Au revoir Raymonde Dien, une grande amie du Vietnam

Nhân Dân en ligne - Le 19 août 2022, Raymonde Dien, membre du Parti communiste français et symbole du mouvement contre la guerre française au Vietnam, est décédée à l’âge de 93 ans. Durant toute sa vie, elle a toujours été une amie sincère du Vietnam.

Raymonde Dien consacre son amour et son soutien à la cause de la libération, de la construction et de la défense nationales du Vietnam. Photo : Huy Thang/NDEL.
Raymonde Dien consacre son amour et son soutien à la cause de la libération, de la construction et de la défense nationales du Vietnam. Photo : Huy Thang/NDEL.

Raymonde Dien est née le 13 mai 1929 à Mansigné, une commune du département de la Sarthe en région Pays de la Loire dans l’ouest de la France.

Dès son plus jeune âge, Raymonde Dien a été témoin des souffrances de sa famille causées par la Seconde Guerre mondiale.

Par conséquent, elle réfléchissait toujours à la façon de mettre fin à la douleur dans le monde.

Héritière de la tradition familiale de lutte pour la paix, son père étant membre du Parti communiste français, elle a participé rapidement à des activités politiques et sociales et a été admise au Parti communiste français alors qu’elle n’avait que 18 ans.

Le premier travail de Raymonde Dien en tant que membre du Parti communiste français était secrétaire de liaison d’une organisation du Parti à Tours.

Au cours des années 1950, les Français de tout le pays ont activement participé au mouvement contre la guerre française au Vietnam et en Indochine.

Les travailleurs de nombreux grands ports français se sont mis en grève pour protester contre l’expédition d’armes au Vietnam.

Les communistes français, dont Raymonde Dien, ont également répondu activement à ce mouvement et sont descendus dans la rue pour appeler à la paix au Vietnam.

Le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nguyên Phu Trong, rencontre Raymonde Dien le 26 mars 2018, lors de sa visite officielle en France. Photo : NDEL.

Le 23 février 1950, à la gare de Tours, la jeune Raymonde Dien s’est allongée sur les rails pour bloquer un train transportant des armes vers l’Indochine.

En début d’après-midi, en apprenant qu’un train transportant des armes à destination de l’Indochine était sur le point de passer par la gare de Tours, le Comité du Parti de Tours ordonna immédiatement à ses membres de manifester à la gare.

Raymonde Dien et ses camarades s’y sont rendus rapidement et ont vu une foule nombreuse avec des banderoles et des affiches de protestations contre la guerre française en Indochine.

Quelques minutes plus tard, le train chargé d’armes passerait par la gare de Tours en direction du port puis le tout serait chargé sur un navire vers le champ de bataille d’Indochine. Malgré les foules opposées agitant des banderoles, le train se glissa froidement sur le quai. Dans peu de temps, ce train croiserait les manifestants pour transférer des armes sur un bateau vers l’Indochine.

Soudain, une jeune femme a sauté sur la voie, bloquant l’avant du train. Trop surpris par un acte aussi courageux, le conducteur du train a été contraint d’utiliser le frein d’urgence. Heureusement, l’avant du train s’est arrêté à quelques centimètres de la femme.

La femme qui a osé bloquer ce train en gare de Tours dans l’après-midi du 23 février 1950 est une jeune membre du Parti communiste français, Raymonde Dien. À cette époque, Raymonde Dien avait moins de 21 ans.

Le train a été contraint de s’arrêter et les manifestants ont eu l’occasion d’agir en scandant des slogans antiguerre. En conséquence, le train transportant des armes vers l’Indochine n’a pas pu atteindre le point de livraison à temps.

Le même après-midi, Raymonde Dien est emmenée par la police. Malgré l’application de toutes les méthodes d’interrogatoire pour trouver le cerveau de ces activités antiguerre, la police n’a toujours pas réussi à maîtriser l’esprit de Raymonde Dien.

Elle a simplement répondu : « C’était un acte antiguerre de ma part, sans que personne ne m’y ait poussé. Je le fais parce que je déteste la guerre. Je ne veux plus voir d’effusion de sang. Je veux la paix ».

Le 1er juin 1950, après plus de trois mois, le procès de Raymonde Dien s’est déroulé dans la ville de Bordeaux. Elle a été reconnue coupable d’une « atteinte grave à la sécurité nationale » et condamnée à un an de prison, puis incarcérée à Bordeaux.

À la suite de la condamnation, des manifestations de soutien ont éclaté à travers la France.

Le Parti communiste français a organisé des manifestations de plus en plus importantes. La solidarité des gens épris de paix en France, ainsi qu’à travers le monde, lui a donné plus d’énergie et de confiance pour surmonter toutes les difficultés pendant sa détention.

Les activités de lutte persistantes du Parti communiste français avec les progressistes en France et les gens épris de paix dans le monde ont produit des résultats. Raymonde Dien a étélibérée le 23 décembre 1950, dix mois après son arrestation.

Le 23 février 1950 est entré dans l’histoire comme un symbole du prolétarisme international, présentant la plus belle image de la vie d’une femme membre du Parti communiste français, et en même temps encourageant le peuple vietnamien contre les colonialistes français.

