La diplomatie vietnamienne - 80 ans d'édification et de développement avec la nation

À l’occasion du 80e anniversaire de la fondation du secteur de la diplomatie vietnamienne (28 août 1945 – 28 août 2025), le président Luong Cuong a rédigé l’article intitulé « La diplomatie vietnamienne - 80 ans d’édification et de développement avec la nation ». Voici l'intégralité de cet article.

Le 27 janvier 1973, au Centre international de conférences de Paris, en France, la ministre des Affaires étrangères du Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, Nguyen Thi Binh, signe l'Accord de Paris mettant fin à la guerre et rétablissant la paix au Vietnam. Photo : VNA
Le 27 janvier 1973, au Centre international de conférences de Paris, en France, la ministre des Affaires étrangères du Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, Nguyen Thi Binh, signe l'Accord de Paris mettant fin à la guerre et rétablissant la paix au Vietnam. Photo : VNA

Après le succès de la Révolution d’Août, le 28 août 1945, le Président Hô Chi Minh signa le décret sur la création du gouvernement provisoire de la République démocratique du Vietnam, dans lequel il décida la création du ministère des Affaires étrangères, marquant officiellement la naissance de la diplomatie vietnamienne moderne.

La diplomatie vietnamienne eut l’immense honneur d’être directement guidée, dirigée et inspirée par le Président Hô Chi Minh, premier ministre des Affaires étrangères du Vietnam indépendant.

Durant ces 80 dernières années, sous la direction du Parti et de l’Oncle Hô, la diplomatie vietnamienne a toujours exalté l’esprit de service à la Patrie, au peuple, et a apporté d’importantes contributions à la cause révolutionnaire de la nation.

Le président Luong Cuong. Photo : VNA.
Le président Luong Cuong. Photo : VNA.

La diplomatie vietnamienne dans la lutte pour la libération nationale et la réunification du pays

À peine indépendante, le pays se trouva confrontée à une situation « mille fois périlleuse », ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, et la diplomatie dut alors prendre des décisions justes, audacieuses et habiles afin de préserver l’indépendance nationale et protéger le jeune pouvoir révolutionnaire. L’Accord préliminaire du 6 mars 1946 et la Modus vivendi du 14 septembre 1946 signés avec la France furent de véritables « coups diplomatiques exemplaires », traduisant la stratégie « faire la paix pour progresser ».

Ces accords permirent au pays de traverser la période la plus critique, d’éviter d’affronter simultanément de multiples ennemis, de préserver l’indépendance et le jeune gouvernement révolutionnaire, tout en gagnant du temps pour consolider les forces et préparer l’affrontement avec le colonialisme français.

De plus, l’Accord préliminaire et la Modus vivendi furent les premiers textes juridiques internationaux entre le Vietnam et la France, une victoire politique importante obligeant la France à reconnaître le gouvernement de la République démocratique du Vietnam. Sous la direction clairvoyante du Président Hô Chi Minh, la jeune diplomatie vietnamienne remporta son premier succès éclatant.

Engagé dans la guerre de résistance prolongée contre l’agression coloniale française, l’objectif central de la diplomatie fut alors de sortir le pays de l’isolement, d’obtenir la reconnaissance et le soutien internationaux et d’apporter un appui efficace au front militaire.

Grâce à des efforts incessants, la diplomatie contribua à former une alliance de combat avec le Laos et le Cambodge ; à établir des relations avec la Thaïlande, la Birmanie, l’Indonésie, l’Inde et, surtout, à promouvoir la reconnaissance et l’établissement de relations diplomatiques officielles entre le Vietnam, la Chine, l’Union soviétique et de nombreux autres pays socialistes.

Ces démarches importantes ouvrirent un vaste arrière-front pour le front militaire, liant la révolution vietnamienne à la révolution mondiale et mobilisant un précieux soutien pour la guerre de résistance du peuple.

En coordination étroite avec les victoires militaires, la diplomatie intensifia la lutte à la table des négociations. Après la victoire de Diên Biên Phu « a résonné à travers les cinq continents, ébranlant le monde », la France dut signer les Accords de Genève de 1954 sur la cessation des hostilités et le rétablissement de la paix en Indochine.

