Sur son chemin de trente ans à travers le monde pour trouver la voie du salut national, le Président Ho Chi Minh – le chef génial du Vietnam – a appris le journalisme et a utilisé la presse comme une arme affûtée pour lutter pour la paix, l'indépendance et la liberté de la nation. La France est le lieu où il a laissé une empreinte profonde : c'est là qu'il a fait sa première halte, qu'il a découvert le chemin du salut national, et c'est aussi là qu'il a utilisé la presse pour faire entendre la voix de la raison et de la justice au service de la cause révolutionnaire. 

Les documents d'archives en France montrent que Nguyen Ai Quoc, connu plus tard sous le nom de Président Ho Chi Minh, a activement participé à des activités révolutionnaires et a écrit pour des journaux en France durant son séjour de 1917 à 1923. 

Au cours de son travail, de son apprentissage et de son éveil révolutionnaire, Nguyen Tat Thanh a commencé à s'intéresser et à étudier la presse – un moyen d'information populaire et très efficace à l'époque. Dès lors, il a profité de cette occasion pour apprendre le français en autodidacte et pour apprendre le journalisme.

Le camarade Nguyen Ai Quoc participe et prend la parole au XVIIIe Congrès national du Parti Socialiste Français à Tours, le 26 décembre 1920. Photo d’archive : VNA.

Le camarade Nguyen Ai Quoc participe et prend la parole au XVIIIe Congrès national du Parti Socialiste Français à Tours, le 26 décembre 1920. Photo d’archive : VNA.

Faire du journalisme pour la cause révolutionnaire

Nguyen Ai Quoc est le nouveau nom qu'il a pris à partir de juin 1919, lorsqu'il a représenté les patriotes vietnamiens en France pour envoyer les Revendications du peuple Annamite, comportant huit points exigeant que le gouvernement français reconnaisse les droits démocratiques et les droits à l'égalité du peuple vietnamien, à la Conférence de Versailles. 

Durant son séjour en France, Nguyen Ai Quoc a collaboré avec de nombreux journaux, en particulier des publications liées au mouvement ouvrier, communiste et à la lutte contre l’injustice sociale, notamment : Le Populaire, La Vie d'Ouvriers, Le Libertaire ou encore L'Humanité. 

En 1922, Nguyen Ai Quoc, avec ses camarades de l'Union Intercoloniale, a lancé le journal Le Paria afin de propager l'idée de la libération des colonies. Cette publication est devenue un forum pour Nguyen Ai Quoc et l'Union Intercoloniale afin de promouvoir cette idée. 

En quatre ans d'existence, le journal Le Paria a publié 38 numéros contribuant de manière extrêmement importante à la diffusion du marxisme-léninisme en Indochine et dans d’autres colonies, promouvant le mouvement de lutte contre le colonialisme français et ouvrant une nouvelle ère à la libération de la nation.

Carte de membre du Parti communiste de France du camarade Nguyen Ai Quoc sous le nom d'Henri Tchen, en 1922.

Carte de membre du Parti communiste de France du camarade Nguyen Ai Quoc sous le nom d'Henri Tchen, en 1922.

Dans son livre « Ho Chi Minh : écrits et luttes », publié en 2019, l'historien français Alain Ruscio, qui a consacré de longues années à l’étude des documents historiques sur les États colonisés et le président Ho Chi Minh, souligne que ce dernier a découvert que le journalisme était une arme efficace contre le régime colonial français. 

La raison en est que, à l'époque, le peuple colonisé vivait sous le joug d'un système de censure stricte de toutes les publications pouvant le contester ou l’affaiblir. 

En France, le langage de la presse a été une révélation stimulante pour ce jeune homme en quête de la libération de son pays. 

Là-bas, on pouvait dire, et surtout écrire, presque tout ce que l’on voulait. C’est justement par la plume que Nguyen Ai Quoc a mené ses combats durant son séjour en France. Devenu communiste, il a continué à mobiliser tous les moyens de la presse pour s’informer sur le destin et les espoirs de son pays, mais aussi sur celui des pauvres et des exploités dans d’autres parties du monde. Les écrits journalistiques de Nguyen Ai Quoc en France témoignent d’un esprit critique à l’égard de l’impérialisme, du colonialisme français, et revendiquent la liberté et l’égalité pour les travailleurs.

Les Revendications du peuple annamite est exposée dans l’Espace Hô Chi Minh du Musée de l’Histoire vivante (dans le Parc Montreau, ville de Montreuil, en banlieue de la capitale Paris, en France).

Les Revendications du peuple annamite est exposée dans l’Espace Hô Chi Minh du Musée de l’Histoire vivante (dans le Parc Montreau, ville de Montreuil, en banlieue de la capitale Paris, en France).

Les écrits journalistiques de Nguyen Ai Quoc en France témoignent d’un esprit critique à l’égard de l’impérialisme, du colonialisme français, et revendiquent la liberté et l’égalité pour les travailleurs.

