Les vingt premières années (1925-1945) de l’histoire de la presse révolutionnaire furent particulièrement riches. Elles ont légué un héritage de combat, un savoir-faire journalistique prolétarien et une précieuse génération de cadres pour la presse révolutionnaire, qui poursuivront leur mission après la prise du pouvoir en 1945.

LA PRESSE RÉVOLUTIONNAIRE VIETNAMIENNE ENTRE 1925 ET 1930

Dès le début des années 1920, les idées révolutionnaires du prolétariat commencèrent à être diffusées au Vietnam par le biais de journaux tels que Le Paria, publié par l’Union Intercoloniale, L’Humanité, organe du Parti communiste français, ou encore Inprekorr, publication de l’Internationale communiste. 

À la fin de l’année 1924, Nguyen Ai Quoc, envoyé du Département d’Orient de l’Internationale communiste, fut dépêché dans le sud de la Chine pour diriger directement la révolution au Vietnam et dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est.

En parallèle de la mise en place de formations et de l’adhésion de nouveaux membres, il lança la publication du journal Thanh Niên (La Jeunesse), dont le premier numéro parut le 21 juin 1925.

Le journal “Thanh niên”

Le journal “Thanh niên”

Il s’agissait là d’une forme d’action révolutionnaire entièrement nouvelle : combiner organisation, formation et publication d’un journal. Les jeunes communistes, jusqu’alors habitués aux formes de propagande orales et à l’adhésion militante, n’avaient jamais envisagé d’écrire, d’éditer ni d’imprimer un journal. 

Après le journal Thanh niên, Nguyen Ai Quoc créa Kong Nong (Ouvriers et Paysans), un journal destiné à éveiller la conscience patriotique des ouvriers et des paysans selon la perspective du socialisme scientifique (1926) ; puis Linh Kach Menh (Le Soldat Révolutionnaire, 1927), pour sensibiliser les soldats vietnamiens de l’armée coloniale française à ne pas être les instruments de l’oppresseur, mais plutôt à s’unir aux ouvriers et paysans pour mener la révolution. 

Outre les publications de ressort central, un réseau de presse communiste vit le jour à travers tout le pays, émanant des comités provinciaux du Parti communiste d’Indochine, des syndicats, des associations étudiantes et de certaines cellules locales. 

Les journaux du Parti étaient rédigés selon le programme adopté lors de sa fondation, basé sur les Thèses sur la question nationale et coloniale du VIe Congrès de l’Internationale communiste de 1928. 

En août 1929, le Parti communiste d’Annam fut fondé, avec des cellules en Cochinchine et dans certaines régions du sud de la Chine. La cellule du Parti à Shanghai publia Le Rouge, également rédigé à la main sur du papier stencil. 

D’après les documents disponibles, depuis le lancement du “Thanh niên” jusqu’à la fin de l’année 1929, plus de 50 journaux et revues furent publiés par l’Association des Jeunes Révolutionnaires, le Parti communiste d’Indochine et le Parti communiste d’Annam.

Certains journaux, comme “Thanh niên”, publièrent environ 200 numéros (chiffre non officiel), tandis que d’autres ne publièrent que quelques dizaines, voire quelques exemplaires seulement. Ces publications constituent un patrimoine inestimable de la presse révolutionnaire vietnamienne des débuts, et de la presse vietnamienne en général. 

Quelques titres emblématiques de cette période :

Le journal “Búa Liềm” (La Faucille et le Marteau)

Selon les archives vietnamiennes et les services de renseignement français, “Búa Liềm”, organe central du Parti communiste d’Indochine, publia neuf numéros à partir du 1er octobre 1929, à raison d’un numéro tous les quinze jours. 

La une du journal arborait l’image d’une faucille et d’un marteau entrelacés, symbolisant l’alliance des classes ouvrière et paysanne, accompagnée du titre “Búa Liềm” en caractères gras. Juste en dessous figurait la mention : Organe central du Parti communiste d’Indochine. 

D’après les sources actuelles, le cinquième numéro, paru le 11 décembre 1929, fut un numéro spécial, marquant le deuxième anniversaire de l’insurrection ayant conduit à la création de la Commune de Canton (Chine). Ce numéro comportait quatre grands thèmes. Le premier abordait les trois objectifs de l’insurrection de Canton de 1927 ; le deuxième présentait une collecte d’informations de Nguyen Van Hoan sur la mobilisation des ouvriers et des paysans dans des actions concrètes ; le troisième traitait des missions de lutte des ouvriers, paysans et soldats d’Indochine.

Enfin, le dernier thème appelait à l’unité internationale du prolétariat et des peuples opprimés dans le monde entier, afin de renverser le capitalisme, l’impérialisme et instaurer le communisme.

Báo “Đỏ” (Journal Rouge)

Sur la une du journal, à droite du titre en gros caractères, on pouvait lire, encadrée, l’inscription suivante : « Báo Đỏ (Journal Rouge) est l’organe d’une cellule communiste dont l’objectif est d’encourager les communistes et les cellules communistes d'Annam à s’unir au sein d'un Parti communiste officiel ».

Dans un autre encadré à gauche du titre du journal, on trouvait également cette déclaration : « Fonder un Parti communiste officiel, diriger les masses dans la lutte, s’opposer à la répression, aux assassinats, aux déportations et à l’incarcération des révolutionnaires, telle est aujourd’hui la responsabilité urgente des communistes en Annam ».

Le Journal Rouge était l'organe d'une branche du Parti communiste annamite en activité en Chine, avec pour membres Ho Tung Mau, Le Hong Son, Do Ngoc Du et Nguyen Luong Bang, entre autres. Il s’agit d’un journal manuscrit sur stencil. Les informations sur son premier numéro et le nombre total de numéros publiés restent inconnues.

