Une victoire

qui résonne dans le monde entier

Dans un article publié dans le Journal Nhân Dân le 7 mai 2019, le professeur-docteur Pham Quang Minh a écrit : 65 ans se sont écoulés (1954 – 2019), mais l’écho et les conséquences de la Victoire de Diên Biên Phu continuent de résonner à travers le monde, dans tous les domaines allant de la politique et de la défense, à la diplomatie et à la culture.

Selon l’auteur, dans un article publié en 2014, le journal Guardian a souligné l’importance historique de la Victoire de Diên Biên Phu : Il ne s’agissait pas simplement d’un symbole de la défaite de la France ou de la victoire du Vietnam, mais d’un « jalon ouvrant une nouvelle ère dans le monde — l’ère de la libération nationale ».

L’Agence France-Presse (AFP) a affirmé que la Victoire de Diên Biên Phu « a enflammé les mouvements indépendantistes dans de nombreux pays colonisés à travers le monde ».

L’historien britannique M. Uyn-rau a déclaré : « pour la première fois, un mouvement indépendantiste non européen issu des forces de guérilla a vaincu un pays envahisseur européen dans une bataille ».

Le journal South China Morning Post (SCMP), de Hong Kong (Chine), a affirmé que Diên Biên Phu traduisait la détermination du peuple vietnamien à combattre et à vaincre dans un esprit autonome.

Le chercheur britannique P. Hans, de l’Université d’économie de Londres, a commenté : Diên Biên Phu a changé toute l’Asie, son influence se poursuit encore aujourd’hui.

Nos soldats ont traversé le pont de Muong Thanh pour attaquer le quartier général du centre de résistance de Diên Biên Phu, dans l’après-midi du 7 mai 1954. Photo d’archives : VNA.

Nos soldats ont traversé le pont de Muong Thanh pour attaquer le quartier général du centre de résistance de Diên Biên Phu, dans l’après-midi du 7 mai 1954. Photo d’archives : VNA.

L’année 1960 a été marquée comme « l’Année africaine » lorsque 17 pays africains ont déclaré leur indépendance sous diverses formes et degrés. Telle une réaction en chaîne qui s’est propagée à travers le monde, à la suite de l’Algérie, une série d’autres pays colonisés par les Français en Afrique comme le Maroc, la Tunisie, le Mali, Madagascar et le Cameroun, se sont soulevés. Les colonialistes français n’avaient pas d’autre choix que de rendre l’indépendance à ces pays.

Le cas le plus typique parmi les pays africains est celui de l’Algérie. Quelques mois seulement après la victoire du Vietnam à Diên Biên Phu, l’Algérie a lancé une rébellion armée et a remporté la victoire.

Comme le Vietnam, l’Algérie a été envahie et colonisée par les Français depuis 1830. De petites luttes ont eu lieu continuellement au cours des années suivantes, mais sans mener à une victoire. Le chemin de l’Algérie vers la libération nationale a également été marqué par les activités du leader algérien Abdel Kader à Paris au début du XXe siècle, en liaison avec des dirigeants étrangers, dont le Président Hô Chi Minh. Mais jusqu’à ce que le Vietnam remporte la campagne de Diên Biên Phu, la lutte du peuple algérien pour l’indépendance nationale a connu des changements décisifs.

Le commandement de la campagne de Diên Biên Phu (1954) a discuté des plans de combat sous la direction du général Vo Nguyen Giap, commandant en chef de la campagne. Photo d’archives : VNA.

Le commandement de la campagne de Diên Biên Phu (1954) a discuté des plans de combat sous la direction du général Vo Nguyen Giap, commandant en chef de la campagne. Photo d’archives : VNA.

En novembre 1954, sous la direction du Front de libération nationale (FLN), les soldats révolutionnaires algériens ont tiré les premiers coups de feu pour marquer le commencement de leur soulèvement armé. En 1958, une délégation de l’armée algérienne s’est rendue au Vietnam pour acquérir des expériences vietnamiennes. Elle a été chaleureusement accueillie par le Président Hô Chi Minh.

D’une durée de 8 ans, la lutte persistante du peuple algérien a finalement porté ses fruits. À la fin de 1962, le gouvernement français a dû reconnaître l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Algérie, mettant ainsi fin à ses 132 ans de colonisation de ce pays africain.

Le Président du Sénat algérien, Abdelkader Bensalah, a affirmé : « Le Vietnam est une grande source d’inspiration. La lutte héroïque du peuple vietnamien nous a encouragés à aller jusqu’au bout dans la guerre de résistance pour l’indépendance nationale. Le Vietnam est un symbole de liberté et de courage. La victoire de Diên Biên Phu nous permet de répondre à la question : si le peuple vietnamien peut vaincre l’empire colonial, pourquoi les Algériens ne le peuvent-ils pas ? ».

