Non seulement talentueuse sur le plan sportif, Thanh Thúy se distingue aussi par sa modestie et sa douceur. Photo : CTV/CVN
À 28 ans, l’attaquante-réceptionneuse Trân Thi Thanh Thúy s’est imposée comme un phénomène du volley-ball vietnamien, symbole d’une génération décomplexée et ambitieuse. Sa forme actuelle en dit long : sous le maillot des Gunma Green Wings au Japon, elle brille et s’est hissée dans le Top 10 des meilleures joueuses après six journées de la SV League 2025-2026. Un signal fort pour l’internationale de 1,93 m : son avenir s’écrit au présent et au plus haut niveau.
Trajectoire mondiale
Selon les données de VTV Binh Diên Long An, son club formateur, et de la Fédération vietnamienne de volley-ball (VFV), Trân Thi Thanh Thúy est aujourd’hui la volleyeuse vietnamienne la plus souvent partie “à l’export”. Sa première expérience à l’étranger remonte à 2015, à tout juste 18 ans, direction la Thaïlande pour un véritable “stage” grandeur nature. Son éthique de travail et son gabarit hors norme lui permettent de s’adapter rapidement et d’optimiser sa progression.
La suite ressemble à un véritable tour d’Asie : Taïwan (Chine), puis le Japon avec Denso Airybees (2019-2020) et PFU Blue Cats (2021-2024). Elle confie volontiers que son passage aux PFU Blue Cats a été décisif dans sa maturation. L’école japonaise, rigoureuse et ultra-structurée, a décuplé sa puissance en attaque et affûté ses coordinations sur des systèmes modernes.
Septembre 2024 marque un tournant pour le volley-ball féminin vietnamien. Thanh Thúy signe en Europe, à Kuzeyboru (Turquie). L’aventure, écourtée en novembre 2024, n’en demeure pas moins formatrice : s’entraîner et évoluer dans l’une des ligues les plus compétitives du monde lui a offert un capital d’expérience précieux.
Début 2025, cap sur l’Indonésie où elle rejoint Gresik Petrokimia Pupuk. Après la première phase du championnat, le contrat s’achève et la voilà de retour au Japon, cette fois sous les couleurs de Gunma Green Wings. Là encore, l’impact est immédiat : d’après le classement interne du club, Thanh Thúy est actuellement la deuxième meilleure joueuse de l’effectif, juste derrière la Polonaise Olivia Rozanski.
Son parcours, une constante montée en gamme. À la croisée des influences techniques thaïlandaise, taïwanaise, japonaise, turque et indonésienne, elle a enrichi son jeu d’une palette complète : puissance sur les trajectoires hautes, timing au premier temps, variété des angles côté 4, lecture au bloc et fiabilité en réception sous pression.
À l’heure où le volley-ball vietnamien vise plus haut sur la scène régionale et continentale, Thanh Thúy incarne cette ambition sans complexe. En tête d’affiche au Japon et forte d’un vécu international rare pour une joueuse vietnamienne, elle s’impose comme référence et moteur, autant pour son club que pour la sélection nationale.
Sur son parcours, Thanh Thúy le reconnaît : chaque pays possède ses spécificités de volley-ball, et elle a eu la chance d’en capitaliser la diversité. Il y a quelques décennies, lorsque les échanges internationaux restaient limités, le sport vietnamien, et le volley-ball féminin en particulier, ne pouvait qu’espérer voir un jour ses joueuses évoluer à l’étranger. Aujourd’hui, certaines s’illustrent en Asie du Sud-Est, en Asie et jusque sur le Vieux Continent. Thanh Thúy n’a pas été la première à franchir le pas, mais l’attaquante née en 1997 est de loin la plus voyageuse et la plus titrée parmi celles qui ont tenté l’aventure. Les médias européens et turcs lui ont d’ailleurs accordé une attention soutenue pendant son passage à Kuzeyboru.
Thanh Thúy, l’étoile du volley-ball vietnamien
Confiance pour triompher
Si VTV Binh Diên Long An, son club formateur, lui a ouvert la voie pour des engagements à l’étranger, ce n’est pas un hasard. L’idée directrice est claire : permettre à une volleyeuse vietnamienne de bâtir une image forte, d’atteindre le plus haut niveau, puis de revenir renforcer la sélection nationale.
Cette année, l’Autorité du sport du Vietnam, de concert avec la VFV, a mis en place un plan de préparation ciblé en vue des 33es Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games 33). L’objectif assigné à la sélection féminine est sans ambiguïté : l’or aux SEA Games 33, prévus en décembre prochain en Thaïlande. Un cap qui pourrait mettre une pression pour le staff et les joueuses, mais les résultats engrangés sur la scène internationale en 2023 et 2024 donnent des bases solides à cette ambition.
Habituée des SEA Games depuis ses débuts en équipe nationale, Thanh Thúy court toujours après le titre suprême. À domicile, lors des SEA Games 31 en 2022, la capitaine a mené le Vietnam jusqu’en finale avant de céder face à la Thaïlande pour une médaille d’argent. Aux SEA Games 32 disputés en 2023 au Cambodge, le scénario s’est répété. En décembre prochain, à Bangkok pour les SEA Games 33, c’est encore vers elle que convergeront espoirs et responsabilités : changer la couleur de la médaille et enfin toucher l’or.
“Des joueuses comme Thanh Thúy entrent dans la pleine maturité de leur carrière. Si cette génération n’atteint pas le sommet aux SEA Games, ce serait un vrai regret. Cela dit, les chances restent ouvertes pour toutes les équipes, et le volley-ball vietnamien met aujourd’hui le curseur au maximum sur tous les plans”, confie Lê Tri Truong, secrétaire général de la VFV.
Au-delà du symbole, le cas Thanh Thúy illustre la modernisation d’un écosystème : formation tournée vers l’international, gestion de carrière agile et transferts d’expertise entre clubs d’Asie et d’Europe. Autant de leviers qui doivent converger en sélection. L’heure est venue de convertir l’expérience accumulée en titres. Le décor est planté. Reste à écrire l’épilogue.