Un modèle d’éducation spécial pour les élèves du Sud pendant la guerre

Un devoir sacré

Lors du 6e plénum du Comité central du Parti communiste du Vietnam (PCV), du 15 au 17 juillet 1954, afin de discuter de la Révolution vietnamienne, avec une vision stratégique, et d’analyser de manière scientifique et créative la situation, le Comité central du Parti et l’Oncle Hô ont annoncé que la lutte pour la libération du Sud et la réunification du pays restait encore longue, difficile et ardue.

Pour créer un contingent de bons cadres pour la future cause révolutionnaire, d’une part, le Vietnam a réorganisé le contingent de cadres révolutionnaires dans le sud, d’autre part, il a envoyé d’urgence au Nord un certain nombre d’enfants d’officiers, de soldats et de compatriotes du Sud afin suivre des études.

Conformément aux instructions de l’oncle Ho et du Comité central du Parti, à partir du 20 juillet 1954, des navires de transport de l’Union soviétique, de Pologne et de Norvège, partant depuis les ports de Ông Dôc dans la province de Cà Mau, de Cao Lanh dans la province de Dông Thap, de Xuyên Môc dans la province de Bà Ria-Vung Tàu (au Sud), et de Thi Nai dans la province de Binh Dinh (au Centre) ont transporté des « graines rouges » du sud vers le nord, dont la plupart étaient des élèves âgés de 7 à 15 ans, pour faire des études.

Le 15 octobre 1954, le premier navire transportant des compatriotes, des soldats et des étudiants du Sud a accosté au port de Lach Hoi, dans la ville de Sam Son, province de Thanh Hoa (au Centre), au milieu d’acclamations retentissantes, de drapeaux, de fleurs et de slogans. Auparavant, l’armée et la population locale avaient offert des dizaines de milliers de bambous et transporté de la terre et des rochers pour construire des routes menant au port. Les soldats et les enseignants ont porté sur le dos tous les enfants jusqu’au quai. Certains grands navires ne pouvant pas accoster au port, les habitants de Sâm Son ont conduit des barques pour accueillir leurs compatriotes.

« Ce jour-là, le Nord venait d’être libéré, et de mettre en œuvre une réforme agraire et une reprise économique, la population rencontrait donc de nombreuses difficultés. Les agriculteurs du district de Quang Xuong, province de Thanh Hoa, où je suis arrivé, souffraient de la faim. Ils devaient manger toujours les jours des patates douces, même lorsque celles-ci étaient très petites, Il était très rare que des personnes âgées et des enfants malades reçoivent un bol de soupe de riz. Pourtant, nous, les enfants du Sud, avons eu tout pour étudier et devenir de bonnes personnes », a raconté avec émotion le journaliste Duc Luong, ancien rédacteur en chef adjoint du journal Nhân Dân, ancien étudiant du Sud.

Ce jour-là, le Nord venait d’être libéré, et de mettre en œuvre une réforme agraire et une reprise économique, la population rencontrait donc de nombreuses difficultés. Pourtant, nous, les enfants du Sud, avons eu tout pour étudier et devenir de bonnes personnes.

Le journaliste Duc Luong, ancien rédacteur en chef adjoint du journal Nhân Dân, ancien étudiant du Sud.

Le 18 janvier 1955, le Secrétariat du Comité central du Parti s’est réuni pour discuter du travail éducatif et a proposé la construction d’internats spécifiquement destinés aux enfants des officiers et soldats du Sud, connus sous le nom d’École d’élèves du Sud.

Avec des critères tels que le transport pratique, près de Hanoï, près du Président Hô Chi Minh, et près du gouvernement, des écoles d’élèves du Sud furent créées tour à tour dans les provinces de Thanh Hoa, de Nghê An (au Centre), de Hai Phong (au Nord-Est), de Hà Dông, de Hai Duong, de Hung Yên, de Thai Binh, de Nam Hà, de Vinh Phu (au Nord), et de Quang Ninh (au Nord-Est), sous la direction du ministère de l’Éducation, en coordination avec de nombreux autres ministères, et localités. L’Oncle Hô a accordé une attention particulière aux élèves de ces établissements.

Le système d’écoles des élèves du Sud comprend les écoles primaires, secondaires et secondaires supérieures, dont des écoles spécifiquement destinées aux enfants des minorités ethniques. Le secteur de l’éducation a recruté 5 000 enseignants dévoués et compétents pour élever, enseigner et former les élèves du Sud.

Former un contingent de cadres pour le Sud était une tâche sacrée et extrêmement importante, qui exigeait que nous comprenions fermement les objectifs éducatifs, les objectifs de formation, ainsi que les principes et les devises éducatives du Parti. Les professeurs principaux rencontraient chaque jour leurs élèves pour mieux les comprendre et les encourager », a déclaré l’enseignant Pham Van Mao, ancien directeur adjoint de l’école d’élèves du sud n° 6 dans la province de Hai Duong.

Selon le récit du héros du travail, Lê Van Kiêm, à cette époque-là, les enseignantes étaient très jeunes, certaines d’entre elles n’avaient pas d’amoureux et devaient assumer la responsabilité d’une mère en s’occupant de ses jeunes enfants.

À l’occasion de la fête du Têt, un professeur principal qui n’avait jamais connu les fleurs d’abricotier du sud est resté éveillé toute la nuit pour découper du papier de couleur afin de faire des branches de fleurs d’abricotier à partir d’une description, ce qui a aidé les élèves du sud à alléger la nostalgie. Malgré leur petit salaire, les enseignants ont fait des économies toute l’année, afin d’offrir à leurs élèves du  « lì xì » (étrennes glissées dans de petites enveloppes rouges) lors de la matinée du premier jour du premier mois lunaire.

Et la stratégie d’éduquer les jeunes pour le futur

Au cours des 21 ans, de 1954 à 1975, le système d’écoles des élèves du Sud construites au Nord a accueilli et formé plus de 32 000 élèves, dont plus de 15 000 ont suivi des études universitaire et postuniversitaire.

Depuis les années 60, lorsque la guerre populaire du Sud est entrée dans une nouvelle phase, plus drastique, des dizaines de milliers d’officiers, de soldats, d’enseignants et d’élèves du Sud qui étaient partis pour le nord sont volontairement retournés au sud afin de lutter pour la libération du Sud et la réunification du pays. De nombreux élèves qui venaient de terminer leurs études secondaires, sans attendre d’obtenir le bac, étaient prêts à se jeter dans la guerre à mort.

Selon les statistiques, dans la lutte pour la libération du Sud et la réunification du pays, 107 anciens élèves du sud ont héroïquement sacrifié leur vie. Les héros typiques sont Nguyên Van Bay, Lê Khuong, Vo Van Man, le poète Le Anh Xuân, l’écrivain Chu Câm Phong, le journaliste Lê Dinh Phung et le commando Hoàng Dông Hai.

Publication : février 2024
Contenu : Nguyên Anh Tho
Dessin : Ngô Huong