Une conscience nouvelle pour des actions concrètes
L’histoire de Tran Quoc Hen, habitant du hameau de Cu Lac 2, commune de Phong Nha, illustre la profonde évolution des mentalités.
Autrefois tributaire de l’exploitation forestière pour sa subsistance, il est aujourd’hui engagé, avec sa famille, dans des activités de protection de la forêt dans le cadre de programmes de gestion durable, bénéficiant notamment de soutiens liés aux crédits carbone.
Cette reconversion lui a permis d’améliorer son niveau de vie tout en assumant une mission de préservation des ressources naturelles.
Chaque mois, il participe, aux côtés du personnel du Centre de conservation des forêts et du patrimoine de Phong Nha–Ke Bang, à douze jours de patrouille à travers la jungle.
Les équipes parcourent entre 10 et 15 km par jour pour inspecter l’état des forêts, retirer des pièges posés illégalement, et prévenir les atteintes à l’écosystème.
Selon Hoàng Hà, un autre habitant de la commune de Phong Nha, plus de 300 foyers de 35 villages situés dans la zone tampon et au cœur du parc participent à des activités de surveillance forestière via des contrats de délégation.
Cette approche permet aux populations locales de mieux comprendre l’interdépendance entre forêt, développement durable et patrimoine.
Parallèlement, nombre de résidents ont quitté les métiers traditionnels liés à la forêt pour se tourner vers les services touristiques.
Mme Nguyen Thi Tinh, auparavant exploitante forestière, est aujourd’hui rameuse sur la rivière Son, au service des visiteurs.
Ce changement d’activité lui assure un revenu stable et l’occasion de promouvoir les valeurs naturelles et culturelles du site auprès des touristes.

Photo : VNA.
Un patrimoine universel à préserver ensemble
S’étendant sur plus de 123 000 hectares, Phong Nha–Ke Bang est considéré comme un “musée géologique à ciel ouvert” avec 447 grottes répertoriées et une couverture forestière dense, en grande majorité sur formations karstiques – les plus vastes d’Asie du Sud-Est.
Le parc abrite près de 3 000 espèces végétales et plus de 1 300 espèces animales, dont de nombreuses figurent sur la liste rouge des espèces menacées.
Selon Dinh Huy Tri, directeur adjoint de l’Autorité de gestion du parc national, la préservation de Phong Nha–Ke Bang est une responsabilité partagée, à la fois des autorités et des populations vivant au sein du patrimoine.
"La conservation ne peut réussir sans la participation directe des habitants", souligne-t-il.
Ces dernières années, les autorités locales ont mené diverses campagnes de sensibilisation sur la biodiversité, la protection de l’environnement et la lutte contre les incendies.
En parallèle, plusieurs projets internationaux et mécanismes de soutien économique ont été mobilisés afin d’accompagner les foyers dans leur transition vers des moyens de subsistance durables, en particulier dans l’écotourisme et les services liés au patrimoine.
“Les communautés locales ont pleinement conscience que préserver le patrimoine, c’est aussi préserver leur avenir”, affirme Dinh Huy Tri.
Grâce à cette prise de conscience et à l’engagement collectif, Phong Nha–Ke Bang s’impose comme un exemple réussi de gestion participative d’un site classé au patrimoine mondial, conjuguant développement local et sauvegarde des valeurs universelles.