- 2021 aura été une année mouvementée pour le Vietnam à cause de l’épidémie de COVID-19 ? La coopération franco-vietnamienne a-t-elle été impactée ?
Le COVID-19 a complètement perturbé notre vie et notre travail. Mais nous avons veillé à maintenir la relation, quoi qu’il arrive, et à ne rien abandonner comme projet. Donc, nous avons poursuivi notre dialogue au haut niveau par téléphone, par courrier et par échange de visites avec notamment celle du Premier ministre Pham Minh Chinh à Paris en novembre 2021.
Nous avons aussi maintenu, c’est extrêmement important, les échanges entre les deux peuples et notamment entre les jeunes. Nous avons rouvert l’octroi des visas pour les étudiants dès que possible, dès l’été 2020. Et nous avons maintenu et augmenté l’afflux d’étudiants vietnamiens partant en France et le nombre de boursiers.
Nous avons consolidé notre grande coopération en travaillant par exemple pour le projet de métro de Hanoï. Nous œuvrons ensemble pour lutter contre le changement climatique avec les projets de l’AFD (Agence Française de Développement, ndlr). Nous continuons à faire des escales au Vietnam de bâtiments de la Marine française. Nous avons lancé de nouveaux projets pour le maintien et la préservation du français et des patrimoines.
Et enfin, la crise a été l’occasion de témoignages réciproques d’amitié et de solidarité dans la crise avec les dons de masques vietnamiens en France 2020 et les dons de 3,5 millions de doses de vaccins français au Vietnam, soit à travers les coopérations bilatérales, soit à travers la facilité Covax.
- Les relations bilatérales se développent dans plusieurs aspects, particulièrement dans le secteur de l’économie. La France est l’un des premiers partenaires européens du Vietnam. Pourriez-vous nous parler de la coopération économique entre nos deux pays ?
Nous menons ensemble plusieurs grands projets de coopération communs en ce qui concerne l’infrastructure. Le plus emblématique, c’est celui du métro de Hanoï. La ligne 3 est financée par le Trésor et l’AFD et rassemble six grandes et belles entreprises françaises. Elle aura un impact majeur sur le schéma du transport de Hanoï au service de la population, contribuant à la réduction de la pollution et à une meilleure circulation. Donc, c’est le premier grand projet, un peu locomotive, si je puis me permettre, des grands projets économiques. Nous travaillons aussi beaucoup dans le domaine du commerce et là ce sont les entreprises, les acteurs économiques eux-mêmes, sans notre aide, qui agissent. Nous sommes désireux de le développer. Parce que nous estimons que nous avons encore une place trop modeste ici au Vietnam.
Nous avons de très bons produits : les avions, les automobiles, les produits de luxe, les produits hôteliers aussi ; notre offre en matière de tourisme, le vin et d’autres articles mais un volume encore insuffisant et nous souhaitons développer ces flux d’échanges grâce à l’Accord de libre-échange signé entre l’Union européenne et le Vietnam et qui est entré en vigueur le 1er août 2020. Donc, la crise sanitaire a été pour nous un grand défi pour le développement de ces relations.
J’ajoute qu’aux domaines traditionnels que j’ai cités rapidement, nous essayons d’ajouter maintenant les domaines nouveaux cohérents avec la politique de transition énergétique et de développement durable. C’est-à-dire tout ce qui est transport durable, aménagement urbain, transformation des énergies, énergies renouvelables et il y a des tas d’activités qui se développent et il y a une offre française qui est présente et qui est ambitieuse.
- La culture constitue depuis toujours un secteur phare de la coopération franco-vietnamienne. Quels sont les projets les plus marquants cette année ?
Le grand acteur de notre coopération culturelle, ce sont les Instituts français implantés à Hanoï, Huê, Dà Nang et Hô Chi Minh-Ville.
