la population de la capitale.

Le slogan le plus marquant de ce numéro était : « Que tout le peuple de Hanoï se lève pour s’emparer du pouvoir ! », bref, tranchant et plein d’ardeur révolutionnaire.

Le journal publiait également les directives du Comité insurrectionnel ainsi que des instructions d’action destinées à chaque couche de la population : ouvriers, élèves, soldats, femmes, jeunes.

Le journal affirmait clairement que le moment était venu, que le pouvoir colonial se désagrégeait et que le peuple devait se soulever sans tarder pour s’emparer du pouvoir avant l’arrivée des forces alliées.

 Avec sa présentation urgente, ses mots enflammés et les informations à jour sur les provinces déjà sous le contrôle du nouveau gouvernement (comme Hue, Bac Giang, Bac Ninh...), le numéro spécial du 19 août de Vo Giai phong a joué un rôle crucial en élevant l'esprit révolutionnaire, en affirmant la légitimité du soulèvement et en renforçant la confiance du peuple dans la victoire.

Plus qu'un simple article d'encouragement, le journal a également été un outil d'organisation de l'action : il a guidé la population pour qu'elle participe aux manifestations, occupe les administrations publiques, maintienne l'ordre et protège les acquis de la révolution.

La presse n'est pas seulement un moyen d'information, mais aussi un lien spirituel, qui inspire et contribue à affirmer la justesse de l'événement.

À travers les articles, le peuple vietnamien et les amis internationaux ont pu mieux comprendre la signification du 2 septembre 1945, non seulement le jour de l'indépendance, mais aussi le jour de la naissance d'une nouvelle ère pour la nation, avec de profondes valeurs humanistes de liberté, de démocratie et de souveraineté nationale.

La réalité historique a prouvé la puissance de ce journal.

Le matin du 19 août, des centaines de milliers de Hanoïens, ouvriers, étudiants, fonctionnaires, paysans et soldats, ont afflué sur la place du Grand Opéra pour un rassemblement, puis ont lancé l'insurrection, occupant le palais du Délégué Impérial, la caserne de l'Armée de la Sécurité, le commissariat de police et d'autres bureaux, prenant le contrôle total de la capitale l'après-midi même.

La presse, y compris le journal « Co Giai phong », a été l'un des facteurs importants qui ont créé la simultanéité, l'enthousiasme et l'efficacité de l'insurrection générale à Hanoï.

Le numéro spécial de « Co Giai phong » du 19 août 1945 est un exemple typique du rôle historique de la presse révolutionnaire vietnamienne : opportune, précise, mobilisatrice et guidant l'action des masses. Ce n'est pas un hasard si Ho Chi Minh a comparé la presse à « une arme affûtée dans la cause révolutionnaire », et « Co Giai phong » est l'un des symboles les plus représentatifs de cette affirmation pendant le point culminant de l'insurrection générale d'août.

Pendant la Révolution d'Août 1945, lorsque les médias modernes n'étaient pas encore largement développés, les affiches de propagande et les tracts sont devenus des outils essentiels de transmission de l'information révolutionnaire.

Ces affiches et tracts étaient imprimés rapidement, largement diffusés avec des images vivantes, des couleurs vives et des slogans concis et faciles à mémoriser.

Ils étaient placardés sur les murs des rues, les poteaux électriques, les ruelles, dans les lieux très fréquentés, comme les marchés, les écoles et les espaces publics.

Ces affiches et tracts ne se contentaient pas de transmettre des informations, ils avaient aussi un pouvoir d'encouragement spirituel puissant. Ils étaient le « porte-voix des masses » sous la forme la plus visuelle et la plus facile à comprendre, aidant les gens à saisir rapidement et correctement les objectifs de la révolution et à y adhérer.

Les illustrations étaient souvent des symboles, comme le drapeau rouge à l'étoile jaune, des images de soldats, de gens armés, des slogans appelant à la lutte, à la prise du pouvoir et à la résistance contre le Japon et la France.

Le fait de couvrir les murs des rues avec des tracts et des affiches de propagande a non seulement permis à l'information de se répandre rapidement, mais a également créé une atmosphère révolutionnaire animée et fervente au sein de la population. 

Chaque tract, chaque affiche de propagande représentait un appel direct, incitant la population à participer aux mouvements de lutte. Cette forme de communication vivante et visuelle convenait à tous les publics, leur permettant de recevoir facilement le message.

Plus qu’un simple outil de propagande, les journaux illustrés et les tracts constituaient aussi un moyen de relier les organisations révolutionnaires au peuple.

