"Giâc mo" (Rêve) est le nom donné par Vincent Monluc à son exposition d’aquarelles organisée en janvier dernier à Hô Chi Minh-Ville.
Ses peintures décrivent des paysages naturels, des scènes de la vie quotidienne ou encore des portraits de travailleurs dans diverses régions du Vietnam.
S’exprimant sur le thème de cette exposition, Vincent Monluc a dit qu’il réalisait son rêve, à savoir vivre de la peinture, lui qui a exercé plusieurs métiers différents.
Bien qu’il ait voyagé et peint dans de nombreux endroits à travers le monde, il a décidé de s’installer au Vietnam pour dessiner. Son pays natal lui apporte toujours de grandes émotions, ce que l’artiste-peintre veut essayer de retranscrire dans ses aquarelles.
Nostalgie du pays natal
Vincent Monluc est né en 1952 au Vietnam d’une mère vietnamienne et d’un père français. À 12 ans, il a suivi sa famille pour s’installer en France. Diplômé de l’université Bordeaux Montaigne, il est devenu professeur d’arts plastiques dans un lycée. Passionné de cinéma, il s’est tourné vers le film d’animation pour la télévision française et a exercé ce métier pendant 36 ans.
En 1983, M. Monluc a réalisé le film d’animation de 13 minutes intitulé Parfum De Nuit. Ce dernier a remporté le Grand Prix du jury du Festival national du film d’animation à Marly-Le-Roi et le Grand Prix du Public du Festival du court métrage de Belfort.
Bien qu’il ait passé l’essentiel de sa vie à l’étranger, M. Monluc a toujours ressenti beaucoup d’amour pour son pays d’origine et souhaitait revenir afin de découvrir les racines culturelles, sociales et humaines de ce pays qui lui est si cher. C’est comme cela qu’en 1994 il a décidé d’y retourner pour fonder un studio d’animation qu’il nomma "Armada". Après quelques temps d’activités, il a vendu son studio et est revenu en France pour continuer à faire des films.
Mais la nostalgie est tenace et l’envie de revoir le Vietnam ne disparut pas. À sa retraite, il a décidé de se consacrer à ses deux passions : les voyages et la peinture. Mais le Vietnam lui manquait toujours : "Malgré mes nombreux voyages de par le monde, mon cœur était toujours attaché au Vietnam", a-t-il partagé.
Depuis 2016, M. Monluc est rentré au Vietnam et a parcouru de long en large le pays en vue de réaliser des illustrations et des croquis. Les tableaux de l’exposition "Rêve" expriment toutes ces petites mélodies simples de la vie quotidienne présentes dans les rues et villages du Vietnam.
"Quand on est loin de son pays natal, on a un sentiment vraiment indescriptible. La peinture aide les diasporas à comprendre leur patrie sous de nombreux angles cachés", a confié M. Monluc.
Il croque ainsi avec sa palette et ses pinceaux le quotidien des villes et de bon nombre d’endroits qu’il a visités au Vietnam comme Hanoï, Sa Pa au Nord-Ouest, Huê au Centre, Hô Chi Minh-Ville ou le delta du Mékong (au Sud).
Redécouvrir son pays en le dessinant
"Pour moi, le Vietnam est à la fois proche et nouveau. Quand j’ai retrouvé ma ville natale, tout me paraissait très intéressant. D’une certaine manière, j’admire ma patrie en la dessinant", a indiqué M. Monluc.
Sa première peinture représentait une scène de vie sur le quai de Trân Xuân Soan dans le 7e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Rapidement, il s’est mis à dessiner beaucoup dans les rues afin de découvrir à sa façon le Vietnam à travers le prisme de la peinture.
"Pour moi, ce sont les gens les plus intéressants. Le paysage constitue seulement le fond et une excuse pour faire apparaître les personnes. J’aime beaucoup dessiner les travailleurs dans les rues, les villages, les régions rurales... Cela peut être une âgée marchande ambulante sous le soleil de midi, un homme à cyclo, un enfant vendant des billets de loterie…", a précisé le peintre.
La gentillesse des Vietnamiens lui apporte toujours beaucoup d’émotions. Selon lui, "seul le Vietnam possède des images aussi vives et pleines de souffle de vie. C’est l’âme vietnamienne".
"Mon expérience la plus marquante de peinture s’est déroulée à Côn Dao (province de Bà Ria-Vung Tàu, au Sud). Dans un premier tableau, j’ai peint l’intérieur d’un palais appartenant jadis à un geôlier français. La seconde est l’architecture extérieure de la prison de Côn Dao", a-t-il conclu.