La presse révolutionnaire vietnamienne pendant la période 1930-1936

Au début de 1930, lors de la Conférence sur l’unification des organisations communistes et la fondation du Parti communiste du Vietnam, les délégués ont adopté une résolution sur la presse écrite :

1. Supprimer les journaux publiés par le Parti communiste d’Indochine et le Parti communiste d’Annam.

2. Le Comité central du Parti peut éditer une revue théorique et trois journaux de propagande.

3. Supprimer les journaux des organisations de masse dirigées par le Parti.

4. Maintenir tous les journaux créés et dirigés par les masses populaires.

Comme la presse vietnamienne étaient désormais placée sous la direction du Parti communiste, les journaux des anciennes organisations communistes ont dû cesser toute publication.

Les idéologies politiques de la presse devaient suivre les orientations et politiques du Parti communiste du Vietnam mentionnées dans son programme politique, ses stratégies, statuts et programmes résumés élaborés par Nguyen Ai Quoc, lesquelles portaient principalement sur la question des rapports entre les classes et la nation. Cela était tout à fait différent de celles du Parti communiste d’Indochine et du Parti communiste d’Annam, mais aussi du contenu des directives de l'Internationale communiste.

Tạp chí “Đỏ” (Revue Rouge)

Il s’agit de la toute première revue du Parti communiste du Vietnam, et également de la première publication de la presse révolutionnaire vietnamienne juste après la Conférence de fondation du Parti en février 1930.

D’après les mentions inscrites dans le registre de réception du Bureau de l’Internationale communiste, rédigées en français, cette revue fut publiée en Chine (comme indiqué sur la une du premier numéro, dactylographiée).

La manière dont cette revue fut acheminée au Vietnam reste encore inconnue. Aucun document, ni du côté vietnamien, ni du côté français, n’a été retrouvé à ce sujet.

Plusieurs exemplaires de la revue furent envoyés au Bureau de l’Internationale communiste.

Le nombre total de numéros publiés ainsi que la date du dernier numéro restent inconnus à ce jour.

D’un format moyen de 13 x 19 cm, toutes les pages du journal étaient dactylographiées sur stencil et imprimées à la ronéo.

À l’époque, certaines lettres et graphies comme f, z, k étaient utilisées à la place des ph, d, g, gi, c actuels.

La Revue Rougea contribué à sensibiliser les membres du Parti à la théorie révolutionnaire et aux expériences pratiques dans l’édification du Parti. Le contenu était présenté de manière simple, avec un style clair et accessible, adapté au niveau d’instruction de la majorité des membres du Parti à cette époque.

Le journal “Tranh đấu” (La lutte)

Ce journal fut l’organe central du Parti communiste du Vietnam (PCV), dont le premier numéro parut le 15 août 1930. Le rédacteur en chef était Trinh Dinh Cuu, l’un des cinq délégués officiels de la Conférence d’unification des organisations communistes.

D’un format de 315x220 mm, le journal était manuscrit à la plume d’acier sur stencil.

Il comptait quatre pages et fut imprimé dans un lieu secret à Hanoï, sous la supervision directe du Comité central du Parti. 

En plus de la version en quốc ngữ (écriture vietnamienne latinisée), il existe une version en chữ nôm (caractère chinois), car à cette époque, le chữ nôm était encore largement compris. Les autorités coloniales françaises se sont procuré les deux versions, en quốc ngữ et en chữ nôm, puis en ont traduit l’intégralité en français à partir du texte en quốc ngữ. (Le Musée national d’histoire du Vietnam conserve aujourd’hui les originaux en quốc ngữ et en chữ nôm, ainsi que la traduction en français retrouvée dans les archives françaises par Nguyen Van Hoan en 1958.)

''Tranh đấu'' mènera l’œuvre d’unification idéologique et d’action de tout le Parti...

En page 1, le journal s’ouvre par une déclaration : « Les groupements et les éléments communistes dispersés dans le pays sont désormais réunis en un seul parti, appelé le Parti communiste du Vietnam. Ainsi, les organes de propagande centraux des anciens groupements ont accompli leur mission historique et doivent cesser leurs publications.

Aujourd’hui, ce journal Tranh đấu (Lutte) voit le jour en tant qu’organe central du Parti, chargé d’unifier, de guider la pensée et l’action de l’ensemble des camarades et des masses laborieuses. » Le journal y explique également le choix de son nom “Tranh đấu”. 

« Ce nom n’est pas né par hasard d’une aspiration noble ou d’un idéal élevé sans fondement. Il est au contraire l’expression concrète de la réalité historique que traverse notre pays aujourd’hui. “Tranh đấu” mènera l’œuvre d’unification idéologique et d’action de tout le Parti... »

Après la réunion du Comité central d’octobre 1930, à la suite de nouvelles résolutions, Tranh dau cesse sa parution. Un nouveau journal, intitulé “Cờ vô sản” (Le Drapeau prolétarien), organe officiel du Comité central du Parti, voit le jour en janvier 1931.

La revue Bolcheviks

Avec le soutien de l’Internationale communiste, en avril 1934, une direction du Parti à l’étranger fut mise en place pour exercer les fonctions d’un Comité central provisoire. Le camarade Le Hong Phong fut désigné à la tête de cette direction, dont le siège était établi à Macao, en Chine.

En juin 1934, la direction du Parti à l’étranger lança la publication de la revue Bônsơvích (Bolcheviks), organe du commandement extérieur du Parti communiste d’Indochine, depuis le numéro 1 jusqu’au numéro 10, en février 1935. 