Grâce à ces outils, les dirigeants révolutionnaires pouvaient transmettre rapidement des lignes directrices, directives et plans d’action, tout en mobilisant et en encourageant l’esprit de lutte et de grande solidarité au sein des masses populaires.

Dans le contexte d'urgence de l’Insurrection générale d’août 1945, la diffusion des affiches et tracts révolutionnaires a contribué à créer le consensus et l’unanimité au sein de la population, des facteurs décisifs du succès de la révolution.

La presse au jour de l’Indépendance – arme spirituelle immortelle

Le 2 septembre 1945, sur la place Ba Dinh à Hanoï, le président Ho Chi Minh lut la Déclaration d’indépendance, proclamant officiellement la naissance de la République démocratique du Vietnam.

Cet événement historique majeur marqua la fin de près d’un siècle d'esclavage sous le joug colonial et féodal.

La presse nationale, incluant des journaux révolutionnaires comme Co Giai phong ou Viet Nam doc lap et des gazettes locales, s’empressa de rapporter et de refléter l’atmosphère bouillonnante, pleine d’enthousiasme et de fierté du peuple. Les articles, images et commentaires exprimaient une confiance absolue dans la cause révolutionnaire, exaltaient le rôle de direction du Parti et du président Ho Chi Minh, et traduisaient l’aspiration profonde à l’indépendance, à la liberté, à la paix et au bonheur.

Au-delà des frontières, l’événement attira également l’attention de la presse internationale.

Des agences de presse et journaux d’Asie, d’Europe et d’Amérique couvrirent tous la déclaration d'indépendance du Vietnam. Ils soulignèrent qu’il s’agissait d’un tournant majeur sur la scène politique mondiale et d’une évolution importante de la situation en Asie du Sud-Est après la Seconde Guerre mondiale.

Certains journaux louèrent la solidarité et la résilience du peuple vietnamien durant sa lutte contre le colonialisme. Cela contribua à renforcer le prestige de la révolution vietnamienne sur la scène internationale, tout en faisant pression sur les puissances occidentales pour qu'elles reconnaissent et résolvent la question coloniale de manière plus équitable.

La presse n’était pas seulement un moyen d’information, mais aussi un pont spirituel, une source d’inspiration et un outil d’affirmation du caractère juste de la Déclaration d’indépendance du Vietnam. Grâce à la presse, les Vietnamiens comme les amis étrangers pouvaient mieux comprendre la signification importante du 2 septembre 1945, qui était non seulement le jour de l’indépendance, mais aussi la naissance d’une nouvelle ère pour la nation vietnamienne, porteuse de valeurs humanistes profondes de liberté, de démocratie et de souveraineté.

Le fait que la presse nationale et internationale ait immortalisé l’atmosphère solennelle de ce jour historique a contribué à préserver une mémoire précieuse, à diffuser l’esprit révolutionnaire et à affirmer la position du Vietnam sur la scène mondiale. C’est là une preuve éclatante de la puissance des médias dans la représentation et la formation de la conscience sociale, en particulier lors des moments charnières de l’histoire. 

La presse nationale, avec un langage solennel et des accents vibrants, a immortalisé la fierté et la joie de tout un peuple en ce jour historique. Ces mots puissants n’ont pas seulement reflété l’événement, mais se sont aussi fait l’écho d’un appel à l’unité et à la foi, réaffirmant la justesse de la cause révolutionnaire et le caractère sacré de l’indépendance nationale.

Parallèlement, la presse internationale a rendu compte de cet événement avec un regard objectif et empreint de respect, illustrant l’attention portée par le monde au tournant historique vécu par le Vietnam, tout en mettant en lumière le rôle de Ho Chi Minh comme un dirigeant révolutionnaire exemplaire. 

Dès la proclamation de la République démocratique du Vietnam, le 2 septembre 1945, la presse ne s’est pas limitée à la propagande nationale ; elle s’est vue confier une mission tout aussi cruciale : la communication extérieure.

Les journaux révolutionnaires sont devenus des vecteurs essentiels pour transmettre l’image, les politiques et les positions du nouvel État auprès des amis internationaux, affirmant ainsi la légitimité et le droit à l’autodétermination du peuple vietnamien devant la communauté mondiale.

La presse a affirmé la souveraineté et la légitimité de la République démocratique du Vietnam. Elle a publié de manière proactive des articles, des dépêches et des déclarations officielles sur l’indépendance du pays, en soulignant que le nouvel État était né de la volonté et des aspirations légitimes de tout un peuple. Les publications ont mis en exergue le rôle de direction du président Ho Chi Minh et du Gouvernement provisoire dans la continuité de la tradition patriotique et de la lutte pour la libération nationale, renforçant ainsi le prestige et la reconnaissance internationale du Vietnam.

