Un regard depuis l’Allemagne tourné vers la mère-Patrie : le parcours du magazine Huong Viet en Europe

À 21 ans, Pham Khanh Nam devient rédacteur en chef du magazine Huong Viet en Allemagne. Avec passion, il œuvre à rapprocher les cultures vietnamienne et allemande, et à relier les cœurs à leur terre natale.

Le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, To Lam, a reçu une délégation de Vietnamiens exemplaires de l’étranger, dont Pham Khanh Nam, au Palais présidentiel. Photo fournie par M. Pham Khanh Nam.
Le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, To Lam, a reçu une délégation de Vietnamiens exemplaires de l’étranger, dont Pham Khanh Nam, au Palais présidentiel. Photo fournie par M. Pham Khanh Nam.

S’étant engagé dans le journalisme comme une « prédestination heureuse », et étant devenu rédacteur en chef du magazine Huong Viet en Allemagne à seulement 21 ans, Pham Khanh Nam raconte une histoire inspirante, empreinte de passion et de mission : jeter un pont entre les cultures vietnamienne et allemande, et relier les cœurs éloignés à leur terre natale.

Avec vos collègues, vous avez fondé le magazine Huong Viet « Parfum du Vietnam » en 2009 et en êtes devenu rédacteur en chef à 21 ans. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a conduit au journalisme ?

En réalité, je me suis engagé dans le journalisme comme une sorte de « prédestination heureuse », mais j’y suis resté par un choix conscient.

Lorsque je suis arrivé en Allemagne, j’ai emporté dans mes bagages non seulement les rêves de ma jeunesse, mais aussi une profonde nostalgie, un amour sincère et intense pour ma Patrie vietnamienne.

En 2009, quand Huong Viet a vu officiellement le jour, mes collègues et moi partagions une même préoccupation : comment offrir aux Vietnamiens de l’étranger un média à la fois fiable, accessible et proche, leur permettant de mieux comprendre leur pays d’origine tout en les tenant informés de l’actualité dans leur pays d’accueil – la République fédérale d’Allemagne.

2-62.jpg
Pham Khanh Nam a reçu un certificat de mérite du ministre des Affaires étrangères Bùi Thanh Sơn pour ses contributions remarquables au développement de la communauté vietnamienne à l’étranger et à son attachement envers la patrie. Photo fournie par Pham Khanh Nam.

À 21 ans, on rêve encore beaucoup, tout en ayant tant à apprendre. Mais c’est justement cette jeunesse qui m’a permis de m’engager avec passion et un profond sens des responsabilités.

Le journalisme est entré dans ma vie non seulement comme un métier, mais comme une mission : celle d’être un trait d’union entre les cultures vietnamienne et allemande, et plus encore, entre les cœurs éloignés et leur patrie.

Dans ce parcours, j’ai appris des leçons précieuses sur la persévérance, la compréhension mutuelle, et surtout, sur le rôle fondamental des médias dans la cohésion communautaire.

Vous avez mentionné que « la fierté d’être de sang vietnamien » était une grande source d’inspiration. En quoi ce sentiment a-t-il façonné le contenu et l’esprit de Huong Viet ?

Pour moi, « la fierté d’être de sang vietnamien » n’est pas un simple slogan, mais une boussole. C’est l’esprit qui a guidé chacun de nos articles, de nos programmes, de nos événements depuis plus de 15 ans.

Nous ne nous contentons pas de transmettre des informations, nous racontons aussi des histoires, des émotions, en vietnamien, avec la perspective d’un Vietnamien porteur de sa culture.

Cet esprit se manifeste dans notre priorité donnée aux contenus proches de la communauté : événements culturels, politiques, économiques, mais aussi récits de vie, riches d’humanité.