Aux archives du journal L’Humanité — fondé en 1904, représentant de la pensée socialiste et devenu en 1920 l’organe central du Parti communiste français — est conservé l’article intitulé “La question indigène en Indochine”, publié dans l’édition du 2 août 1919. Dans ce texte, Nguyen Ai Quoc esquisse déjà ce qui deviendra plus tard le cœur de son ouvrage majeur « Le Procès de la colonisation française »(1925). 

Dès les premières lignes de l’article, Nguyen Ai Quoc écrit :

 Le journal L’Humanité du 18 juin dernier a publié une pétition des Annamites adressée à la Conférence de la paix, réclamant l’amnistie pour tous les prisonniers politiques indigènes, la réforme du régime juridique en Indochine par l’octroi aux autochtones des mêmes garanties qu’aux Européens, la liberté de la presse, de réunion, d’association, la liberté d’enseignement, la substitution du régime des lois à celui des décrets ; et enfin, l’établissement d’une délégation permanente des autochtones élue au Parlement français.

Nguyen Ai Quoc souligne :

« Nous ne pouvons que faire nôtres ces revendications on ne peut plus légitimes, à une époque où le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un principe reconnu. La France a commencé à conquérir l’Indochine à peu près au même moment où le Japon entreprenait ses grandes réformes célèbres de 1868. En un demi-siècle, le Japon a su se doter d’un régime qui l’a hissé au rang des grandes puissances mondiales ; tandis que la France, il faut le dire, tâtonne encore dans sa politique indochinoise. »

Il dénonce la domination de la tyrannie qui prive les peuples colonisés de leurs droits humains fondamentaux, un régime d’oppression fondé sur la force pour exploiter sans vergogne une population maintenue dans l’ignorance et la misère, ainsi qu’un gouffre administratif et juridique entre les Européens et les autochtones.

Bien que l’article ait ébranlé le milieu colonial, il affirmait le ton mesuré, tant sur le contenu que sur la forme, de la pétition : « Nos revendications visent des réformes essentielles à notre émancipation et aux libertés sans lesquelles l’être humain d’aujourd’hui n’est qu’un misérable esclave. Nul ne peut nier que, sans ces libertés, indispensables à la diffusion des idées et des connaissances qu’exige la vie moderne, aucun effort sérieux d’instruction ne saurait être entrepris. »

Dans son article « Quelques réflexions sur la question coloniale » publié dans L’Humanité le 25 mai 1922, Nguyen Ai Quoc expose sa position sur la lutte anticolonialiste au sein du Parti communiste français : ce nouveau parti, écrit-il, « ne peut plus se contenter de déclarations purement sentimentales et sans effet, comme à l’époque de la Première et de la Deuxième Internationale ; il lui faut un programme d’action précis, une politique efficace et concrète ». 

En tant que membre, il ne se limite pas à rappeler les difficultés du Parti pour s’attaquer à la question coloniale ; il souligne aussi l’indifférence du prolétariat métropolitain envers les colonies. Il propose : « Les ouvriers de la métropole doivent comprendre ce que sont les colonies, savoir ce qui s’y passe, connaître les souffrances, mille fois plus grandes que les leurs,que supportent leurs frères, les prolétaires coloniaux. En résumé, ils doivent s’intéresser à la question coloniale… Face à ces obstacles, que doit faire le Parti ? Renforcer son travail de propagande pour les surmonter ».

À la suite de l’article Nguyen Ai Quoc du 22 mai 1922, le journal L’Humanité a décidé d'ouvrir une rubrique d'information régulière consacrée aux pays colonisés. Nguyen Ai Quoc en fut l’un des contributeurs les plus actifs, rédigeant de nombreux articles de 1922 à 1924. 

En se concentrant sur deux sujets majeurs liés aux intérêts des Français vis-à-vis les colonies et l’internationalisme, Nguyen Ai Quoc s’est efforcé de convaincre ses camarades au sein du Parti communiste français ainsi que les prolétaires français qu’ils devaient lutter, aux côtés des peuples colonisés, contre un ennemi commun : l’impérialisme brutal. À cette époque, la question coloniale ne préoccupait guère les membres du Parti communiste français. 

Selon l’historien Alain Ruscio, les articles de Nguyen Ai Quoc, avec des arguments percutants et lucides sur la situation misérable du Vietnam, prouvent la solide maturité politique de ce journaliste dans son parcours révolutionnaire en France. Les articles de Nguyen Ai Quoc parus dans la presse française reflètent fidèlement ses pensées et actions sur la voie du salut national, ainsi que ses engagements concrets en faveur de la révolution vietnamienne et du mouvement révolutionnaire mondial.

L'article intitulé « Quelques réflexions sur la question colonial », publié dans L’Humanité le 25 mai 1922.

L'article intitulé « Quelques réflexions sur la question colonial », publié dans L’Humanité le 25 mai 1922.

L’héritage journalistique du Président Ho Chi Minh

Le chef du service international du journal L’Humanité, Vadim Kamenka, a confié : « Ho Chi Minh était un grand journaliste, un brillant exemple de l’esprit de lutte pour les idéaux nobles et justes ».