Le premier Congrès du Parti se tint à Macao en mars 1935 et élit un Comité central. On ignore pourquoi la revue Bônsơvích cessa sa publication pendant un an, avant de reparaître en février 1936 avec le numéro 11 ; elle fut ensuite publiée mensuellement du numéro 11 au numéro 15 (juin 1936). Trois mois plus tard, parut le numéro 16, daté du 9 septembre 1936. 

À ce jour, on ne connaît pas encore le nombre total de numéros publiés, ni la date exacte du dernier. Le Département central des Archives conserve actuellement les numéros 10, 15 et 16 de la revue Bônsơvích, ainsi que des rapports en français rédigés par la police coloniale à propos des numéros 11, 12 et 13.

Le camarade Nguyen Ai Quoc prend la parole lors du XVIIIe Congrès national du Parti socialiste français à Tours, en décembre 1920. Photo : baotanglichsu.vn

Le camarade Nguyen Ai Quoc prend la parole lors du XVIIIe Congrès national du Parti socialiste français à Tours, en décembre 1920. Photo : baotanglichsu.vn

Bien que l’on n’ait pas encore retrouvé l’intégralité des numéros de la revue Bônsơvích, les documents disponibles permettent de constater que celle-ci reflétait le mouvement révolutionnaire dans les différentes régions du pays, mettait en lumière les réalisations des comités locaux du Parti, tout en corrigeant et critiquant les déviations idéologiques de certains cadres et membres. 

La revue a grandement contribué à la préparation du premier Congrès du Parti. Après ce Congrès, elle s’est consacrée à la diffusion des résolutions adoptées. 

Elle a également relayé la Résolution du VIIe Congrès de l’Internationale communiste, participant activement à la mobilisation pour le mouvement du Front démocratique en Indochine. 

Bien qu’elle n’ait existé que deux années et demie, la revue Bônsơvích a joué un rôle majeur dans la restauration des structures organisationnelles du Parti, dans la préparation du premier Congrès, et dans l’unification idéologique, théorique, politique et organisationnelle du Parti en vue d’une nouvelle phase révolutionnaire.

Le journal “Con đường chính"

“Con đường chính” (La Voie juste) était le journal de la cellule du Parti communiste d’Indochine à la prison de Hoa Lo, publié de février 1931 à 1932. Son rédacteur en chef était le camarade Trường Chinh, sous le pseudonyme de Cay Xoan. Le journal était rédigé à la main, chaque numéro tiré à 5 à 7 exemplaires qui circulaient à l’intérieur du réseau clandestin. 

“Con đường chính” était le journal de polémique publié par la cellule communiste de la prison de Hoa Lo, en opposition aux détenus du Parti nationaliste vietnamien. En raison des divergences idéologiques, théoriques, politiques et de méthodes de lutte, des désaccords, nourris par des contacts quotidiens et constants, ont mené directement à des affrontements idéologiques. 

Le Parti nationaliste vietnamien a publié le journal « La Voie révolutionnaire » (Đường cách mạng) pour critiquer les positions politiques et théoriques des communistes. En réponse, la cellule communiste a préconisé la publication du journal « La Voie Juste », dont le rédacteur en chef était Dang Xuan Khu (Truong Chinh), sous le pseudonyme de Cay Xoan.

Camarade Truong Chinh – rédacteur en chef du journal « La Voie Juste ». Photo : hoalo.vn

Camarade Truong Chinh – rédacteur en chef du journal « La Voie Juste ». Photo : hoalo.vn

Les débats ont porté sur de nombreuses questions : concepts théoriques, expériences de lutte, contenu politique, conceptions et histoire philosophiques, économie et histoire du développement socio-économique humain, etc., interprétés à partir de questions issues du Vietnam et d’autres pays, tant passés que contemporains. 

Cette lutte a, d'une part, renforcé les rangs des communistes et d'autre part, a creusé la division au sein du Parti nationaliste vietnamien, poussant certains à faire défection et à exprimer leur sympathie envers les communistes, tandis que les éléments réactionnaires furent désorientés, échouèrent sur le plan théorique et perdirent de leur influence, se retrouvant isolés face à l’adversaire. 

Fin 1932, après la fuite des camarades que sont Nguyen Luong Bang, Nguyen Tao, Hao Lach, Nguyen Trong Dam, Bui Xuan Man, Nguyen Dinh Tuyen et Vu Duy Cuong, l'ennemi a exercé une terreur féroce et renforcé les mesures de fouille et de répression… La polémique par voie de presse a dû cesser.

LA PRESSE RÉVOLUTIONNAIRE VIETNAMIENNE PENDANT LA PÉRIODE DU FRONT DÉMOCRATIQUE 1936-1939

Journal L’Avant-garde

Dans le contexte où les journaux déjà parus, tels que La Lutte, Mai, Dan Quyen, Vietnam, Duoc Nha Nam, etc., ne répondaient plus aux exigences du développement de la révolution, le Comité central du Parti a estimé nécessaire de posséder un journal propre, comme arme de lutte. 

Cependant, les conditions ne permettaient pas encore la publication d’un journal en vietnamien comme organe central officiel, en raison des restrictions imposées par les autorités coloniales à la presse. Il a fallu alors temporairement publier un journal en français. 

Un journal en français ne nécessitait qu’une déclaration préalable, sans demande d’autorisation. Certes, sa diffusion restait limitée, son tirage faible, son prix de vente élevé, et son faible lectorat… mais c’était mieux que rien. C’était aussi une étape préparatoire à la publication d’un journal vietnamien au moment opportun, lorsque l’apogée révolutionnaire des masses se profilait comme une prémisse.