La lutte héroïque du peuple vietnamien nous a encouragés à aller jusqu’au bout dans la guerre de résistance pour l’indépendance nationale. Le Vietnam est un symbole de liberté et de courage. La victoire de Diên Biên Phu nous permet de répondre à la question : si le peuple vietnamien peut vaincre l’empire colonial, pourquoi les Algériens ne le peuvent-ils pas ?
Abdelkader Bensalah, Président du Sénat algérien

La Victoire de Diên Biên Phu en 1954 a non seulement affecté les colonies françaises, mais elle a également forcé les États-Unis à ajuster leur stratégie globale. Elle a fait comprendre aux États-Unis que le colonialisme français était dépassé et devait être remplacé.

Ainsi, les États-Unis ont refusé de signer la Déclaration finale de la Conférence de Genève et ont déclaré qu’ils n’étaient pas liés par les termes de cet accord. Cela a montré l’inquiétude des États-Unis devant la puissance des mouvements révolutionnaires en Indochine et a révélé leur complot visant à intervenir à long terme dans cette région.

Le 7 mai 1954, le camp retranché de l’ennemi à Diên Biên Phu est détruit par nos troupes, le drapeau « Déterminé à combattre et déterminé à gagner » flotte sur le toit du bunker du général de Castries. Photo d’archives : VNA.

Le 7 mai 1954, le camp retranché de l’ennemi à Diên Biên Phu est détruit par nos troupes, le drapeau « Déterminé à combattre et déterminé à gagner » flotte sur le toit du bunker du général de Castries. Photo d’archives : VNA.

En réalité, les États-Unis ont pris une série de mesures visant à diviser définitivement le Vietnam. Le Groupe consultatif d’assistance militaire des États-Unis (MAAG) ne s’est pas retiré du Vietnam, mais a encore reçu des renforts.

Après la victoire du Vietnam à Diên Biên Phu, les États-Unis se sont tournés vers la construction d’une « ceinture stratégique » en Asie du Sud-Est pour empêcher une éventuelle vague révolutionnaire. Ainsi, les États-Unis ont respectivement signé des accords bilatéraux de sécurité avec le Japon, la République de Corée, les Philippines, la Thaïlande, etc.

Le 6 septembre 1954, une conférence a eu lieu à Manille pour discuter du Traité militaire pour l’Asie du Sud-Est (SEATO). De cette façon, les États-Unis ont manifestement aboli les Accords de Genève et remplacé la France pour une intervention directe au Vietnam, de peur que la victoire de Diên Biên Phu puisse influencer leur prestige et leur réputation en tant que la première grande puissance mondiale.

Tous les soldats français survivants à Diên Biên Phu ont brandi le drapeau blanc. Photo d’archives : VNA.

Tous les soldats français survivants à Diên Biên Phu ont brandi le drapeau blanc. Photo d’archives : VNA.

Pour les gens du monde entier, ce qui est important est de fermer le passé et de se tourner vers l’avenir après chaque guerre. Ce n’est personne d’autre que le Président français François Mitterrand qui a été le premier chef d’État d’un pays occidental à effectuer une visite au Vietnam en 1993. Cette visite a permis d’ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre le Vietnam et les pays occidentaux en général et la France en particulier.

Selon le Président François Mitterrand, la France devait retourner au Vietnam, non pas par voie de guerre, mais par des programmes de coopération, notamment dans le cadre de la Francophonie, des activités de l’École française d’Extrême-Orient ou encore des accords bilatéraux en matière culturelle et économique.

La France devait retourner au Vietnam, non pas par voie de guerre, mais par des programmes de coopération, notamment dans le cadre de la Francophonie, des activités de l’École française d’Extrême-Orient ou encore des accords bilatéraux en matière culturelle et économique.
Le Président de la République française François Mitterrand

À Hanoï, le Président François Mitterrand a déclaré : « Je suis ici pour fermer une page de l’histoire et pour en ouvrir une autre ». Toujours lors de sa visite historique au Vietnam, le Président François Mitterrand a fait un acte considéré comme « courageux » en décidant d’aller sur le site de Diên Biên Phu.

Selon un expert français, cette visite visait également à « achever la réconciliation entre les peuples français et vietnamien ». Dans un discours prononcé devant le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, le Président François Mitterrand a souligné : « Nous avons vécu séparés et maintenant nous nous retrouvons ».

D’un point de vue international, la victoire de Diên Biên Phu traduit le courage et la détermination d’un pays à ne plus jamais être esclave. Elle est également une source d’inspiration inépuisable pour les aspirations à l’indépendance, à la liberté et à la justice des peuples colonisés, opprimés et exploités.

La victoire du Vietnam à Diên Biên Phu en 1954 est un jalon inoubliable dans l’histoire mondiale. En fait, la victoire du peuple vietnamien à Diên Biên Phu a mis fin à l’empire colonial de l’ancien régime, mais a également signalé l’échec du néo-colonialisme.

65 ans se sont écoulés, d’un champ de bataille sanglant, Diên Biên Phu est aujourd’hui devenue un rendez-vous de paix, d’amitié et de coopération entre les peuples.

Contenu : Thanh The
Dessin : Trung Hung