Depuis lors, Raymonde Dien, ainsi que d’autres membres du Parti communiste français et des amis français tels que Raymond Aubrac, Henri Martin, Madeleine Riffaud et Charles Fourniau ont toujours soutenu le peuple vietnamien dans la lutte contre les colonialistes. Ils sont devenus des soldats de la paix, contribuant à promouvoir le mouvement de soutien au Vietnam.

Raymonde Dien visite le stand du Journal Nhân Dân et signe des autographes à la Fête de l’Humanité, le 13 septembre 2014. Photo : NDEL.

De nombreuses années se sont écoulées et cet événement historique est toujours dans les mémoires du peuple vietnamien et des peuples épris de paix dans le monde. Après cette période, Raymonde Dien a continué à participer à des activités de lutte pour la paix au Vietnam.

Elle a dit un jour : « Je suis très fière d’être au Parti communiste français depuis 1947 et de rejoindre le combat pour la paix. Je suis les informations sur la guerre au Vietnam à travers le journal L’Humanité, la voix du Parti communiste français, et je sais que beaucoup de gens y ont été tués et que des écoles, des hôpitaux et des usines ont été détruits. C’est pourquoi je veux faire quelque chose pour arrêter ce carnage… »

Chaque fois qu’elle a eu l’occasion de parler de son acte courageux du 23 février 1950, elle a dit avec émotion : « J’ai suivi la voix de mon cœur. Je ne comprends pas quelle force m’a fait agir. J’ai crié à mes camarades d’arrêter ce train. Alors j’ai décidé d’agir vite et de me précipiter sur les rails. Heureusement, le train s’est arrêté à quelques centimètres de moi et n’a pas pu arriver au point de livraison comme prévu. »

« Le Vietnam est toujours dans mon cœur. C’est pourquoi j’ai décidé d’utiliser mon corps pour bloquer ce train de destruction. »

En 1956, lors de sa première visite au Vietnam, elle a été accompagnée d’Henri Martin, un français également très proche du Vietnam. Il est l’un des pionniers du mouvement contre la guerre coloniale française au Vietnam et en Indochine.

Cette fois-là, Raymonde Dien a rencontré l’Oncle Hô, une rencontre touchante qu’elle évoquait chaque fois qu’elle en avait l’occasion. C’était un souvenir qui a toujours été dans son esprit lorsqu’elle a rencontré le Président Hô Chi Minh, un dirigeant admiré et respecté par les progressistes du monde entier.

Elle a dit que grâce aux aimables salutations de l’Oncle Hô et en voyant la dévastation de la guerre de ses propres yeux, elle a vu plus clairement la valeur inestimable de la paix.

En venant au Vietnam, elle s’est rendu compte que c’était une guerre insensée, car l’armée française ne faisait que causer de la douleur et des pertes au peuple vietnamien, tout comme le peuple français avait dû souffrir pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 2004, à l’occasion du 50e anniversaire de la victoire de Diên Biên Phu, Raymonde Dien et son ami Henri Martin sont retournés au Vietnam, témoins des changements rapides dans la patrie de l’Oncle Hô. C’était aussi avec bonheur et fierté qu’elle voyait le Vietnam avancer sous la volonté du Président Hô Chi Minh.

Le 2 septembre 2004, Raymonde Dien et Henri Martin ont eu l’honneur de recevoir la Médaille de l’amitié de l’État vietnamien.

Raymonde Dien a toujours souhaité que le Vietnam devienne un beau pays et une destination pour les gens du monde entier, afin qu’ils réalisent les grands sacrifices que le peuple vietnamien a faits pendant la guerre.

Comme beaucoup d’amis français épris de paix et du Vietnam, Raymonde Dien avait un amour particulier pour le pays et l’a soutenu de tout cœur.

Elle a souvent dit qu’elle avait toujours suivi les traces du Vietnam, qu’elle était profondément attristée par les sacrifices causés par la guerre et qu’elle était heureuse des succès du pays. Toute sa vie, elle a aimé le Vietnam. « Nous sommes tous des descendants de l’Oncle Hô », a-t-elle déclaré.

Raymonde Dien visite le Bureau de représentation du Journal Nhân Dân en France, le 11 mars 2012. Photo : NDEL.

Ces dernières années, elle a essayé d’assister à des événements liés au Vietnam malgré son âge avancé et sa santé fragile. Elle a toujours regretté de ne pas être en aussi bonne santé qu’avant pour rejoindre directement les activités d’aide au Vietnam, en particulier pour aider les victimes de l’agent orange.

72 ans se sont écoulés depuis l’événement historique du 23 février 1950, dans une gare près de la ville de Tours. Malgré les années qui passaient, ses sentiments envers le Vietnam sont restés les mêmes jusqu’à sa mort.

Raymonde Dien est décédée, laissant un profond chagrin dans le cœur des amis français et du peuple vietnamien. Cependant, l’image de la grande amie du Vietnam, qui a toujours eu dans son cœur un amour particulier pour le Vietnam, restera éternelle.

L’exemple de la lutte pour la paix et le Vietnam continuera d’inspirer les jeunes générations à faire des efforts pour cultiver et renforcer davantage la solidarité et l’amitié de longue date entre les deux pays.