Après une brève période de préparation urgente, le 29 mai 1937, L’Avant-garde a vu le jour, sous le nom de « organe des travailleurs et du peuple d’Indochine », dirigé directement par le camarade Ha Huy Tap, secrétaire général du Parti, au nom du Comité central.

Le camarade Nguyen Van Nguyen assurait la fonction de secrétaire de rédaction, Tran Van Hien en était le gestionnaire. Parmi les rédacteurs figuraient Nguyen Thi Luu, Nguyen Van Tao, Tran Van Kiet, Le Van Kiet, Nguyen Van Tran, Pham Huu Lau, Tin Van Quang ou encore Nguyen Van Nghia.

Le camarade Ha Huy Tap. Photo : VNA.

Le camarade Ha Huy Tap. Photo : VNA.

La rédaction était située au no 43, rue Hamelin, Saigon (aujourd’hui rue Le Thi Hong Gam). Dans son premier numéro, l’éditorial portait le titre : « Travailleurs ! Opprimés d’Indochine ! »

L’article proclamait :

« L’Avant-garde est le journal de vous tous. Il se donne pour mission de vous défendre contre toutes les forces impérialistes et féodales d'exploitation et d'oppression. »

« S’appuyant sur la méthode marxiste-léniniste, le journal vous guidera avec rigueur et dévouement dans votre lutte pour la subsistance quotidienne, et pour la cause de la libération nationale et sociale. »

« L’Avant-garde est un organe de combat des travailleurs. Opposé aux capitalistes, il dénonce la misère des ouvriers et des paysans. Il appelle à l’organisation et à la lutte de tous ceux qui souffrent, sans distinction de race ni de couleur de peau. »

Le 29 juillet, plusieurs agents sous les ordres du commissaire Contelloni se sont rendus à l’imprimerie pour saisir le manuscrit non autorisé à être publié (Rapport n° 4856, en date du 30/07/1937, signé par le policier Saint Antoine Campana de Saïgon). L’Avant Garde, ciblé de toutes parts par l’ennemi, a dû cesser sa parution.

Le journal “Dân chúng”

Nguyen Van Cu et Ha Huy Tap, au nom du Comité central du Parti ont décidé de publier le journal Dân chúng (Population) lors de leur discussion en avril 1939. En tant que Secrétaire général, Nguyen Van Cu dirigeait directement la rédaction et rédigeait des articles abordant des questions théoriques et politiques.

Le journal Dân chúng paraissait sans périodicité fixe, sans jamais annoncer de calendrier de publication : parfois un numéro par semaine, parfois deux, et exceptionnellement, un numéro par jour… 

Avec ses 80 numéros, “Dân chúng” a été successivement dirigé par quatre responsables : Duong Tri Phu, Tran Van Kiet, Huynh Van Thanh et Hoang Hoa Cuong. Il fut imprimé tour à tour dans trois imprimeries appartenant à des capitalistes français et vietnamiens : SATI, Bảo tồn et Xưa nay. 

Ce journal fut l’un de ceux ayant connu la plus longue durée de publication, se plaçant au troisième rang de la presse révolutionnaire vietnamienne avant août 1945. Il eut l’honneur de publier le tout premier article du Président Ho Chi Minh destiné à la presse nationale, durant la période de mobilisation pour la démocratie.

Le journal Dân chúng fut l’un de ceux ayant connu la plus longue durée de publication, se plaçant au troisième rang de la presse révolutionnaire vietnamienne avant août 1945. Il eut l’honneur de publier le tout premier article du Président Ho Chi Minh destiné à la presse nationale, durant la période de mobilisation pour la démocratie.

“Dân chúng” fut le deuxième journal, après Le Peuple, à publier intégralement plusieurs documents du Parti. Après avoir diffusé la Lettre ouverte du Parti communiste d’Indochine adressée aux partis et groupes politiques, le numéro 31 du 19 novembre 1938 publia une déclaration en faveur de cette lettre, intitulée « Nos impressions à propos de la Lettre ouverte du Parti communiste d’Indochine adressée aux partis et groupes politiques », analysant la portée et le sens du document. À la fin de l’article, on pouvait lire : « Pour la première fois, nous voyons apparaître dans la presse en quốc ngữ le nom cher du Parti communiste d’Indochine, accompagné d’une lettre pleine de loyauté envers les intérêts de la classe ouvrière et de la nation. » 

À l’occasion du 15e anniversaire du mouvement communiste et du 9e anniversaire de la fondation du Parti communiste en Indochine, le journal Dân chúng consacra l’intégralité du numéro 41 et la majeure partie du numéro 42 à un long article intitulé « Histoire du mouvement communiste en Indochine ».

Relance du journal “Sông Hương”

Après l’interdiction du journal “Nhành lúa” (Épi de riz), le Comité régional du Centre du Parti (Xứ ủy Trung Kỳ) se retrouva sans aucun organe de presse, alors même qu’un affrontement intense opposait les forces démocratiques aux forces réactionnaires dans le contexte des élections au Conseil colonial d’Annam (Viện Dân biểu Trung Kỳ). 

Le journal Sông Hương, fondé par Phan Khoi, courait alors le risque d’être fermé et de faire faillite. Le Comité régional décida de le racheter. Le nom du journal fut conservé, auquel furent ajoutés les mots tục bản (« reprise de publication »), puisqu’il avait cessé de paraître depuis plusieurs mois.

 Pour des raisons légales, le nom de Phan Khoi fut maintenu en tant que fondateur, mais la direction fut confiée à Nguyen Cuu Thanh, intellectuel démocrate proche du Parti. Ngo Duc Mau fut désigné secrétaire de rédaction. La rédaction s’installa au 68, rue Jules Ferry, à Hue. 