Cette victoire mit fin à la domination coloniale française, reconnut l’indépendance des trois pays : Vietnam, Laos et Cambodge, et mit officiellement un terme au régime colonial en Indochine. Le Nord duVietnam fut totalement libéré, la révolution entra dans une nouvelle étape : construire le socialisme au Nord et lutter pour la libération du Sud et la réunification du pays. Les Accords de Genève furent une étape historique marquant la maturité éclatante de la diplomatie vietnamienne sur la scène internationale.

Comme l’affirma l’Oncle Hô : « La Conférence de Genève est terminée. Notre diplomatie a remporté une grande victoire. »

Le président Luong Cuong et les dirigeants assistent au 31e sommet de l'APEC à Lima, au Pérou. Photo : VNA.
Le président Luong Cuong et les dirigeants assistent au 31e sommet de l'APEC à Lima, au Pérou. Photo : VNA.

À peine sorti de neuf années de guerre de résistance acharnée contre la France, tout le peuple dut à nouveau se lancer dans la guerre contre l’impérialisme américain. Une fois encore, l’histoire confia à la diplomatie la mission, aux côtés des autres forces de la révolution vietnamienne, de combattre et de vaincre un adversaire immensément plus puissant.

Dans son rapport de mai 1969 sur la situation et les tâches du front diplomatique, notre Parti affirma que, parallèlement aux fronts militaire et politique, « la diplomatie constituait un front important, d’une portée stratégique ».

La diplomatie mobilisa un soutien immense, matériel et moral, de la part des pays socialistes et des peuples progressistes du monde entier, notamment l’Union soviétique, la Chine, le Laos, le Cambodge, Cuba… Elle contribua à créer un vaste mouvement international de solidarité et de soutien à la juste lutte du peuple vietnamien, tout en stimulant le mouvement anti-guerre au cœur même des États-Unis.

Aux côtés de leurs compatriotes dans le pays, les Vietnamiens à l’étranger exaltèrent leur patriotisme et participèrent de diverses manières à la résistance. Beaucoup revinrent volontairement au pays, apportant leurs connaissances et leurs biens pour contribuer au salut national.

Dans l’histoire du XXe siècle, rares furent les luttes d’un peuple ayant su rassembler un soutien aussi large et puissant, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, que celle du peuple vietnamien.

Dans l’affrontement historique entre une nation considérée comme « faible » et la première superpuissance mondiale, la diplomatie s’est étroitement et harmonieusement coordonnée avec le front militaire et politique, ouvrant une configuration de « lutte et négociation simultanées ». L’art de « combattre et négocier » a atteint son apogée : la lutte militaire et politique servait de base aux négociations diplomatiques, tandis que la diplomatie contribuait à valoriser les victoires militaires et politiques.

Avec nos grandes victoires sur les champs de bataille, en particulier la victoire du « Diên Biên Phu aérien » (décembre 1972), les États-Unis furent contraints de signer les Accords de Paris mettant fin à la guerre et rétablissant la paix au Vietnam, créant ainsi un préalable décisif pour que notre peuple accomplisse le printemps 1975 la cause de la libération nationale et de la réunification du pays.

Dans la période de relèvement et de développement national après la guerre, la diplomatie a non seulement participé à la reconstruction du pays, mais aussi à la défense des frontières et de l’intégrité territoriale de la Patrie.

Dans un contexte d’encerclement, d’embargo économique et d’isolement politique, les efforts diplomatiques ont consolidé les relations avec les pays du camp socialiste ; soutenu la défense de la frontière du Nord et la stabilité à la frontière du Sud-Ouest ; aidé le peuple cambodgien à échapper au génocide.

Durant cette phase, nous avons également élargi nos relations extérieures, devenant membre de nombreuses organisations et forums multilatéraux tels que le Mouvement des non-alignés, les Nations unies.

