Selon Bui Hoai Son, député à l'Assemblée nationale du Vietnam et membre permanent de la Commission des Affaires culturelles et sociales de l’Assemblée nationale, la culture constitue la « flamme qui brûle sans cesse » dans l'amitié Vietnam-Cuba.
Un socle spirituel qui unit deux peuples
Depuis plus de soixante ans, le Vietnam et Cuba entretiennent une relation exceptionnelle, dans laquelle la coopération culturelle joue un rôle structurant.
Les échanges culturels Vietnam–Cuba se sont imposés comme l’un des emblèmes les plus éloquents de leur relation bilatérale, malgré la distance géographique.
Au cours des six dernières décennies, la coopération culturelle a tissé des liens indéfectibles entre deux nations qui partagent les mêmes idéaux d'indépendance, de liberté et de dignité humaine.
La plus grande richesse humaine de cette relation réside dans le fait que la culture n'est pas seulement un espace d'échange, mais aussi un fondement spirituel qui nourrit l'amitié durable entre les peuples des deux pays.
Les Vietnamiens gardent en mémoire les paroles emblématiques de Fidel Castro : « Pour le Vietnam, Cuba est prête à verser son sang. » Il ne s'agit pas seulement d'un engagement politique, mais aussi d'un message culturel, un symbole de compassion, d'empathie et de foi dans les nobles valeurs de l'humanité.
Des troupes artistiques cubaines se produisaient à Hanoi au cœur de la guerre du Vietnam, tandis que des générations d’étudiants vietnamiens formés à La Havane sont devenus, aujourd’hui, les relais naturels d’une nouvelle dynamique de coopération.
La culture est le ciment qui unit les deux pays, une force douce qui permet aux deux peuples de cheminer ensemble vers la paix, la justice et le bonheur.
Réinventer la coopération culturelle à l’ère numérique
Nous vivons à l'ère du numérique, où l'espace est devenu une scène commune permettant aux peuples d'exprimer leur identité. C'est aussi l'occasion pour le Vietnam et Cuba de poursuivre l'écriture de leur amitié à travers la créativité et le partage du savoir.
« À l’ère du numérique et de la mondialisation culturelle, la coopération Vietnam-Cuba ne peut se limiter aux échanges traditionnels, mais doit s’ouvrir à des approches créatives, interactives et appuyées sur les nouvelles technologies », a souligné M. Son.
Selon lui, la coopération culturelle actuelle doit s'inscrire dans une transformation numérique : numérisation du patrimoine ; interconnexion des musées, bibliothèques et centres culturels ; coproduction de documentaires, de contenus musicaux ou artistiques en ligne et développement de plateformes créatives numériques.
Ces espaces ne visent pas seulement la préservation. En effet, ils permettent également de diffuser l’identité culturelle vietnamienne et cubaine auprès du public mondial, en particulier des jeunes.
Pour répondre aux exigences de l’époque, les deux pays pourraient initier des projets emblématiques tels qu’une « semaine de la culture numérique Vietnam-Cuba », des échanges d’artistes ou de jeunes créateurs via des plateformes numériques, ou encore une application bilingue consacrée au patrimoine des deux nations.
La culture : un canal diplomatique singulier
Partageant son point de vue sur le rôle de la culture comme canal diplomatique particulier, contribuant à diffuser un message de solidarité, d'humanité et d'empathie entre les deux nations, ce député vietnamien a confié : « Nos deux peuples ont traversé des années de lutte pour reconquérir la liberté ; de ces épreuves est née une force spirituelle exceptionnelle.
Aujourd’hui, dans un monde multipolaire dominé par les intérêts matériels et stratégiques, la force douce de la culture revêt une valeur inestimable.
Elle permet d’affirmer l’identité nationale tout en transmettant un message profondément humaniste : l'amitié sincère, le partage et l'aspiration à l'humanité sont toujours les valeurs les plus durables.
Lorsqu’une chanson cubaine retentit à Hanoi ou qu’un ao dai vietnamien apparaît dans les rues de La Havane, il ne s’agit pas simplement d’un échange artistique, mais d’un symbole de confiance réciproque.
« La culture est, à mes yeux, le langage diplomatique le plus puissant, celui qui n’a besoin d’aucune traduction. Elle crée un pont reliant le passé et l’avenir, une passerelle de bienveillance dans un monde en mutation. C'est cette force qui forge l'identité unique de la relation Vietnam-Cuba, une amitié qui s'exprime non seulement en politique, mais aussi dans chaque aspect de la culture et de l'âme humaine », a exprimé Bui Hoai Son.
Défis et opportunités pour une nouvelle phase de coopération
Les relations culturelles entre le Vietnam et Cuba traversent une période de transition cruciale, riche en opportunités et en défis.
Le principal défi consiste à assurer la pérennité d'une relation bâtie sur des idéaux révolutionnaires et l'affection indéfectible de la génération précédente, dans un monde en pleine mutation.
Le Vietnam et Cuba peuvent mobiliser et valoriser la force créative de leur jeunesse, une génération née dans la paix et ayant grandi à l’ère numérique, pour renouveler la coopération.
Des programmes de formation pour artistes, designers et cinéastes ; des projets de création numérique, de coopérations en musique, cinéma, arts de la scène ; un institut Vietnam–Cuba de la création contemporaine ou des festivals bilatéraux des arts pour la jeunesse pourraient devenir de nouveaux symboles de l'amitié entre les deux pays au XXIe siècle.
Les opportunités se renforcent également puisque les deux pays placent désormais la culture au cœur du développement durable.
Le Vietnam élabore une stratégie de développement des industries culturelles ; Cuba, de son côté, élargit sa coopération dans les secteurs créatifs.
La coopération culturelle entre le Vietnam et Cuba doit être un processus d'apprentissage mutuel et de création commune de nouvelles valeurs.
La culture est véritablement « une flamme qui ne s’éteint jamais » dans l’amitié Vietnam-Cuba, une flamme allumée durant les années de lutte, nourrie par l’amour de la liberté, la compassion et l’humanisme.
Bien que les jeunes générations n’aient pas vécu la guerre, elles héritent de cet immense patrimoine spirituel.
« Je souhaite que la jeunesse des deux pays ne se rencontre pas uniquement dans l’admiration du passé, mais aussi dans le désir commun de bâtir l’avenir – un avenir où la culture demeure une force douce, un socle de développement, un soutien moral pour des liens durables entre nos deux peuples », a souligné Bui Hoai Son.