Nous avons maintenu leurs activités, malgré les restrictions sanitaires, et le fait que beaucoup d’événements culturels n’aient pas pu être organisés ou que nous avons même dû fermer pendant quelques semaines les médiathèques et les auditoriums. Nous avons maintenu les activités culturelles sans pouvoir faire venir des artistes français parce que les voyages étaient interrompus.
Mais nous avons tenu bon et les instituts ont ouvert dès que possible. Nous avons participé au Festival de Huê après deux ans d’interruption des festivals.
Nous avons fait venir un groupe d’électro, Kid Francescoli, qui s’est produit à Huê les 28 et 29 juin et a ensuite joué à Hanoï, ainsi qu’un photographe qui a une très belle exposition intitulée « Le Mékong, à hauteur d’hommes » à l’Institut français de Huê.
Nous avons aussi déménagé l’Institut français de Hanoï (L’Espace), nous ne pouvions rester dans le site ancien parce que le bail est cher.
Nous nous sommes installés dans deux villas d’intérêt patrimonial que nous avons restaurées. Avec comme nouvel enjeu pour nous de programmer nos événements « hors les murs ».
Nous n’avons plus d’auditorium, c’est la seule différence avec l’ancien site mais ça nous oblige, et nous aimons cette contrainte, à aller partout à Hanoï dans les différents quartiers et à la rencontre de différents publics au lieu de rester à l’Espace comme avant.
Nous venons de lancer un nouveau projet qui s’appelle « Partager et protéger les patrimoines du Vietnam ».
Les patrimoines parce qu’il s’agit des patrimoines matériels et immatériels. Nos principaux opérateurs sont des musées français qui travaillent avec leurs homologues vietnamiens ici pour préserver principalement le patrimoine, mais également l’architecture, la mémoire culturelle du Vietnam.
- La France continuera-t-elle à augmenter les bourses pour les étudiants vietnamiens ? Pourriez-vous nous dévoiler les secteurs prioritaires ?
Tout à fait. Non seulement nous avons maintenu le budget des bourses, mais nous l’avons même augmenté et c’est une priorité absolue pour Paris et pour l’ambassade de France au Vietnam. Nous l’avons augmenté de 20% entre 2021 et 2022.
Notre objectif, c’est de permettre aux étudiants vietnamiens d’excellence et ambitieux d’aller dans notre système universitaire et notre système des grandes écoles, d’aller aussi dans les hôpitaux pour les médecins ou dans les centres de recherche pour les chercheurs pour soit faire des études, soit pratiquer la médecine.
Parce que le jeune interne vietnamien, en France, peut pratiquer, il soigne directement. C’est très rare, c’est un modèle original dont nous sommes très fiers. Et le jeune chercheur, il cherche dans une équipe intégrée.
Nous avons en France le plus grand incubateur de start-up et donc les étudiants et doctorants qui viennent chez nous sont partie prenante dans ce travail, ils sont intégrés aux équipes et repartent avec un doctorat et un résultat de recherches.
L’année prochaine marquera le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques et le 10e du partenariat stratégique entre le Vietnam et la France. Quelles sont les activités programmées pour ces événements ?
Depuis une cinquantaine d’années, nous avons de bonnes relations. Nous les avons développées et approfondies. Parce qu’en 2013, nous sommes passés au stade de partenariat stratégique, et que le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh et son homologue français Jean Castex, en novembre 2021, ont décidé d’accroître et d’intensifier ce partenariat. C’est très important pour nous.
Concrètement, nous allons commencer la célébration de ces 50e et 10e anniversaires début décembre prochain par les Assises de la coopération décentralisée, ici à Hanoï. Nous allons essayer de dérouler tout au long de l’année 2023 toute une série d’événements dans différents domaines pour illustrer la richesse et la densité de notre coopération dans divers domaines.
Nous allons créer un logo pour « labéliser » ces événements. Il y aura énormément d’activités de toutes natures très différentes et nous espérons les multiplier au fur et à mesure pour pouvoir fêter et célébrer ensemble ces 50 ans.
Nous vous remercions !