Les principaux articles furent rédigés par Phan Dang Luu et Ton Quang Phiet à Hue, puis envoyés à Vinh, où Ngo Duc Mau s’occupait de la mise en page, ajoutait des informations pour compléter le journal et corrigeait les épreuves imprimées par l’imprimerie Vuong Dinh Chau. La diffusion avait également lieu à Vinh. 

Le premier numéro de “Sông Hương” tục bản parut le 19 juin 1937. Le 11 octobre 1937, le Gouverneur général J. Brévié signa l’ordre de retrait de l’autorisation de publication, alors même que le journal venait d’être imprimé.

Le numéro 44, accompagné du supplément n°14 daté du 14 octobre 1937, fut immédiatement distribué avant que le décret ne parvienne à la rédaction.

L’interdiction du journal par l’administration coloniale avait été anticipée. Trois suppléments furent publiés dans une tentative proactive pour contrer l’ennemi, sachant qu’il ne serait plus possible de sortir un 15e supplément. 

Bien que n’ayant existé que quatre mois, “Sông Hương” tục bản a marqué l’histoire par ses combats exemplaires lors d’une période de lutte intense au Centre du Vietnam.

Journal “Thời thế” (La conjoncture)

Après l'interdiction du journal “Thời thế” (La conjoncture), le Comité du Parti du Tonkin décida de publier le journal “Tin tức” (Nouvelles), chargeant Luong Van Tuan de demander l'autorisation en tant que fondateur et Trinh Hoai Duc en tant que gérant. Le 2 avril 1938, le gouverneur général Jules Brévié signa la décision d'approbation.

Le 2 avril 1938, le journal parut avec son premier numéro, sous la dénomination d'« organe du front démocratique » (directement supervisé par le camarade Truong Chinh, membre du Comité du Parti du Tonkin).

Le journal était publié de manière irrégulière, d'abord hebdomadaire (du numéro 1 au numéro 4), puis hebdomadaire avec des dates précises (du 4 au 11 mai 1938), puis tous les quatre jours (25-29 juin), le numéro 18 (16-20 juillet), 8 pages comme le numéro 26, et un numéro spécial en faveur de la paix (17-20 août).

Les suppléments du journal étaient initialement prévus pour deux numéros par mois, mais seul le supplément « Tin tức lý luận » (Nouvelles théoriques) numéro 1 parut le 10 avril 1938 ; le supplément numéro 4 du 23 au 30 avril 1938... avant d'être définitivement interrompu peu après.

Le 2 avril 1938, le journal Tin tức publia son premier numéro, sous la dénomination d'« organe du front démocratique » (directement supervisé par le camarade Truong Chinh, membre du Comité du Parti du Tonkin).

Le camarade Truong Chinh en 1954. Source : Wikipedia.

Le camarade Truong Chinh en 1954. Source : Wikipedia.

Les rédacteurs de Tin tức étaient des plumes familières des journaux précédents tels que Hà thành thời báo, Thời thế, Thế giới... comme Tran Huy Lieu (parfois signant Hai Khach, Hai Thu), Tran Dinh Long (parfois signant Luong Phong, L.P), Cuu Kim Son, Khuat Duy Tien (signant To Dan), Nguyen Thuong Khanh (signant également T.K), Duong Linh, Thon Dan, Ho Xanh, Qua Ninh...

Le tirage le plus bas fut de 4 000 exemplaires (numéro 15, du 6 au 9 juillet), la moyenne était de 5 000 à 6 000, et le plus élevé atteignit 10 000 (supplément numéro 4). Le journal Tin tức accordait une grande importance à la propagande de la théorie marxiste-léniniste, consacrant le supplément « Tin tức lý luận » numéro 1 à la publication d'articles tels que « La question de l'unité de la classe prolétarienne », « Ce que le fascisme a apporté aux travailleurs », « Qu'est-ce qu'une classe ? »... Plus tard, en raison de difficultés éditoriales, d'impression et de financement, ce type de supplément « Tin tức lý luận » ne put continuer à paraitre.

Bien que Tin tức n'ait existé que pendant plus de six mois (du 2 avril au 9 octobre 1938), il a laissé une profonde impression sur le peuple vietnamien, en particulier dans les provinces du Nord, et notamment à Hanoï.

Ce journal fut une arme de combat efficace dans la montée en puissance du mouvement révolutionnaire, terrorisant les réactionnaires coloniaux, les royalistes, les trotskistes, les traîtres vietnamiens pro-japonais et les éléments spéculateurs politiques, ainsi que les agents de l'ennemi.

Les autorités durent recourir à des méthodes brutales, condamnées par l'opinion publique nationale et internationale, et ordonnèrent la révocation de la licence du journal le 15 octobre 1938.

La revue Đông Phương (Orient)

D'après la présentation sur la couverture du numéro 1 de la revue, elle s'appelait Đông Phương tạp chí. Dans le catalogue des publications périodiques du premier semestre 1939 du gouvernement général de l'Indochine, publié à la page 19, il est également écrit Đông Phương tạp chí.

L'œuvre Tự chỉ trích (Autocritique) du camarade Nguyen Van Cu, Secrétaire général du Parti Communiste Indochinois, écrite en juin 1939 sous le pseudonyme Tri Cuong, fut publiée dans la revue Đông Phương tạp chí. Appeler la publication Đông Phương tạp chí (Revue Orientale) semble donc plus approprié.

La ligne éditoriale fut annoncée dans la presse, et le rédacteur en chef envoya des lettres directes aux journalistes révolutionnaires renommés du Tonkin et de l'Annam, les invitant à collaborer.

