Culturiste Dinh Kim Loan

Nhân Dân en ligne - Se constituer un tel palmarès au niveau asiatique et mondial ne s’est pas fait sans mal pour la culturiste Dinh Kim Loan, qui ne compte plus les heures passées à soulever de la fonte et, surtout, a dû se mettre à vivre en décalé pour suivre son régime nutritionnel draconien.

La culturiste Dinh Kim Loan : 1,55 m et 49 kg de muscles. Photo : CTV/CVN
La culturiste Dinh Kim Loan : 1,55 m et 49 kg de muscles. Photo : CTV/CVN

Médaillée d’or de la course cycliste longue distance lors du Festival sportif de la province d’An Giang (delta du Mékong) en avril 2006, bien malin celui qui aurait songé à ce que Kim Loan, aujourd’hui en passe de fêter ses 26 ans, se lance dans le culturisme, en dépit de ses prédispositions sur le plan physique. Et pourtant... Aujourd’hui, cette championne ne regrette pas son passage de l’autre côté de la barre, lequel lui a permis, entre autres, de faire construire une maison en dur pour ses parents.

Football, athlétisme, cyclisme et… culturisme
Issue d’une famille pauvre d’An Giang, Dinh Kim Loan, née le 25 février 1988, a vécu une enfance difficile placée sous le signe de la précarité. Après l’école, elle devait travailler dans une entreprise de produits aquatiques ou fabriquer des pièges à rat pour aider sa famille à joindre les deux bouts. Studieuse, elle a également participé au concours des meilleurs élèves du district de Châu Thành.
Kim Loan, sportive dans l’âme, pratique plusieurs disciplines qu’elle affectionne et qui lui permettent d’être en forme. «Terreur de l’école» en éducation physique, elle est montée à plusieurs reprises sur le podium du cross long organisé dans la province d’An Giang, son équipe de football féminin est parvenue en finale des spartakiades provinciales. Kim Loan a aussi remporté deux médailles d’or à la course cycliste longue distance et au dây gây (sport de combat qui consiste à sortir son opposant d’un cercle au moyen d’un seul et même bâton tenu par les deux protagonistes - pratiqué par certaines ethnies minoritaires du pays, ndlr) lors du Festival sportif de la province d’An Giang en 2006.
Et c’est lors de ces compétitions de dây gây qu’elle rencontre l’entraîneur de l’équipe de culturistes d’An Giang, Nguyên Van Hai, qui était à ce moment-là arbitre. Les larges épaules et la musculature développée de Kim Loan l’ont immédiatement frappé. Mais la jeune femme a longuement mûri sa réflexion avant de répondre à ses sollicitations, elle qui bénéficiait alors de 25.000 dôngs par jour pour l’entraînement cycliste, eu égard à ses bons résultats. «J’ai beaucoup réfléchi avant de me décider. Mes parents n’étaient pas très +chauds+ à l’idée de me voir en culturiste», nous confie-t-elle. Et d’ajouter : «À l’époque, il n’y avait aucune salle de musculation dans le district de Châu Thành. Mais je pensais que c’était un beau challenge de se lancer dans une nouvelle discipline».
La jeune femme se met au culturisme avec application. Une quarantaine de jours seulement après ses débuts, elle décroche à la surprise générale la médaille d’or dans la catégorie des moins de 46 kg au Festival sportif national 2006, et obtient le bronze avec un coéquipier.
L’année 2008 est remarquable pour Kim Loan, où elle remporte trois médailles d’or (catégorie 46 kg, couple et fitness), lors des championnats du Vietnam. Grâce à elle, l’équipe de la province d’An Giang finit pour la première fois en tête de la compétition au tableau des médailles, au nez et à la barbe de la sélection de Hô Chi Minh-Ville, les gros bras de la discipline.
Mieux encore, entre 2008 et 2012, elle obtient quatre titres de championne d’Asie et deux de vice-championne du monde (2010 et 2012).

Être une sculpture n’est pas une sinécure
Il suffit de regarder la paume des mains de Kim Loan - couvertes d’épais durillons jaunâtres - pour se rendre compte des efforts qu’elle déploie au quotidien : «C’est parce que je soulève chaque jour plusieurs tonnes de fonte. Cela peut provoquer de grosses ampoules, et il arrive que la peau s’arrache après une seule journée d’entraînement».
De plus, depuis qu’elle pratique le culturisme, Kim Loan ne peut quasiment pas partager de repas en famille, les culturistes devant suivre un régime alimentaire où tout est calculé. En effet, ces athlètes ont besoin d’un apport calorifique supplémentaire variant entre 500 et 1.000 kilocalories au-dessus de leur niveau de maintien pour assurer leur croissance musculaire. Depuis huit ans, le menu quotidien de Kim Loan se résume à de la viande de porc maigre, de poulet, du blanc d’œuf (pour les apports en protéines), et des fruits et légumes (pour les fibres) - le tout cuit à l’eau pour limiter les apports lipidiques.
«Les culturistes mangent très peu de riz. Ils mangent principalement de la viande bouillie, très insipide. Quoi qu’il arrive, nous devons nous astreindre à ce régime, qui fait partie intégrante de notre travail. Beaucoup de sportifs ont renoncé en raison de cette obligation de respecter une alimentation draconienne», fait savoir Kim Loan.
Pour avoir de larges épaules et une musculature à rendre blême la plupart de ces messieurs, Kim Loan a dû faire une croix sur sa féminité. Bien qu’affectionnant les robes décolletées, elle évite d’en porter pour dissimuler ce corps qui, malheureusement, peut être le sujet des pires quolibets de la part de certains.
«Cela m’attriste quand on me demande si je suis un homme ou une femme. Mais bon, je n’y fais pas trop attention pour me focaliser sur mon seul et unique objectif : remporter le plus de compétitions possibles dans ma carrière !», partage-t-elle.

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