Avec la devise « plus d’amis, moins d’ennemis », la diplomatie a pris les devants pour progressivement surmonter les difficultés, ouvrir la voie aux relations extérieures et poser les bases de l’élargissement des relations à l’ère du Renouveau et puis à l’ère de l’intégration.

La diplomatie au service du Renouveau et de l’intégration internationale

À l’aube du Renouveau, la mission prioritaire et essentielle de la diplomatie était de briser l’encerclement et l’embargo, de rétablir et normaliser les relations avec les pays.

Animée par un esprit de renouveau de la pensée, la diplomatie a su ajuster et réorienter sa stratégie, élargir ses relations avec tous les pays du monde, mener une politique d’amitié, de coopération et de coexistence pacifique afin de se développer, sans distinction de régime politique ou social.

Grâce à des démarches proactives, nous avons amélioré nos relations avec les pays d’Asie du Sud-Est, rétabli les liens de bon voisinage et d’amitié avec la Chine, normalisé les relations avec les États-Unis et les pays occidentaux développés, et adhéré à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Moins de dix ans après le processus de Renouveau, la situation diplomatique était passée de la confrontation à la coopération, de l’encerclement et l’isolement à des relations amicales et stables avec les pays voisins et les grandes puissances.

Fortes des acquis de la première phase du Renouveau et de l’intégration, les relations extérieures sont entrées dans une nouvelle étape, avec l’orientation : « être un ami, un partenaire fiable et un membre responsable de la communauté internationale, en diversifiant et multipliant les relations”.

Si avant le Renouveau, nous n’avions des relations qu’avec une centaine de pays, en 2025, nous avions déjà établi des relations diplomatiques officielles avec 194 pays. Ces relations deviennent de plus en plus profondes et durables, notamment à travers la mise en place de cadres de partenariat avec 38 pays, dont 13 partenaires stratégiques globaux, 10 partenaires stratégiques et 15 partenaires globaux.

Après quarante ans de Renouveau, nous avons bâti une configuration extérieure plus ouverte et favorable que jamais pour l’édification et le développement du pays.

Dans ce processus, la diplomatie a étroitement coopéré avec la défense et la sécurité afin de construire une ceinture frontalière de paix et d’amitié avec les pays voisins.

Nous avons achevé le bornage et la délimitation des frontières terrestres avec le Laos et la Chine ; obtenu des résultats positifs avec le Cambodge ; signé des accords de délimitation frontières maritimes avec la Chine (dans le golfe du Bac Bo), ainsi qu’avec la Thaïlande et l’Indonésie.

Face aux questions complexes de frontières et de territoires, nous avons à la fois fermement combattu les violations de souveraineté et accéléré la paix et la coopération, en dialoguant activement et en négociant avec les pays concernés pour contrôler les différends et rechercher des solutions fondamentales et durables, conformément au droit international.

Nous avons ainsi instauré une ceinture frontalière de paix et d’amitié ainsi que des mécanismes de coopération pour résoudre les questions frontalières et territoriales.

Parallèlement, le Vietnam a progressivement pris l’initiative de s’intégrer au monde, d’abord sur le plan économique, puis de manière complète et approfondie dans tous les domaines.

L’intégration internationale et la diplomatie économique ont su tirer parti d’un environnement international favorable, mobiliser des ressources extérieures et transformer le Vietnam, d’une économie assiégée, sous embargo et peu développée, en une économie en plein essor, devenant un maillon important de l’économie mondiale.

D’un commerce limité à une trentaine de pays et territoires, nous avons aujourd’hui des relations commerciales avec plus de 230 pays et territoires. Le commerce extérieur atteint près de 800 milliards de dollars, plaçant le pays parmi les 20 premières puissances commerciales mondiales ; nous avons attiré plus de 500 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), devenant l’un des pays en développement les plus attractifs au monde pour les capitaux étrangers.

Le Vietnam est ainsi devenu un maillon essentiel dans l’économie mondiale, tout en renforçant sa position dans la chaîne de production mondiale, avec 17 accords de libre-échange (ALE), dont plusieurs de nouvelle génération, et plus de 500 accords bilatéraux et multilatéraux.

