Des vétérans français ont de l’attachement à Diên Biên Phu

Pour les vétérans français ayant combattu en Indochine, Diên Biên Phu constitue une empreinte dans leur carrière militaire. Des dizaines d'années après la Victoire de Diên Biên Phu qui « a résonné à travers les cinq continents et a ébranlé le monde », leurs souvenirs douloureux ont été remplacés par une affection particulière pour cette terre.
Le général Philippe de Maleissye présente le pot de terre et une pierre qu'il a rapportés de la colline A1 à Diên Biên Phu. Photo : VNA.
Le général Philippe de Maleissye présente le pot de terre et une pierre qu'il a rapportés de la colline A1 à Diên Biên Phu. Photo : VNA.

La Télévision du Vietnam a diffusé le 6 mai une émission sur la dernière rencontre d’une journaliste de la Télévision du Vietnam avec Jacques Allaire, un vétéran français ayant participé au champ de bataille de Diên Biên Phu avant sa mort.

Des documents historiques ont beaucoup parlé de Jacques Allaire (1924-2022) car il a été présent au Vietnam à de nombreuses époques. Il a été parachuté à Diên Biên Phu en 1953 et en mars 1954. Jacques Allaire a été libéré en septembre 1954.

Lors de sa visite au Vietnam en 2018, le vétéran français Jacques Allaire, se tient devant une stèle en pierre commémorant les héros morts vietnamiens lors de la campagne de Diên Biên Phu. Photo : baoquocte.vn

Lors de sa visite au Vietnam en 2018, le vétéran français Jacques Allaire, se tient devant une stèle en pierre commémorant les héros morts vietnamiens lors de la campagne de Diên Biên Phu. Photo : baoquocte.vn

Il a déclaré : « Lorsque l'armée du Viêt Minh a commencé à attaquer, notre commandant craignait que nous perdions la bataille, alors il a décidé d'envoyer des renforts. Ils ont commencé à parachuter des troupes de partout à Diên Biên Phu. J’y ai parachuté le 16 mars 1954 et puis il y a eu de grandes batailles. Je me souviens de ce jour à 17h30 où je me suis rendu ».

Jacques Allaire est retourné 7 fois au Vietnam et a fait ce qu'il désirait, c’est de retourner sur le champ de bataille de Diên Biên Phu, lieu où il rêvait de passer les derniers instants de sa vie. C’est ce qu’il l’a partagé avec la presse française.

« Je me souviens très bien de cette histoire particulière. Quand nous sommes arrivés à Viêt Tri, où je suis libéré, j'ai eu mal au ventre. Je pensais que je pourrais mourir, à cette époque il y avait des médecins mais pas de médicaments. Un soldat vietnamien est passé par là et m'a vu porter uniquement un short. Il a regardé ma jambe avec une atrophie musculaire due à une paralysie et est revenu avec une couverture et m'a couvert, je n'oublierai jamais ce geste », a raconté Jacques Allaire.

Jacques Allaire est décédé à l'âge de 98 ans sans avoir pu faire ce qu'il voulait : retourner une nouvelle fois au Vietnam. Jusqu'à la fin de sa vie, il a vécu entouré d'innombrables objets souvenirs de Diên Biên Phu et du Vietnam.

Pour de nombreux autres vétérans français qui ont combattu à Diên Biên Phu, les souvenirs profondément douloureux de ces jours ont désormais fait place à une affection particulière pour cette terre. Au point qu'avant de mourir, les soldats français voulaient seulement être enterrés avec une poignée de terre rapportée du champ de bataille de Diên Biên d’antan.

Lors de ses visites au Vietnam, le général Philippe de Maleissye, président de l'Association française des anciens prisonniers d'Indochine (ANAPI), rapportait souvent un peu de terre de Diên Biên Phu pour en donner à ses camarades ayant combattu en Indochine, pour répondre ainsi à leur dernier souhait.

M. Philippe de Maleissye a expliqué : « J'ai pris un peu de terre à cet endroit pour mes amis, qui en voulaient comme un témoignage de l'histoire, un souvenir de la terre où eux et beaucoup de leurs camarades, avaient mis les pieds, même y ont sacrifié du sang. Avec ce pot de terre, nous pouvons en mettre dans le cercueil d'un soldat qui a combattu à Diên Biên Phu dans le passé, là où se sont déroulés les combats qui ont marqué l’empreinte la plus profonde de leur vie et c’est aussi la terre qu'ils ont aimée ».

Ancien officier de la Légion étrangère, inspecteur général de l'Armée française, le général Philippe de Maleissye est également un expert de Diên Biên Phu. En 2013, il a publié un « roman vivant », mélange de documentaire et de fiction, intitulé « La Vallée perdue ».

Lors de son arrivée au Vietnam en 2013, Philippe de Maleissye a rapidement compris l'amour que les anciens combattants français ont accordé au pays et à ses habitants. Il a lui-même visité le Vietnam à 7 reprises.

« Au nom des vétérans français d'Indochine que je connais, je peux dire qu'ils aiment tous le Vietnam. Même que le Vietnam est plus aimé et favorisé par eux que toutes les autres colonies françaises à l’époque, de l'Afrique du Nord au Sahara du Sud, puis le Laos ou le Cambodge, le Vietnam était vraiment un pays charmant, avec des gens sympathiques, hospitaliers, joyeux et assidus. J’ai moi-même visité le Vietnam 7 fois et je comprends pourquoi ils aiment ce pays », a-t-il déclaré.