Manque de confiance dans le monde – un défi majeur nécessitant une approche multilatérale

Le 19 octobre, à l’occasion de sa visite de travail au Vietnam et de sa participation à la cérémonie d'ouverture de l'exposition « 17 visages d'action du Vietnam pour le développement durable », la directrice générale de l’Office de l'Organisation des Nations Unies à Genève (ONU Genève), Tatiana Valovaya, a eu un entretien avec des étudiants de l'Académie diplomatique du Vietnam sur « Le multilatéralisme - les défis actuels, le chemin vers l'avenir et le rôle de leadership des femmes ».
La directrice générale de l’ONU Genève, Tatiana Valovaya (à gauche), et le directeur adjoint de l'Académie diplomatique, Nguyen Hung Son. Photo : baoquocte
La directrice générale de l’ONU Genève, Tatiana Valovaya (à gauche), et le directeur adjoint de l'Académie diplomatique, Nguyen Hung Son. Photo : baoquocte

Le directeur adjoint de l'Académie diplomatique, Nguyen Hung Son, a coprésidé cet évènement.

Cinq défis indéniables

Lors de l'entretien, Tatiana Valovaya a évoqué certains défis internationaux majeurs d'aujourd'hui.

Premièrement, l’escalade des conflits dans certaines régions qui sont des points chauds du monde, comme ceux entre la Russie et l’Ukraine et entre Hamas et Israël a créé une énorme crise humanitaire.

Deuxièmement, elle a souligné les fluctuations de la géopolitique mondiale, notamment la concurrence entre les grandes puissances.

Le monde traverse la période la plus difficile depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas pu récemment adopter de Résolution lors d'une réunion d'urgence sur la situation au Moyen-Orient.

C'est la concurrence stratégique entre les grandes puissances qui a créé des difficultés pour motiver les pays à travailler ensemble pour résoudre les conflits.

Troisièmement, selon Tatiana Valovaya, le changement climatique a entraîné des conséquences imprévisibles pour le monde entier. Il a provoqué des catastrophes naturelles. Les pays insulaires et les archipels sont confrontés au risque d’une élévation du niveau de la mer. Il s’agit évidemment d’un problème pour tout le monde.

Quatrièmement, Tatiana Valovaya a déclaré que les nouvelles technologies avaient également provoqué de nombreux défis actuels. Outre les aspects positifs comme la création de nombreux nouveaux emplois, la promotion des innovations technologiques dans la santé, et l'industrie pharmaceutique, la technologie crée également des aspects négatifs difficiles à résoudre comme les défis à la gouvernance mondiale, aux droits de l'homme, et au système juridique.

Cinquièmement, Tatiana Valovaya a notamment déclaré : « Il existe actuellement une méfiance mondiale (global mistrust) », de nombreux pays manquent de confiance les uns envers les autres, les citoyens de nombreux pays manquent de confiance envers leur gouvernement. Cela pourra entraîner des conséquences extrêmement dangereuses.

Multilatéralisme : approche essentielle

Dans ce contexte général, selon Tatiana Valovaya, le multilatéralisme joue un rôle important.

Le système des Nations Unies joue toujours un rôle dans la promotion de la coopération, de la paix, du développement et de la sécurité. Ayant pour thème « Reconstruire la confiance et promouvoir la solidarité mondiale : renforcer l'action sur l'agenda 2030 et les objectifs de développement durable vers la paix, la prospérité, le progrès et la durabilité pour tous », la 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies a été couronnée de succès.

Tatiana Valovaya a déclaré qu'il est nécessaire de renforcer davantage la coopération multilatérale aux niveaux mondial et régional pour résoudre les défis mondiaux, et de proposer des visions à long terme pour le système multilatéral de manière inclusive, globale et efficace.

Les organisations régionales telles que l'ASEAN et l'APEC jouent également un rôle très important dans la promotion de solutions mondiales, l'instauration de la confiance et la garantie de la paix et de la prospérité. Sans la coopération du système multilatéral régional et mondial, il est difficile de trouver les clés pour résoudre les défis communs.

« Il y a deux ans, je pouvais affirmer que le changement climatique était le plus grand défi menaçant la vie, ce n'est plus tout à fait le cas d’aujourd'hui. Je pense que le manque de confiance mondiale est le nouveau défi. » a affirmé Tatiana Valovaya.

Selon elle, bien qu'elle soit la plus grande organisation multilatérale de la planète, l'ONU ne peut prendre des décisions que sur la base du consensus entre les pays. Si les pays n’ont pas la même volonté et la même voix commune, le problème ne pourra pas être résolu.

Concernant la réforme de l'ONU, elle a déclaré que le système des Nations Unies avait procédé à des ajustements ces derniers temps, montrant une coordination et une connexion accrues entre les délégations de l'ONU dans de nombreuses régions du monde, garantissant l'intégrité, l'inclusion et l'intégralité dans les aspects tels que la paix, la sécurité, le développement, les droits de l'homme.

Concernant la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, y compris l’augmentation du nombre de membres permanents (P5), selon Tatiana Valovaya, elle reste difficile car elle nécessite le consensus des pays, dont les membres du P5.

Enfin, Tatiana Valovaya a souligné le rôle des femmes aujourd'hui, notamment dans les organisations multilatérales où les femmes occupent de plus en plus de postes importants, notamment les postes de responsabilité.

Elle croit que les opinions des femmes peuvent créer de la diversité et des perspectives différentes dans l'approche et la résolution des problèmes.

Le Vietnam a fait de nombreux progrès dans la garantie de l'égalité des sexes et la promotion des droits des femmes par le biais de l'éducation. Les femmes vietnamiennes jouent un rôle important dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme Tatiana Valovaya est la 13e directrice de l'Office des Nations Unies à Genève et la première femme à occuper ce poste. Elle possède 35 ans d’expérience dans la fonction publique, la diplomatie et le journalisme.

Elle a écrit plus de 170 publications scientifiques et journalistiques liées à la monnaie internationale, à l'intégration économique européenne et à la coopération multilatérale dans la Communauté des États indépendants (CEI).