Selon l’enquête, 62,9 % des femmes vietnamiennes signalent avoir été exposées à une ou plusieurs formes de violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques de la part de leur partenaire au cours de leur vie. La violence basée sur le genre est un problème relativement invisible au Vietnam, car 90,4 % de victimes ne recourent pas à l’aide des autorités et la moitié d’entre elles n’en ont jamais parlé à personne.
Pour les femmes concernées, ces violences peuvent entraîner l’isolement, une incapacité de travailler, des pertes de revenu, un défaut de participation aux activités ordinaires et une capacité limitée à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants. Au total, les coûts sociaux et économiques de ces violences s’élèvent à 100 000 milliards de dôngs, soit 1,8 % du PIB vietnamien.
Ces chiffres inquiétants ont été cités par le MOLISA et la FNUAP au Vietnam lors d’une conférence tenue le 14 décembre à Hanoi, sur les mesures visant à renforcer l’efficacité du Programme de prévention et de réponse à la violence basée sur le genre pour la période de 2021 à 2025. Lors de l’événement, les deux organismes ont lancé le Réseau de partenaires d’action sur la prévention et la réponse à la violence sexiste.
Actuellement, le Programme de prévention et de réponse à la violence basée sur le genre a été ratifié par le gouvernement. Il a pour objectif de diviser le nombre de cas de violence par deux et d’améliorer l’accès des victimes aux services d’assistance.
La vice-ministre du MOLISA, Nguyên Thi Hà, a constaté que la violence basée sur le genre est un problème alarmant dans de nombreux pays. Il s’agit d’une des violations des droits de l’homme les plus courantes. La violence contre les femmes prend différentes formes et se produit partout, à la maison, au travail, à l’école ou dans les espaces publics. Les stéréotypes de genre sont considérés comme la cause fondamentale.
Nguyên Thi Hà a souligné qu’il était crucial d’avoir une coopération étroite entre tous les échelons, les secteurs, les autorités locales, les employeurs et la communauté pour que ces violences soient arrêtées. « Cela permettra aux victimes de ne pas se sentir seules, vulnérables et isolées. Il faut les protéger pour qu’elles puissent se rétablir rapidement et les auteurs des violences doivent être sérieusement punis. C’est ainsi que l’on pourra endiguer la violence pour que chaque famille soit heureuse, que la communauté soit sécurisée et que la société soit égale et civilisée », a-t-elle dit.
Les recommandations du FNUAP
Au niveau mondial, une femme sur trois indique avoir subi une forme quelconque de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie. Pendant les crises causées par les conflits, les catastrophes naturelles et les épidémies, les femmes sont plus susceptibles de la subir. En effet, depuis 2020, la pandémie de COVID-19 a causé non seulement des pertes humaines et économiques, mais aussi une hausse importante des violences basées sur le genre et des violences conjugales. Dans certains pays, le nombre de victimes de ces violences a augmenté d’au moins 30 %.
Face à cette situation, au Vietnam, le gouvernement, tous les secteurs et les collectivités locales ont pris des mesures fermes. Outre le perfectionnement du cadre juridique qui y est lié, de nombreux programmes de sensibilisation ont été organisés dans le but d’améliorer la prise de conscience de la population. De nombreux modèles et services de soutien ont été mis en place. Les activités de prévention, d’intervention et de soutien ont montré leur efficacité.
Dans la province de Quang Ninh, la maison « Anh Duong » (la lueur du soleil) s’avère un modèle de soutien efficace. Ce centre à guichet unique a été conçu grâce à un projet de coopération entre le MOLISA, le FNUAP et l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA). La maison « Anh Duong » fournit tous les services essentiels dans un seul lieu, depuis les services de soins de santé physique et psychologique et les services de protection jusqu’à l’aide juridique. Cette maison est différente des refuges, car les victimes ne doivent pas aller dans plusieurs lieux pour demander des services différents.
Naomi Kitahara, représentante en chef du FNUAP au Vietnam, a apprécié les efforts du MOLISA et des autres organismes vietnamiens concernés dans le règlement des violences basées sur le genre.
Le FNUAP suggère que le Vietnam encourage la participation des jeunes dans ce domaine afin de changer les stéréotypes sociaux et culturels relatifs aux femmes et que les modèles d’intervention comme la maison « Anh Duong » doivent être multipliés. « Il est important que le gouvernement vietnamien établisse un mécanisme de coordination plus étroit qui relie tous les secteurs dans les activités d’intervention », a-t-elle ajouté.