Le respect des principes fondamentaux, la solidarité, l'autonomie, la promotion du rôle central de l’ASEAN et le renforcement de la connectivité sont essentiels pour faire face aux incertitudes mondiales et maîtriser les technologies émergentes. Tel est le consensus général des délégués ayant participé au Forum de l'avenir de l'ASEAN (AFF) 2025, qui s'est tenu les 25 et 26 février à Hanoï. Cet événement figure parmi les plus grandes rencontres multilatérales organisées par le Vietnam en 2025.
Lors de la séance d'ouverture, le Premier ministre Pham Minh Chinh a mis en avant plusieurs défis auxquels l’ASEAN devra faire face, notamment la polarisation politique, le vieillissement démographique, l’épuisement des ressources, ainsi que la diversification des marchés, des produits et des chaînes d’approvisionnement.
Il a également souligné la nécessité d'une transition écologique des secteurs productifs, des entreprises et des services, ainsi que la numérisation croissante de toutes les activités humaines.
Ce contexte présente de nombreux défis, mais offre également des opportunités uniques pour l’ASEAN d’affirmer sa position et de réaliser une percée.
Les déclarations du Premier ministre ont reçu un large soutien parmi les délégués. Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Maris Sangiampongsa, a insisté sur plusieurs tendances majeures qui affecteront l'ASEAN dans les années à venir, notamment les dynamiques démographiques, la transformation numérique, les menaces transfrontalières, les épidémies et le changement climatique.
Il a souligné que la transformation numérique constitue un enjeu clé pour l’ASEAN, qui doit accélérer ses efforts afin de ne pas rester en retard par rapport aux tendances mondiales.
Sur le plan des relations internationales, le professeur Simon Tay, président de l'Institut d'études internationales de Singapour, a évoqué un déclin de la coopération internationale, soulignant les défis posés à la région par la concurrence entre les grandes puissances.
L'ambassadeur Pham Quang Vinh, ancien chef du SOM de l'ASEAN pour le Vietnam, a pour sa part insisté sur la nécessité pour l’ASEAN de renforcer sa connectivité économique, son autonomie, sa résilience et sa cohésion régionale. Au fil des décennies, l’ASEAN a accompli des avancées significatives en matière d’intégration. Cependant, elle doit désormais améliorer la connectivité intra-régionale et renforcer ses relations économiques et commerciales avec ses partenaires extérieurs.
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| La session plénière du Forum. Photo: VNA |
Face aux nouvelles dynamiques mondiales, l’ASEAN doit s’inscrire pleinement dans les transitions numérique et écologique et encourager l’innovation.
Pour consolider son rôle central, tout en préservant le principe de consensus, l’ASEAN doit adopter un processus décisionnel plus proactif, rapide et efficace. Il est impératif qu’elle maintienne un dialogue constant au sein du bloc et avec ses partenaires internationaux. La concurrence des grandes puissances présente un enjeu stratégique persistant pour l'ASEAN.
L'ambassadeur Pham Quang Vinh a mis en lumière la complexité de la situation, soulignant que les intérêts des grandes puissances ne sont pas toujours alignés sur ceux de l'ASEAN. Il a toutefois identifié des domaines de coopération potentiels, notamment la sécurisation des chaînes d'approvisionnement. La diversité des approches adoptées par la Chine, les États-Unis et d'autres acteurs multilatéraux souligne la nécessité pour l'ASEAN de naviguer prudemment dans ce contexte complexe.
Ce forum rappelle que l’ASEAN est une région dynamique et géostratégiquement cruciale. Depuis 58 ans, l'ASEAN a su démontrer sa force. Aujourd’hui, elle doit innover et faire preuve de proactivité face à un monde en mutation, a souligné l'ambassadeur Pham Quang Vinh.
Outre les défis de sécurité traditionnels et non traditionnels, l’émergence de technologies disruptives accroît les incertitudes, obligeant gouvernements, entreprises et citoyens à s’adapter. Les délégués ont souligné que pour bâtir une ASEAN unie, inclusive et résiliente, il est crucial de gérer efficacement les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle (IA), afin d’en tirer parti tout en promouvant un développement durable dans la région.
Le professeur Matthias C. Kettemann, de l’Université d’Innsbruck (Autriche), a estimé que l’ASEAN a une occasion unique de jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance de l’IA et d’élaborer un cadre juridique pour sa régulation mondiale, garantissant ainsi son utilisation éthique dans le cadre des initiatives numériques internationales.
Il a souligné que si l’ASEAN veut tirer pleinement parti de l’IA et favoriser une intégration harmonieuse de cette technologie, elle doit mettre en place des mécanismes de transparence sans freiner l’innovation. Il est donc impératif que les décideurs politiques de l’ASEAN élaborent des cadres réglementaires clairs définissant précisément les responsabilités liées à l’utilisation de l’IA.
