C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur de l’UE au Vietnam, Julien Guerrier lors d’une rencontre avec des journalistes vietnamiens à l’occasion de la Journée de l’Europe (9 mai).
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est une réglementation sur la pêche aux fruits de mer publiée par la Commission européenne dans le règlement no 1005/20081, entré en vigueur le 1er octobre 2010.
Monsieur l’ambassadeur, savez-vous si le Vietnam verra sa carte jaune INN retirée dans les temps à venir ?
Ambassadeur Julien Guerrier : Il y a quelques semaines, nous avons eu une séance de travail avec le ministre de l’Agriculture et du Développement rural. La partie vietnamienne a fait preuve d’une très grande détermination politique et a déployé de grands efforts pour que le carton jaune soit retiré le plus rapidement possible. Nous constatons que le Vietnam a créé un cadre juridique sur cette question et a déployé des efforts tels que l’installation d’équipements de suivi des navires pour assurer la surveillance. Cependant, il reste des problèmes d’application, car les pêcheurs éteignent leurs appareils pour échapper à la surveillance lorsqu’ils pénètrent dans des zones réglementées ou se rendent dans d’autres pays pour pêcher. Il s’agit d’un acte illégal, mais qui n’était pas strictement puni. C’est une question d’exécution.
Nous voyons quelques points positifs, comme dans la province de Kiên Giang, où il y a eu certains progrès. Le Vietnam a publié des décrets et des réglementations juridiques sanctionnant les violations commises par les pêcheurs et les navires de pêche. Je suis convaincu que les deux parties auront bientôt une évaluation des progrès réalisés, sur la base des efforts du Vietnam.
Nous travaillons activement en coordination avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural pour discuter des résultats obtenus jusqu’à présent. Il y aura bientôt une équipe d’inspection, j’espère qu’il y aura des résultats positifs, servant de base pour retirer le carton jaune. Je ne peux pas confirmer la date précise à laquelle le carton jaune sera retiré, je peux seulement dire que nous travaillons activement en coordination avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Quand l’équipe d’inspection de l’UE viendra-t-elle au Vietnam ?
Ambassadeur Julien Guerrier: Le moment n’a pas été décidé. Nous discutons avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles, nous aimerions que le ministère suggère une date. À ce moment-là, nous informerons le groupe d’inspection. Nous espérons avoir bientôt des résultats concrets, notamment avec le décret sur les sanctions qui entrera en vigueur le 19 mai. Il faudra un certain temps pour que le décret soit mis en œuvre dans la pratique et produise des résultats. Ensuite, les deux parties fixeront une date pour l’inspection.
Comment évaluez-vous le processus de ratification de l’accord de protection des investissements Vietnam-UE (EVIPA) et l’impact après son approbation ?
Ambassadeur Julien Guerrier : Jusqu’à présent, 17 États membres de l’UE ont ratifié l’EVIPA, et on attend toujours 10 autres pays. L’EVFTA n’a besoin que d’une ratification par l’UE, mais l’EVIPA est un domaine qui nécessite une expertise et des responsabilités partagées de la part de l’UE et de chaque membre. Il faut que chaque région le ratifie, cela prend alors plus de temps. Nous exhortons toujours les membres à accélérer le rythme des examens de ratification.
Nous estimons que l’EVIPA aura des impacts positifs dans les deux sens, tant avec l’UE qu’avec le Vietnam. Les entreprises seront mieux protégées pour leurs investissements après l’accord entré en vigueur. Mais les États membres de l’UE eux-mêmes ont réalisé de nombreux investissements au Vietnam avant l’accord. D’après moi, après l’entrée en vigueur de l’EVIPA, cela créera un élan encore plus important, apportant des avantages aux deux parties.
Nous espérons que les gouvernements des deux parties examineront toujours les avantages pour accélérer le processus de ratification. Nous poussons toujours les États membres, et nous savons que le Vietnam dispose également de son propre canal bilatéral pour pousser les membres à ratifier rapidement l’accord.
Pourriez-vous nous communiquer des informations sur la ligne ferroviaire no 3 et la coopération Vietnam-UE en matière d’infrastructures et de développement durable ?
Ambassadeur Julien Guerrier: Concernant la ligne ferroviaire no 3, nous considérons qu’il s’agit d’un projet modèle de coopération en matière d’infrastructures pour les habitants de Hanoï et du Vietnam en général, afin de faciliter le trafic ferroviaire urbain. Nous soutenons ce projet avec le capital de la Banque européenne d’investissement (BEI), de la France et de plusieurs autres pays membres.
Grâce à ce projet, nous apportons une technologie européenne avancée pour contribuer au développement des infrastructures de Hanoï. Nous souhaitons promouvoir le développement durable de Hanoï et du Vietnam à travers ce projet.
J’ai moi-même eu l’occasion de m’asseoir dans ce train en direction du dépôt. Nous faisons pression pour que la construction du tronçon souterrain reliant la zone de Ba Dinh à la gare de Hanoï commence en juillet. Nous avons de grandes attentes pour ce projet.
L’UE participera à des élections importantes en juin. Selon vous, quel sera l’impact de ces élections sur la politique de l’UE à l’égard du Vietnam ?
Il s’agit d’une élection importante, qui a lieu tous les 5 ans. Environ 450 millions d’électeurs à travers l’Europe éliront des représentants du Parlement européen. Le Parlement européen élira le président de la Commission européenne et les hauts commissaires. Les hauts commissaires seront proposés par 27 membres et auront un mandat de 5 ans. Cela aura une grande influence sur les relations politiques de l’Europe avec le monde.
Dans le contexte de notre politique pour la région Indo-Pacifique, le Vietnam est considéré comme un partenaire économique et géopolitique émergent très important. Les deux parties ont signé de plus nombreux accords et de conventions que nos autres partenaires, dont l’EVFTA, l’EVIPA et bien d’autres.
En termes de classement, le Vietnam est le premier partenaire commercial de l’UE au sein de l’ASEAN et notre plus grand bénéficiaire d’APD dans la région. Les deux parties se coordonnent étroitement sur de nombreuses questions mondiales telles que la lutte contre le changement climatique et le JETP. Dans ces domaines, le Parlement européen donne des orientations importantes. Je pense qu’avec ces grandes orientations, il n’y aura aucun changement dans la politique des relations avec le Vietnam après les élections.
Merci Monsieur l’Ambassadeur.