Le contenu de la revue visait à propager le marxisme-léninisme dans les domaines de la théorie philosophique et esthétique ; des questions de politique internationale ; de la création, de la théorie et de la critique littéraire et artistique ; des questions de la ligne stratégique et tactique de notre Parti dans la lutte pour la démocratie, le bien-être populaire et la paix ; la lutte contre l'impérialisme et le fascisme ; la défense de l'Union Soviétique, porte-drapeau de la paix et de la révolution mondiale ; la critique de la théorie de l'opportunisme, du réformisme et de la tendance trotskiste.

 Le contenu était principalement axé sur les sciences sociales, mais comportait également quelques articles sur les sciences naturelles, tels que : « Les bienfaits de la chimie et de la physique », « Une invention de Nguyen Cong Tien » (numéro 1).

La Presse Révolutionnaire Vietnamienne (1939-1945)

Durant la période 1939-1945, bien qu'opérant dans la clandestinité, la presse révolutionnaire reflétait clairement la voie vers la victoire totale. 

Entre 1939 et 1945, le nombre de journaux n'était pas aussi élevé qu'entre 1936 et 1939, mais la qualité des articles était supérieure, le contenu plus riche et la présentation plus soignée.

De nombreux titres avaient une "durée de vie" plus longue que pendant la période clandestine précédente, car l'organe central dirigeant la presse, bien qu'ayant subi quelques pertes, n'était pas désintégré. Le réseau d'imprimeries des journaux était vaste ; si une imprimerie était découverte, une autre de secours était immédiatement disponible pour la publication, et les conditions de protection pour la rédaction, l'impression et la distribution étaient généralement plus solides, ne nécessitant des déplacements qu'en cas de nécessité plutôt que d'être complètement supprimées. 

Certains titres ont traversé les tempêtes des perquisitions et de la répression, mais ont continué à exister et à se développer jusqu'au succès de la révolution. 

La tradition de lutte héroïque et le nom de ces journaux ont marqué la vie sentimentale des masses pendant de nombreuses années, depuis la lutte pour le pouvoir, la défense du pouvoir révolutionnaire (1945-1946) jusqu'à la résistance contre les colonialistes français... comme le Việt Nam độc lập, le Cứu quốc, ou le Độc lập. 

Le journal Cờ giải phóng (Drapeau de libération) a continué à paraître jusqu'à ce que le Parti communiste passe à l'activité clandestine, sous le nom de "dissolution volontaire" (novembre 1945).

Quelques journaux révolutionnaires emblématiques :

Journal Việt Nam độc lập (Le Vietnam indépendent)

Cao Bang est une province frontalière où le mouvement révolutionnaire de masse s'est fortement développé, et le Comité Central du Parti l'a choisie comme lieu pour accueillir le leader Nguyen Ai Quoc afin d'ouvrir la huitième Conférence du Comité Central en mai 1941. La Conférence du Comité Central a décidé que la tâche principale immédiate de la révolution vietnamienne était la libération nationale, la création du Front de l'Alliance pour l'Indépendance du Viet Nam, abrégé en Viet Minh.

Journal Việt Nam độc lập. Photo: Musée de la Presse du Vietnam

Journal Việt Nam độc lập. Photo: Musée de la Presse du Vietnam

Après la Conférence, le leader Nguyen Ai Quoc, tout en s'occupant des affaires générales du Parti et du peuple, a directement dirigé la construction du Front Viet Minh dans la province de Cao Bang et a fondé le journal Việt Nam độc lập, organe du Comité provincial. Lorsque le mouvement révolutionnaire s'est étendu, formant un ensemble cohérent entre les provinces de Cao Bang et Bac Can, “Việt Nam độc lập” est devenu le journal du mouvement Viet Minh pour ces deux provinces, à partir du numéro 129, le 21 juin 1942. À partir du 30 janvier 1944, avec le numéro 187, il est devenu le journal des trois provinces de Cao-Bac-Lang.

“Việt Nam độc lập” (Le Vietnam indépendant) était le nom du journal et l'objectif principal et immédiat des populations de Cao Bang, Bac Can et Lang Son, et aussi le but de la lutte de notre nation.

“Việt Nam độc lập” a publié son premier numéro le 1er août 1941, numéroté 101, dans le sens de la continuation des journaux clandestins déjà parus. Jusqu'au 20 août 1945, il a atteint 126 numéros, numéroté 226, avec trois illustrations. Ce fut le journal révolutionnaire vietnamien ayant le plus grand nombre de numéros parus pendant la période clandestine, se classant deuxième après le journal Thanh Niên, également fondé par Nguyen Ai Quoc en 1925.

Plus de 30 numéros de “Việt Nam độc lập” ont été soignés par la main affectueuse du Leader, de la rédaction et correction d'articles, au dessin d'illustrations, à la formation de rédacteurs et à l'écriture sur des plaques de pierre, en passant par l'organisation des moyens d'impression, le choix des lieux d'impression et la distribution.

Il y eut des fois où il écrivit lui-même le texte à l'envers sur la plaque de pierre pour l'impression. En quatre ans, "l'imprimerie" a déménagé plusieurs fois pour maintenir le secret et faire face aux perquisitions et à la terreur de l'ennemi.

Après le départ de l'Oncle Ho en mission à l'étranger, à partir de septembre 1942, le camarade Pham Van Dong fut chargé du journal jusqu'en mai 1945. 

Après le succès de la Révolution d'Août, “Việt Nam độc lập” a continué à paraître, imprimé en lithographie, servant d'organe de presse des trois provinces de Cao-Bac-Lang pendant un certain temps, avant de redevenir spécifique à la province de Cao Bang.

Journal Cứu quốc (Salut national)

À l'automne 1941, le Comité Central du Parti Communiste Indochinois a décidé de publier un journal pour servir d'organe de la Ligue pour l'indépendance du Vietnam, distribué largement au sein des organisations du front.

