Des années de lutte contre la guerre jusqu’à aujourd’hui, alors qu’il a plus de 80 ans, il conserve intacte son affection fidèle pour le Vietnam.
La flamme de la solidarité venue de Moscou
Dans un entretien avec la presse vietnamienne, Viktor Alekseïevitch Petrov ne cache pas sa fierté lorsqu’il se remémore les années où toute l’Union soviétique tournait ses regards vers le Vietnam.
«Chaque citoyen soviétique, en premier lieu les membres du Parti communiste, devait, chaque matin en se levant, se demander ce qu’il pouvait faire pour le Vietnam et comment en faire davantage pour le soutenir», raconte-t-il en citant un slogan que diffusait à l’époque le Comité soviétique de soutien au Vietnam.
Créé en 1965 par des personnalités sociales et artistiques soviétiques, le comité reçut vite le soutien du Parti communiste après l’incident du golfe du Tonkin et l’escalade des bombardements américains.
Il défendait la cause vietnamienne sur la scène internationale et devint un centre de mobilisation: des centaines de milliers d’ouvriers versaient une journée de salaire au Fonds de soutien au Vietnam, tandis que le journal Pionerskaïa Pravda incitait les écoliers à collecter des dons.
« Grâce à ces contributions financières et matérielles considérables, le Fonds soviétique pour la paix a pu accueillir parfois jusqu’à 50 délégations vietnamiennes par mois, d’abord en Union soviétique, puis en Europe et dans d’autres pays, afin de présenter et promouvoir les positions du Vietnam », se souvient M. Petrov.
Le Comité soviétique soutint également de grands mouvements internationaux, tels que celui en France, qui déboucha sur la Conférence de Versailles en appui au Vietnam, ou encore celui en Suède, dirigé par l’avocat et député Hans Göran Franck, qui institua un tribunal pour juger des crimes américains au Vietnam.
Le comité invita aussi à Moscou d’anciens soldats américains déserteurs du Vietnam afin de témoigner des crimes de l’impérialisme américain, avant de poursuivre ces actions en Europe.
« J’ai participé à de nombreux mouvements de solidarité internationale, mais jamais aucun n’a atteint l’ampleur de celui dédié au Vietnam : c’était un élan immense, qui s’est répandu à travers le monde entier », affirme-t-il.
Il explique cela par l’histoire même du peuple soviétique, qui venait de subir les pertes et souffrances les plus terribles durant la Grande Guerre patriotique. « Ils comprenaient de tout leur cœur les difficultés et les sacrifices du peuple vietnamien face à l’agression américaine. Cela constituait pour eux une source de force morale, politique et spirituelle immense », souligne-t-il.
Des souvenirs marquants
Dans ses souvenirs, l’image la plus marquante demeure celle de Mme Nguyen Thi Binh, ancienne ministre des Affaires étrangères et cheffe de la délégation du Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam aux négociations de Paris.

Diplômé de français à l’Institut pédagogique d’État des langues étrangères de Moscou (aujourd’hui MGLU), Petrov accompagna dès 1973 Mme Binh lors de ses missions dans la capitale soviétique. Surnommé affectueusement « Viktor », il l’accompagna dans ses rencontres avec les dirigeants et ses interventions à l’Université d’État de Moscou, à la division blindée Taman et à l’École militaire du Kremlin.
« Tout le monde était impressionné par son intelligence, son savoir et sa maîtrise des dossiers (…). C’était une femme remarquable, et je garde d’elle les souvenirs les plus admiratifs », confie-t-il. Outre son esprit vif et sa diplomatie habile, il se dit frappé par « la combinaison surprenante entre féminité et tempérament combatif ».
Il garde aussi le souvenir d’avoir rencontré deux figures féminines marquantes du Vietnam : Mme Nguyen Thi Binh et la générale Nguyen Thi Dinh. « J’ai ressenti une chaleur et un profond respect pour ces femmes extraordinaires », confie-t-il.
Des changements extraordinaires au Vietnam
Invité à Hanoï à l’occasion des cérémonies marquant le 50e anniversaire de la signature des Accords de Paris mettant fin à la guerre et rétablissant la paix au Vietnam, Petrov constate avec émotion l’évolution du pays.
« Si l’on compare le Vietnam au moment de la signature des Accords de Paris avec celui d’aujourd’hui, on mesure à quel point les changements sont extraordinaires.
Je suis venu plusieurs fois au Vietnam : une première alors que la guerre faisait encore rage, puis pour le 40e anniversaire des Accords de Paris, et cette fois pour le 50e.
À chaque retour, j’ai été surpris par les transformations rapides : des villes modernes, des gratte-ciel remplaçant les maisons détruites et les villages ravagés par la guerre, mais aussi des changements plus profonds et durables. Le pays se développe, prospère, avec des réalisations impressionnantes sur le plan économique et social. La vie des habitants s’améliore, plus prospère, plus libre, plus heureuse.
Nous apprécions profondément l’amitié que le Vietnam a toujours témoignée à l’Union soviétique d’hier comme à la Russie d’aujourd’hui. Nous sommes fiers d’avoir toujours marché aux côtés du destin du Vietnam. C’est une amitié spéciale, fidèle et solide, qui lie nos deux peuples du passé au présent, et qui continuera à se renforcer à l’avenir ».