La presse a joué un rôle décisif dans la conquête du soutien international et la réfutation des thèses hostiles. En plus d’affirmer la légitimité du nouvel État, elle a contribué, sur le plan diplomatique, à obtenir l’appui des pays alliés et des peuples progressistes à travers le monde. Les journaux ont réfuté les discours niant le droit à l’autodétermination du Vietnam, dénoncé les campagnes de propagande mensongères du colonialisme français et des forces hostiles. Ce faisant, la presse a contribué à élever le statut du Vietnam sur la scène internationale et à exercer une pression sur les grandes puissances pour les amener à reconnaître l’indépendance du pays.

La presse comme « ambassadeur » officieux du nouvel État. Grâce à des articles et des entretiens, elle a présenté la culture, l’histoire, l’esprit de solidarité et l’aspiration à la liberté du peuple vietnamien à la communauté internationale.

Des publications éditées en plusieurs langues ont permis de diffuser largement l’image du Vietnam et de renforcer le consensus mondial en faveur de la reconnaissance du nouveau gouvernement. Ce fut une forme « d’ambassade » non officielle, mais d’une efficacité remarquable dans la construction de relations diplomatiques et dans la promotion de l’image nationale.

Ainsi, dans la période fondatrice de la République démocratique du Vietnam, la presse ne fut pas seulement un instrument de mobilisation interne, mais aussi un levier essentiel pour l’action extérieure. Elle a contribué à établir et affirmer la légitimité du nouvel État sur la scène internationale, tout en cherchant à rallier des soutiens et à contrer les thèses réactionnaires, créant ainsi les conditions nécessaires au développement et au renforcement du pays dans les années difficiles qui suivirent.

Tout au long de la préparation et du déroulement de la Révolution d’Août 1945, la presse révolutionnaire a joué un rôle central dans la transmission des orientations et des directives du Parti et du Front Viet Minh auprès des larges masses populaires. 

Les journaux tels que Co Giai phong, Viet Nam doc lap, Viet Nam doc lap, Cuu quoc va Su that ont publié sans relâche des articles, tracts et affiches de propagande afin de raviver l’esprit patriotique, la volonté d’indépendance et de liberté, ainsi que la conscience de la lutte contre le colonialisme et le fascisme.

Grâce à cela, la presse est devenue un canal d’information officiel, attirant l’attention et suscitant l’adhésion de toutes les couches de la population.

La presse ne se contentait pas de fournir de l’information : elle jouait aussi un rôle essentiel dans l’élévation de la conscience politique des masses, les aidant à comprendre clairement les objectifs et la signification de l’insurrection.

 Les articles analysaient en profondeur la situation politique et appelaient le peuple à se lever pour reconquérir la souveraineté nationale. Cela a contribué à transformer les mentalités passives, à stimuler l’esprit d’initiative, de créativité et le courage au sein du peuple, en particulier chez les ouvriers, les paysans et les soldats.

La presse fut utilisée de manière souple aux côtés des tracts, affiches de propagande et slogans collés sur les murs des villes, devenant ainsi un véritable « haut-parleur des masses » exhortant le peuple à se soulever.

 Cette forme de propagande vivante et visuelle a également touché ceux qui savaient peu lire et écrire, créant ainsi un vaste mouvement populaire, forgeant la force collective de toute la nation dans la révolution.

Outre son rôle de propagande, la presse reflétait en temps réel les événements et l’évolution de la révolution, relayant les nouvelles des insurrections dans de nombreuses localités. Ce faisant, elle encourageait, stimulait la mobilisation et renforçait la foi et la force morale du peuple sur le chemin de la conquête de l’indépendance et de la liberté.

 Les articles exaltant les victoires et l’esprit combatif des forces révolutionnaires ont contribué à diffuser un élan de confiance dans la victoire.

La presse a directement contribué au succès de la Révolution d’Août en diffusant les orientations du Parti, en mobilisant les masses à participer à l’insurrection, en élevant la conscience politique et en créant une atmosphère d’effervescence, de fierté et de détermination dans tout le peuple.

Il s’agit là de l’un des facteurs clés ayant assuré la réussite de la révolution.

Un pont lors de la Fête nationale - Un socle solide pour une nouvelle époque

Le 2 septembre 1945, jour de la Fête nationale, la presse a joué un rôle crucial en tant que trait d’union entre le Parti communiste vietnamien, le nouveau gouvernement et l’ensemble du peuple.

Par le biais d’articles, de reportages et d’images publiés, elle a transmis clairement l’esprit, la volonté et les aspirations du Parti à toutes les couches sociales, permettant au peuple de comprendre profondément la signification sacrée de la Fête nationale, le jour de la naissance de la République démocratique du Vietnam.