C'était pour la justice, la liberté, l'égalité, la paix pour la Patrie et aussi pour un noble esprit international. En France et avec le journal L'Humanité, de 1920 à 1923, Ho Chi Minh n'était pas seulement un militant communiste et anticolonialiste, mais aussi un journaliste extrêmement actif, appelant à la solidarité des pacifistes en France et des peuples opprimés et exploités par le colonialisme. 

La tradition des journalistes de L'Humanité mentionne les empreintes particulières de Ho Chi Minh durant sa période d'activités révolutionnaires et de journalisme en France, sous divers pseudonymes, dont le plus connu est Nguyen Ai Quoc.

L'analyse des documents historiques montre que l'activité journalistique a été l'un des facteurs importants à cette étape, ayant une signification décisive dans le développement de sa pensée et de son esprit de lutte politique.

C'était un journaliste aux multiples talents, écrivant des articles sous diverses formes : éditoriaux, commentaires, nouvelles, traductions, saynètes, récits et même des caricatures, comme celle publiée dans le journal Le Paria, numéro 5, le 1er août 1922, illustrant l'exploitation coloniale française de la classe ouvrière vietnamienne. 

Le journaliste Vadim Kamenka souligne : On peut dire que L'Humanité et Nguyen Ai Quoc étaient « destinés à se rencontrer ».

C’est à travers la presse que le Président Ho Chi Minh a découvert, pour la première fois, l’ébauche des Thèses sur la question nationale et coloniale de V. I. Lénine. Cette rencontre déterminante lui a permis de trouver la voie du salut pour le peuple vietnamien et a marqué le début de ses activités journalistiques majeures dans le cadre de son engagement révolutionnaire.

Des images et des documents sur le Président Ho Chi Minh sont exposés dans l’Espace Ho Chi Minh du musée d’Histoire vivante (dans le Parc Montreau, de la ville de Montreuil, en banlieue de la capitale Paris).

Des images et des documents sur le Président Ho Chi Minh sont exposés dans l’Espace Ho Chi Minh du musée d’Histoire vivante (dans le Parc Montreau, de la ville de Montreuil, en banlieue de la capitale Paris).

Nguyen Ai Quoc fonde en 1922 le journal Le Paria, qui devient une tribune des peuples colonisés pour dénoncer la domination et l’exploitation des puissances coloniales. Le journal appelle à l’union des peuples opprimés avec, pour objectif suprême, la libération de l’être humain. Bien qu’il ait collaboré à plusieurs autres journaux, c’est au L’Humanité qu’il consacre le plus d’efforts et d’engagement, en y publiant de nombreux articles d’une grande valeur intellectuelle, politique, morale, culturelle et diplomatique.

Sous de multiples pseudonymes, Nguyen Ai Quoc a rédigé des centaines d’articles et de brèves pour L’Humanité. Il s’y affirme comme un organisateur et un homme de presse rigoureux, apportant son intelligence, sa créativité, ainsi qu’un esprit combatif à la fois tenace et habile. À travers ses écrits, il démontre une vision d’avant-garde en identifiant les causes profondes de la misère dans les pays colonisés, tout en s’efforçant de convaincre, avec constance, ses camarades et amis français, soviétiques et chinois de la justesse de sa ligne révolutionnaire. 

C’est pourquoi le journaliste Nguyen Ai Quoc, avec un style incisif et des arguments percutants, parvient à capter une attention particulière au sein du lectorat français, gagnant ainsi la sympathie et le soutien à sa cause de libération nationale. 

Au fil du temps, le journal L’Humanité s’est affirmé comme un porte-drapeau sur le front médiatique en France, diffusant l'information et publiant de nombreux articles en soutien à la lutte du Président Ho Chi Minh et du peuple vietnamien pour l’indépendance, la liberté et la réunification nationale. 

À travers ses activités journalistiques en France, Nguyen Ai Quoc (Ho Chi Minh) a véritablement réussi à utiliser « la presse comme une arme tranchante » dans son parcours révolutionnaire.

L’historien Alain Ruscio et le journaliste Vadim Kamenka soulignent que le Président Ho Chi Minh a fait de la presse un outil de lutte révolutionnaire et un vecteur de diffusion des idéaux humanistes de paix, d’indépendance, de liberté, d’égalité, de solidarité et de progrès social.

La pensée et le style journalistique de Ho Chi Minh constituent un trésor inestimable légué aux générations de journalistes d’aujourd’hui et de demain.

Le Président Ho Chi Minh fut un grand leader révolutionnaire du Vietnam. Avant d'accéder à ce rôle, il fut journaliste, et utilisa la presse comme un instrument de propagande et de lutte pour l’indépendance et la liberté de la nation vietnamienne.

Publication : le 13 juin 2025
Organisation : Truong Son
Contenu : Khai Hoan & Minh Duy - correspondants du Journal Nhân Dân en France
Dessin : Nha Nam