Lors d’une conférence de cadres convoquée par le Comité régional du Bac Ky (Tonkin), qui s’est tenue pendant trois jours – les 25, 26 et 27 septembre 1941 –, une résolution a été adoptée : « Les comités à tous les niveaux doivent soutenir le journal du Viet Minh, qui sera prochainement publié ; ils doivent mobiliser la population pour un soutien financier, organiser la collecte d’informations, écrire des articles et encourager les masses à contribuer ; surtout, les articles doivent être adaptés au niveau des lecteurs et refléter la vie quotidienne du peuple. »

Le 25 janvier 1942, le premier numéro du journal Cứu quốc paraît, sous-titré « organe de propagande du Front de l’indépendance du Vietnam ». Son titre résonne comme un appel sacré et une mission urgente pour toute la nation face au destin du pays.

Au début, le journal Cứu quốc est directement dirigé par le secrétaire général Truong Chinh, assisté de Le Quang Dao, secrétaire du Comité provincial de Phuc Yen. Par la suite, le Comité central le confie au Comité régional du Tonkin, sous la responsabilité de Nguyen Khang et Le Quang Dao.

À partir de la mi -1944, le camarade Xuan Thuy est désigné pour en assurer la direction à plein temps.

Photographie du journal Cuu quoc exposée au Musée de la presse vietnamienne

Photographie du journal Cuu quoc exposée au Musée de la presse vietnamienne

Le journal est imprimé en divers lieux secrets dans les régions de Ha Dong, Bac Ninh et Son Tay, jusqu’à ce qu’il soit transféré à Hanoï au moment de la Révolution d’août 1945. Jusqu’au 15 août 1945, “Cứu quốc” avait publié 30 numéros en lithographie ainsi que quatre suppléments aux numéros 12, 15, 19 et 27, et un numéro spécial sur les questions d’outre-mer imprimé en typographie.

 À partir du numéro 31, daté du 24 août 1945, l’impression en typographie débute à Hanoï.

Le journal n’avait pas de parution régulière ; certains numéros étaient espacés de plusieurs mois. Initialement, chaque tirage comptait une centaine d’exemplaires, puis quelques centaines. Le numéro spécial du printemps 1945 fut tiré à plus de 1 000 exemplaires, avec des réserves de papier transportées par charrettes, de l’encre en fûts, une équipe éditoriale dédiée, des journalistes sur le terrain, une « rédaction » séparée de l’atelier d’impression, des responsables techniques chargés d’écrire à l’envers et de manipuler les rouleaux…

Il existait un siège principal et un site de repli en cas de répression ennemie. Ce n’est qu’après le coup de force japonais contre les Français, le 9 mars 1945, que les installations purent réellement se stabiliser et se développer favorablement.

Avant la Révolution d’août, le journal Cứu quốc joua un rôle crucial dans l’organisation et la mobilisation du peuple vietnamien dans sa lutte pour la libération nationale, contre les impérialistes franco-japonais et leurs collaborateurs ou organisations réactionnaires qui tentaient de sauver leur régime en déclin.

Par son style concis, fluide, attrayant et percutant, Cứu quốc a reflété avec force la politique de grande union nationale du Viet Minh : combattre les Français, chasser les Japonais, conquérir l’indépendance nationale.

 Le journal a répondu aux exigences de la révolution, devenant une arme idéologique puissante du Parti sur le front culturel, contribuant de manière significative à la victoire de la Révolution d’août 1945.

Le journal Cờ giải phóng (Drapeau de la libération)

Organe de propagande du Comité central du Parti communiste d’Indochine, “Cờ giải phóng” publie son premier numéro le 10 octobre 1942.

Le journal est directement édité par le secrétaire général du Parti, Truong Chinh, qui en est aussi le principal éditorialiste, auteur de nombreux articles politiques, critiques et textes directeurs pour la lutte et la construction du Parti.

Il est assisté dans ses tâches éditoriales par Le Quang Dao, secrétaire du Comité provincial de Phuc Yen.

À partir de la mi -1943, d’autres contributeurs, comme Le Liem, Le Toan Thu etc., se joignent à l’équipe.

Le travail éditorial s’effectue dans de nombreux lieux secrets de la province de Phuc Yen.

Les quinze premiers numéros du journal sont imprimés en lithographie sur papier vert dans des sites secrets situés à une dizaine de kilomètres de Hanoï, entre le 10 octobre 1942 et le 17 juillet 1945.

Photographie du journal Cờ giải phóng exposée au Musée de la presse vietnamienne

Photographie du journal Cờ giải phóng exposée au Musée de la presse vietnamienne

Du numéro 1 au numéro 10, paru le 28 janvier 1945, le journal compte quatre pages, imprimées en lithographie sur papier vert pâle au format 27 x 38 cm. Les tirages sont limités, car le journal est essentiellement destiné à une diffusion interne au sein du Parti.

Les parutions ne suivent aucun rythme régulier : le numéro 2 sort plus de quatre mois après le premier, les numéros 3 à 5 sont espacés d’environ deux mois, et le numéro 6 paraît un mois et demi après le précédent, etc. À partir du numéro 11, daté du 25 mars 1945, le journal ne compte plus que deux pages et les intervalles entre les numéros se réduisent progressivement.

Pendant sa période de parution publique à Hanoï, le journal Cờ giải phóng a toujours été placé sous la direction directe du secrétaire général du Parti, Truong Chinh.

Il a été publié jusqu’au numéro 33, daté du 18 novembre 1945, en tant qu’« organe central de propagande et de mobilisation du Parti communiste indochinois ».

