Entreprises et agriculteurs s'orientent vers une production verte et circulaire
Dans le delta du Mékong, de nombreuses grandes entreprises impliquées dans l’élevage, la transformation et l’exportation de produits aquatiques, ainsi que les fournisseurs d’intrants (alevins, aliments, produits biologiques, équipements et technologies aquacoles), s’orientent vers des modèles de production circulaire reposant sur des technologies de pointe.
Ces approches visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à garantir le respect des normes et certifications internationales liées à la protection de l’environnement.
Parmi les modèles emblématiques figurent l’aquaculture intégrée aux mangroves, l’aquaculture sans produits chimiques ni antibiotiques, et les systèmes de recirculation de l’eau qui limitent les rejets polluants dans la nature.
Ces modèles contribuent à améliorer la productivité et la qualité des produits et sont largement plébiscités par les marchés nationaux et internationaux.
Minh Phu, l’un des principaux groupes aquacoles du Vietnam, dont les produits sont présents dans plus de 50 pays et territoires, a obtenu sept certifications internationales pour l’élevage de crevettes selon quatre types de modèles : l’élevage de crevettes sous couvert forestier, le modèle riz-crevettes (rotation entre la riziculture et l’élevage de crevettes), la méthode d'élevage super intensif et l’élevage extensif intégré.
Le groupe se concentre actuellement sur le développement de la marque de crevettes sous couvert forestier, avec cinq projets bénéficiant de certifications internationales, principalement déployés dans les provinces de Ca Mau et An Giang.
Ces projets concernent 4 679 foyers d’éleveurs et couvrent une superficie totale de 17 963 hectares.
La société De Heus (Pays-Bas), spécialisée dans la production d’alimentation animale, a lancé un projet de mise en œuvre de systèmes d’aquaculture en recirculation (RAS) et de systèmes d’aquaculture multispécifique (RAS-IMTA), permettant une utilisation plus efficiente de l’eau et une réduction de l’empreinte carbone du secteur.
Le projet est actuellement déployé sur 100 hectares, et ambitionne de s’étendre à d’autres zones du delta, pour atteindre une superficie de 1.500 hectares prochainement.
Cette transition vers une aquaculture circulaire ne se limite pas aux grandes entreprises ; elle touche également les agriculteurs locaux.
La famille de Mme Dang Thi Loan, dans la commune de Vinh Hau, province de Ca Mau, figure parmi les premiers foyers à participer à un projet d’aquaculture en mangrove, mis en œuvre conjointement par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et la Fondation Coca-Cola.
Avec plus de 1,5 hectare consacré à l’élevage de crevettes et de crabes dans un système d’étangs en circuit fermé, Mme Loan indique que grâce à la mise en place de systèmes d’aquaculture en circuit fermé et à la restauration des mangroves, la production de crevettes et de crabes s’est améliorée.
De ce fait, les agriculteurs sont mieux armés pour faire face aux effets du changement climatique.
Promouvoir l’aquaculture verte dans la région
Les orientations stratégiques nationales en matière de développement durable de l’agriculture en général et du secteur aquacole en particulier sont inscrites dans les résolutions adoptées lors des XIᵉ et XIIᵉ Congrès nationaux du Parti sur l’adaptation proactive au changement climatique, le renforcement de la gestion des ressources naturelles et la protection de l’environnement, ainsi que dans le Plan national d’adaptation au changement climatique pour la période 2021-2030, avec une vision à l’horizon 2050.
Le développement durable de l’aquaculture est également souligné dans la Résolution 46/NQ-CP du gouvernement sur la promotion de l'industrialisation agricole, l’encouragement du développement d'une agriculture verte et durable qui s'adapte au changement climatique, la protection de l'environnement et l’assurance de la sécurité alimentaire nationale, la prévention et la minimisation des dommages causés par les catastrophes naturelles.
Ces orientations sont concrétisées dans le projet de développement durable de l’aquaculture dans le delta du Mékong à l’horizon 2030, élaboré par le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement.
Ca Mau, réputée pour son écosystème de mangrove unique, compte déjà plus de 48 000 ha dédiés à l’aquaculture en mangrove et a obtenu neuf certifications internationales couvrant près de 22 000 hectares certifiés, pour une production estimée à environ 10 000 tonnes.
De plus, la province encourage l’utilisation de technologies de pointe, comme les systèmes RAS, afin d’améliorer l’efficacité et la durabilité de la production de crevettes.
La ville de Can Tho dispose actuellement d’environ 97 000 hectares d’aquaculture, dont près de 52 500 hectares de crevettes d’eau saumâtre.
Le Service municipal de l’Agriculture et de l’Environnement considère que la crevette d’eau saumâtre joue un rôle clé pour la croissance économique du secteur aquacole de la ville.
Par conséquent, la ville accélère la mise en œuvre des modèles RAS pour la production de crevettes.
En tant qu’un des grands « greniers aquacoles » du pays et berceau du pangasius, la province d’An Giang affirme que, pour la période 2025-2030, l’agriculture, la foresterie et la pêche continueront de constituer le pilier de l’économie provinciale.
Elle s’attache à développer une économie agricole et aquacole plus verte et plus durable dans les années à venir.
Le delta du Mékong est le plus grand centre de production aquacole du Vietnam, représentant environ 95 % de la production nationale de pangasius, 70 % de celle de crevettes et près de 60 % de la valeur totale des exportations nationales de produits aquatiques.
Cependant, il s’agit également de l’une des régions les plus vulnérables au monde, confrontée à de graves défis liés au changement climatique, à l’intrusion saline, à la sécheresse, à l’érosion, à l’affaissement des sols, à la rareté de l’eau douce, et aux modes de production non durables.
Dans un contexte mondial de plus en plus exigeant en matière de normes environnementales, le Vietnam se positionne comme un chef de file dans l’adoption de pratiques aquacoles responsables, qui non seulement accroissent la compétitivité de ses produits sur les marchés internationaux, mais contribuent également à la durabilité à long terme du delta du Mékong.