La presse a relayé les discours et directives du Parti et du président Ho Chi Minh de la manière la plus vivante et la plus accessible, permettant à la population de ressentir l’attention et l’orientation du Parti en cette période historique décisive.

Ces articles de propagande puissants n’apportaient pas seulement de l’information, mais inspiraient également confiance, renforçaient l’unité et la cohésion nationale, des villes aux campagnes, des montagnes aux plaines.

En plus de transmettre les orientations du Parti, la presse recueillait et reflétait les aspirations et préoccupations du peuple, ceux qui bénéficiaient directement du nouveau pouvoir et participaient à la construction de l’État. À travers des articles, des lettres de lecteurs et des reportages sur le terrain, elle permettait au Parti de saisir la voix des masses, afin d’apporter des ajustements et des orientations appropriées, garantissant une direction juste et proche du peuple.

Le président Ho Chi Minh avec des journalistes lors du IIIe Congrès de l’Association des Journalistes du Vietnam, en 1962. Source : Musée de la Presse vietnamienne.

Le président Ho Chi Minh avec des journalistes lors du IIIe Congrès de l’Association des Journalistes du Vietnam, en 1962. Source : Musée de la Presse vietnamienne.

La Fête nationale est une occasion pour toute la nation de se rassembler autour d’un objectif commun : bâtir et défendre un pays indépendant et libre.

La presse a contribué à forger un large consensus social en diffusant les valeurs culturelles, l’esprit patriotique, les sacrifices et la détermination révolutionnaire. Ce faisant, elle est devenue un solide pont reliant étroitement le Parti au peuple dans les moments historiques décisifs.

Le 2 septembre 1945, jour de la Proclamation de l’indépendance, la presse a joué un rôle essentiel en tant que vecteur de communication, transmettant les messages du Parti au peuple et reflétant en retour la voix du peuple vers le Parti. Elle a ainsi renforcé la confiance, créé une unité de pensée et d’action, jetant les bases solides pour le développement futur du pays.

Après la victoire de la Révolution d’Août et la Fête nationale, la presse vietnamienne est entrée dans une nouvelle ère de développement, devenant un outil indispensable dans l’œuvre de construction et de défense nationale. C’est à cette époque que la presse révolutionnaire a posé les fondations solides de son rôle en tant que voix du Parti, du Gouvernement et du peuple, contribuant à accélérer le processus de révolution socialiste.

La presse ne s’est pas limitée à la propagande politique ; elle a élargi son champ d’action à d’autres domaines, tels que l’éducation, la culture, l’économie et la société. Elle a toujours accompagné la nation à chaque étape de son développement, depuis les premiers jours de l’indépendance jusqu’au processus d’industrialisation et de modernisation. Grâce à elle, le peuple comprend mieux les orientations et politiques du Parti, renforçant ainsi son sens des responsabilités et contribuant au développement durable du pays.

Dans la nouvelle ère, la presse révolutionnaire est considérée comme un instrument crucial pour orienter la pensée, contrer les idées erronées et réactionnaires, et maintenir l’unité idéologique au sein de la société. Les journaux et magazines ont joué le rôle de « guides », aidant le peuple à mieux comprendre la voie révolutionnaire et à consolider sa confiance dans la direction du Parti et de l’État.

Grâce à son développement vigoureux et à son rôle déterminant, la presse révolutionnaire est devenue une composante essentielle de la vie sociale vietnamienne. Elle ne se contente pas de fournir des informations rapides et précises, mais participe également à la construction d’une nouvelle culture, à la diffusion des valeurs progressistes, et à l’encouragement de l’esprit d’unité et de créativité nationale.

Depuis la Révolution d’Août, la presse vietnamienne a solidement jeté les bases d’une nouvelle époque, devenant un compagnon fidèle de la nation sur la voie de la construction et de la défense de la patrie. Son rôle ne cesse de se renforcer et de s’élargir, contribuant à mobiliser la force collective du peuple dans l’œuvre révolutionnaire et le développement national.

En revisitant ces 80 années d’histoire, le rôle de la presse lors de la Révolution d’Août et de la Fête nationale du 2 septembre ne se limite pas à un simple accompagnement, mais représente une participation directe à l’œuvre de libération nationale. Aujourd’hui, à l’ère numérique, la presse révolutionnaire poursuit cette mission : semer la confiance, diffuser l’esprit d’indépendance, et accompagner l’aspiration vietnamienne.

 

Publication : le 2 septembre 2025
Dessin : Hanh Vu
Photos : VNA