Lorsque le Comité central du Parti a décidé de faire passer le Parti dans la clandestinité et a annoncé sa « dissolution » publique, “Cờ giải phóng” a cessé sa publication. Le 5 décembre 1945, le journal Sự thật (La Vérité) a paru pour la première fois, en tant qu’« organe de la Société d’étude du marxisme en Indochine », prenant ainsi le relais.

La Revue Công san (Communisme)  (1943)

Au début de l’année 1943, après les grandes victoires de l’Union soviétique sur le front de Stalingrad et sur d’autres fronts, la Seconde Guerre mondiale est entrée dans un tournant décisif, annonçant l’échec inévitable du bloc fasciste Allemagne – Italie – Japon. 

Saisissant l’opportunité historique, en février 1943, la Conférence du Comité permanent du Comité central du Parti a constaté que le mouvement de salut national s’était développé fortement dans les zones rurales, mais restait encore faible dans les villes, notamment dans les grands centres urbains.

La conférence a décidé alors d’élargir le Front Viet Minh et de renforcer activement le mouvement dans les milieux urbains. Le Comité permanent du Comité central du Parti a pris la décision de fonder la Revue Cộng sản, organe théorique du Comité central du Parti communiste indochinois, placée sous la direction du secrétaire général du Parti, Truong Chinh,  qui en a assumé à la fois les fonctions de directeur et de rédacteur en chef. 

Le premier numéro de la Revue Cộng sản, publié le 28 février 1943, mesurait 9,5 x 13 cm, imprimé en lithographie, avec la mention claire « imprimé à l’imprimerie Tran Phu » et un prix de vente de 0dong20. Le contenu du numéro 1 comprenait l’intégralité de la Résolution de la Conférence du Comité permanent du Comité central du Parti. 

Le numéro 2 de la Revue Cộng sản, publié le 24 septembre 1943, comptait 69 pages, sans compter 3 pages (de la page 70 à la page 72) consacrées à la correction des erreurs du premier numéro.

Dans ce numéro 2, on trouve des articles du camarade Truong Chinh : « La dissolution de l’Internationale communiste » ; « La question de l’insurrection – Commémoration du Soviet de Nghe An ». S’y ajoutent des articles intitulés « Un pas en avant », « Le mouvement révolutionnaire en Italie », « Quelques réflexions sur la cellule du Parti », ainsi qu’une traduction signée Hoang Van Thu, sous le pseudonyme de Tung Phong : « La relation entre le Parti et les masses » (auteur : Lac Phu, Parti communiste chinois). Le numéro comprend également des pages d’informations et une rubrique « explication des termes difficiles ». 

Le numéro 3 de la Revue Cộng sản avait été entièrement révisé et était en cours de préparation pour la publication lorsque la Grande Insurrection d’Août 1945 a éclaté. Par conséquent, la publication du magazine a dû être suspendue.

Depuis la création du journal Thanh niên par Nguyen Ai Quoc, de petit format, édité et imprimé en faible quantité à l’étranger puis introduit dans le pays, jusqu’en août 1945, nous avons disposé d’environ 380 titres de journaux et revues. Ces derniers ont participé à toutes les grandes et petites batailles, parfois traqués pour illégalité, publiés ouvertement de manière semi-légale puis légale. Finalement, la presse révolutionnaire a remporté une victoire éclatante. 

Durant 20 ans (1925–1945), la presse révolutionnaire a été publiée dans la clandestinité et dans l’illégalité pendant 17 ans. Pendant 3 années de la période de la mobilisation démocratique, elle a fonctionné essentiellement sous une forme semi-légale, parfois même légale, mais uniquement grâce à une stratégie de lutte extrêmement habile. Elle a été constamment la cible de la répression ennemie : perquisitions, saisies de journaux, confiscation de biens matériels, et finalement interdiction. 

À la veille de l’insurrection générale de 1945, la presse révolutionnaire est restée illégale, mais s’est néanmoins affichée ouvertement devant la population dans d’entières communes, d’entiers districts, dans les zones libérées et même dans les zones proches des centres urbains, où l’administration ennemie s’était déjà paralysée face à l’élan des masses populaires. Le Viet Minh avait alors pris le contrôle de l’ensemble des affaires politico-sociales locales. 

Le patriotisme est inscrit dans le sang des Vietnamiens, transmis par leurs ancêtres. Ce qui rendait la presse si attrayante pour les lecteurs, c’étaient les articles animés d’un esprit patriotique ardent, éveillant la fierté nationale enracinée dans la tradition.

L’idéal patriotique, exprimé dans l’esprit du communisme, s’est manifesté dès les premiers numéros du journal Thanh niên et a peu à peu rallié toute la nation au front révolutionnaire, l’a rassemblée au sein du Front d’union nationale contre l’impérialisme, sous la bannière du Parti communiste. Ce patriotisme-là n’a rien à voir avec le nationalisme xénophobe et raciste des classes féodales ou bourgeoises. Il a su articuler de manière habile l’intérêt national avec l’intérêt de classe, l’intérêt de notre peuple avec celui des forces mondiales anti-impérialistes.

Sources : Vue d’ensemble de l’histoire de la presse révolutionnaire vietnamienne (1925–2010), Éditions de la Politique nationale, Hanoï – 2010 ; Musée national d’Histoire du Vietnam ; Musée de la Presse vietnamienne ; Revue Công san (Communisme), Journal Nhân Dân (Le Peuple), Journal Quân đội Nhân dân (Armée populaire).

Publication : le 5 juin 2025
Organisation : Hong Minh & Nam Dong
Contenu : Hai Binh
Photos : Quynh Trang
Dessin : Dieu Thu