Routes inachevées, terrains laissés en friche, chantiers interrompus : ces projets ont non seulement entraîné des pertes économiques considérables et un gaspillage de ressources foncières, mais ont également dégradé l’environnement, le paysage urbain et les conditions de vie des habitants.
Parmi les dossiers emblématiques figurent la route du boulevard circulaire 2,5, le boulevard circulaire 1 sur le tronçon Hoang Cau – Voi Phuc (phase 1), ainsi que le projet de modernisation de la route nationale 6, section Ba La – Xuan Mai. Ces projets, longtemps à l’arrêt, ont suscité exaspération et incompréhension au sein de la population.
Aujourd’hui, un changement est perceptible. Fidèle à l’esprit «Hanoï dit, Hanoï agit», les autorités municipales affichent une détermination renouvelée : agir vite, agir correctement et aller jusqu’au bout. Le cas du boulevard circulaire 1, tronçon Hoang Cau – Voi Phuc, illustre cette nouvelle dynamique.
Une percée spectaculaire dans la libération des terrains
Il y a encore quelques semaines, près de 1.000 foyers n’avaient pas encore remis leurs terrains, représentant environ 50 % du volume total à libérer. Pourtant, en l’espace d’une vingtaine de jours, grâce à une mobilisation rigoureuse des autorités à tous les niveaux, 100 % des ménages concernés dans les quartiers de O Cho Dua, Giang Vo et Lang ont donné leur accord et remis les terrains.
Deux jours avant le reportage, la ville de Hanoï a officiellement achevé la libération des terrains du tronçon Hoang Cau – Voi Phuc et les a remis à l’établissement de construction. La mise en circulation technique est prévue pour le 15 janvier, tandis que l’achèvement complet du projet est attendu en 2026. Un signal fort montrant la volonté de la capitale d’éliminer les retards accumulés durant de longues années.
Selon les autorités, cette avancée résulte d’une combinaison de décisions fermes, d’un travail de persuasion patient et d’un ensemble de politiques sociales adaptées aux réalités des habitants concernés.
Des politiques de compensation inédites pour créer le consensus
Pour garantir l’adhésion de la population, la municipalité a privilégié des solutions concrètes. Les sites de relogement ont été choisis à proximité des lieux de résidence initiaux afin de limiter les perturbations de la vie quotidienne. Les ménages en difficulté financière ont été autorisés à échelonner le paiement de leur logement sur une période de dix ans, avec un taux d’intérêt de 0 %.
Plus encore, pour les foyers ne remplissant pas les conditions de relogement et ne disposant d’aucune autre habitation, Hanoï a proposé l’achat de logements sociaux à proximité immédiate de la zone expropriée, sans tirage au sort ni procédure complexe. Ces politiques ont joué un rôle déterminant dans la création d’un climat de confiance et d’adhésion rapide.
Un problème historique aux causes multiples
Vu Xuan Tung, vice-directeur du Service de l’Agriculture et de l’Environnement de Hanoï, a souligné que la problématique des projets « en suspens » trouve ses racines dans l’histoire même de la capitale, notamment après l’élargissement administratif ayant intégré des parties des provinces de Hoa Binh, Vinh Phuc et l’ensemble de Ha Tay.
Selon lui, les principaux points de blocage résident dans la planification, la révision des plans d’aménagement, la cohérence des décisions d’investissement et, surtout, la libération des terrains. À cela s’ajoute, durant certaines périodes, un manque de fermeté dans la coordination entre les services concernés.
Cependant, ces dernières années ont marqué un tournant, avec une implication plus forte des autorités municipales et un rôle renforcé des services de conseil et de pilotage.
Trois groupes de causes selon les experts
Pour Nguyen Quoc Hiep, président de l’Association des entrepreneurs du bâtiment du Vietnam, les projets bloqués peuvent être classés en deux grandes catégories : investissements publics et investissements privés. Tous partagent toutefois des causes communes, réparties en trois groupes.
Le premier concerne les blocages juridiques et institutionnels, dus à des chevauchements de lois ou à des mécanismes inadaptés, comme ce fut le cas pour certains projets de relocalisation industrielle, récemment débloqués grâce à la résolution 171 de l’Assemblée nationale.
Le deuxième groupe relève de la gestion locale, notamment des lenteurs dans la libération des terrains, l’approbation des plans et la coordination interservices.
Enfin, le troisième groupe concerne les investisseurs eux-mêmes, certains ne disposant pas de capacités financières suffisantes ou de plans de mise en œuvre clairs.
Pour remédier à cette situation, Nguyen Quoc Hiep estime indispensable de traiter simultanément ces trois dimensions, en adaptant les solutions à chaque projet spécifique.
Des chiffres révélateurs de l’ampleur du problème
Un rapport récent sur le traitement des projets hors budget de l’État à Hanoï révèle qu’après trois ans de mise en œuvre de la résolution 04 du Conseil populaire municipal, 712 projets utilisant plus de 11.400 hectares de terres ont été passés en revue.
À novembre 2025, parmi ces projets :
- 439 ont été définitivement réglés ;
- 53 ont fait l’objet d’un retrait de terrains ou d’une annulation des décisions d’attribution ;
- 31 sont en cours de retrait ;
- 70 ont bénéficié d’une prolongation de 24 mois ;
- 203 autres restent sous surveillance renforcée.
Plus de 70 % des difficultés sont liées à la planification, à la détermination des prix fonciers, à l’absence de libération complète des terrains ou à des violations des règles de construction.
Le rôle clé du leadership et de la transparence
Les intervenants s’accordent sur un point essentiel : la réussite dépend largement du rôle du dirigeant de premier plan. Dans le cas du boulevard circulaire 1, l’implication directe des responsables municipaux et locaux, jusqu’aux chefs de quartier et chefs de groupes résidentiels, a permis d’instaurer un dialogue direct et efficace avec les habitants.
Parallèlement, Hanoï progresse vers une gouvernance plus transparente. Les informations relatives aux projets sont désormais publiées sur le portail électronique de la ville, tandis qu’un système numérique de suivi des projets est en cours de développement afin de prévenir l’apparition de nouveaux projets en suspens.
Vers une capitale plus vivable
La levée progressive des projets bloqués ouvre des perspectives positives pour l’image et le développement de Hanoï. En libérant des ressources foncières précieuses et en améliorant l’environnement d’investissement, la capitale pose les bases d’un développement urbain plus harmonieux et durable.
Comme l’a souligné Nguyen Quoc Hiep, si cette dynamique se poursuit, Hanoï pourrait profondément transformer son visage urbain dans la prochaine décennie, répondant ainsi aux attentes de ses habitants et à son rôle de capitale d’un pays de près de 100 millions d’habitants.
La bataille contre les projets en suspens est loin d’être terminée, mais les signaux actuels montrent que Hanoï est résolument entrée dans une nouvelle phase d’action concrète et déterminée.