Nous avons également toujours gardé le regard tourné vers la patrie, à travers des actions symboliques : remise du registre de condoléances des lecteurs à la famille du Général Vo Nguyen Giap ; visite des soldats et habitants de l’archipel de Truong Sa ; participation à la Semaine internationale de la presse à l’occasion du 50e anniversaire de la réunification nationale (30/04/1975 - 30/04/2025) ; ou tout récemment, une série d’événements culturels pour célébrer le cinquantenaire des relations diplomatiques entre le Vietnam et l’Allemagne (23/09/1975 – 23/09/2025).

Nous sommes convaincus que tant que les Vietnamiens de l’étranger conservent leur langue et leur attachement à leurs racines, ils ne perdront jamais leur identité – peu importe où ils vivent. C’est cet amour qui constitue l’« âme » du magazine Huong Viet.

Selon vous, quel rôle la presse vietnamienne à l’étranger, comme Huong Viet, doit-elle jouer pour refléter la réalité de la diaspora tout en apportant un soutien moral aux expatriés ?

Avant tout, la presse vietnamienne à l’étranger doit rester fidèle à la vérité. Dans un contexte où l’information peut facilement se brouiller, il est crucial de sélectionner avec soin chaque donnée.

Nous faisons en sorte que chaque article reflète fidèlement les faits, soit vérifié, équilibré, afin d’aider les Vietnamiens à mieux comprendre leur environnement, les politiques en vigueur, les opportunités et les défis du pays d’accueil.

Ensuite, les médias communautaires ne doivent pas se contenter d’informer, ils doivent accompagner.

Nous voulons bâtir une « maison spirituelle » où chaque Vietnamien peut trouver partage, joie, et réconfort dans les moments difficiles.

À travers des actions concrètes : activités communautaires, programmes culturels et sportifs, cours de vietnamien pour les jeunes générations, fêtes culturelles annuelles… nous œuvrons à entretenir la flamme de la culture et le lien communautaire.

Nous devons refléter la vie communautaire dans toute sa complexité : réussites, luttes, intégration, préoccupations des jeunes générations… Mais surtout, la presse doit réchauffer les cœurs.

Lorsqu’un expatrié ouvre un journal en langue maternelle, il ne cherche pas seulement à s’informer ; il espère y retrouver une part de lui-même : un poème qui évoque son enfance, une histoire de persévérance, ou une nouvelle du pays natal qui fait monter les larmes aux yeux.

Enfin, à l’ère du numérique, les médias communautaires doivent opérer une transformation. Huong Viet s’est engagé dans une stratégie multiplateforme – édition papier, site web, réseaux sociaux – pour toucher un public plus large, en particulier les jeunes générations.

Nous savons que c’est seulement en atteignant la deuxième et troisième génération que notre mission pourra vraiment s’inscrire dans la durée.

Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes des expatriés, mais nous pouvons être là – comme un ami fidèle, pour écouter, partager, et garder vivante la flamme de l’espérance.

En regardant vers l’avenir, que souhaitez-vous pour la jeunesse vietnamienne en Allemagne, notamment dans la transmission des valeurs culturelles et la contribution à l’amitié entre les deux pays ?

Je crois profondément que la jeune génération vietnamienne en Allemagne a tout le potentiel pour préserver ses racines tout en s’intégrant pleinement.

Nombreux sont ceux qui réussissent brillamment dans les domaines académiques, économiques, technologiques ou artistiques, et qui acquièrent une véritable voix dans la société allemande.

Mais pour qu’ils n’oublient pas « qui ils sont », le rôle de la famille, des associations, et surtout des médias comme Huong Viet, est essentiel.

J’espère que les jeunes ne se contenteront pas de « connaître le Vietnam », mais qu’ils seront aussi « fiers d’être Vietnamiens ». Cela les rendra plus confiants dans le monde.

Ils deviendront alors les ambassadeurs les plus subtils et les plus efficaces de la culture vietnamienne, contribuant au renforcement des relations bilatérales et des échanges entre les peuples vietnamiens et allemands.

Je suis convaincu que, lorsqu’ils comprendront que porter le sang vietnamien est un privilège et non un fardeau, l’avenir de la culture vietnamienne à l’étranger brillera de mille feux.

Merci infiniment pour ce partage !

Back to top