Les efforts diplomatiques ont contribué à faire passer le Vietnam d’un pays autrefois encerclé et isolé à un membre actif et responsable de plus de 70 organisations internationales et régionales, dont tous les mécanismes jouant un rôle clé dans la gouvernance mondiale tels que les Nations Unies, l’ASEAN, l’OMC, l’APEC, l’ASEM…

La diplomatie multilatérale du Vietnam a gagné en maturité, avec une transformation qualitative importante.

D’abord se joindre et participer dans les premières étapes, puis devenir proactif et contribuer activement aux enjeux communs, et aujourd’hui assumer progressivement un rôle de pilotage et d’orientation dans de nombreux mécanismes.

Le Vietnam a pris part à l’initiative et est membre fondateur de nombreux nouveaux cadres de coopération tels que l’ASEM, l’ADMM+, le CPTPP… ; a assumé avec succès de nombreuses responsabilités internationales telles que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, membre du Conseil des droits de l’homme, participation simultanée à 6 des 7 mécanismes de direction importants de l’UNESCO ; a organisé avec succès de nombreuses conférences internationales de haut niveau telles que les Sommets de l’ASEAN, de l’APEC, le Sommet États-Unis-République populaire démocratique de Corée ; a proposé de nouvelles initiatives et instruments, dont la Convention des Nations Unies contre la cybercriminalité (Convention de Hanoï) ; a pris une part de plus en plus active aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, aux actions humanitaires, de secours et de sauvetage.

La voix, les initiatives et les solutions empreintes de raison et d’humanité du Vietnam ont reçu l’adhésion et le soutien de la communauté internationale.

Les domaines de travail diplomatique se sont également élargis, contribuant à consolider la force de la nation, à servir le développement socio-économique et à élever le statut du pays.

Le Parti et l’État considèrent toujours les Vietnamiens de l’étranger comme une partie inséparable de la nation. La communauté de 6 millions de Vietnamiens à l’étranger ne cesse de croître, de renforcer ses liens avec la Patrie et d’apporter des contributions importantes au développement national.

La protection consulaire a activement assuré la sécurité, les droits et intérêts légitimes des citoyens et entreprises vietnamiens, en particulier dans les zones touchées par des catastrophes naturelles ou des conflits.

La diplomatie culturelle a promu les valeurs culturelles nationales et mobilisé de nouvelles ressources pour le développement ; l’UNESCO a reconnu 73 patrimoines et titres du Vietnam. L’information pour l’étranger a fortement diffusé l’image du pays, de son peuple, de sa culture et de ses réalisations dans le Renouveau, avec des contenus et des méthodes créatives.

Le Département des Affaires étrangères de Ho Chi Minh-Ville a organisé la cérémonie pour célébrer le 80e anniversaire de la création du secteur diplomatique (28 août 1945 - 28 août 2025) et le 50e anniversaire de sa création, dans la matinée du 22 août 2025. Photo : VNA.
Le Département des Affaires étrangères de Ho Chi Minh-Ville a organisé la cérémonie pour célébrer le 80e anniversaire de la création du secteur diplomatique (28 août 1945 - 28 août 2025) et le 50e anniversaire de sa création, dans la matinée du 22 août 2025. Photo : VNA.

Tout au long de 80 années d’édification et de développement, sous la direction clairvoyante du Parti et du Président Hô Chi Minh, la diplomatie vietnamienne, avec toute la nation, a mené une lutte héroïque pour l’indépendance, la liberté du pays et le bonheur du peuple.

D’un pays pauvre, arriéré et ravagé par la guerre, le Vietnam est devenu une nation dynamique en développement, réussissant son intégration internationale.

D’un pays qui n’existait pas sur la carte du monde, le Vietnam a affirmé son rôle de membre actif, responsable et constructif dans la communauté internationale. Comme l’a affirmé le XIIIᵉ Congrès du Parti et l’ancien secrétaire général Nguyên Phu Trong : « Jamais notre pays n’a connu une position, une stature, un potentiel et un prestige international aussi élevés qu’aujourd’hui ».

Dans ce parcours semé d’épreuves mais aussi de gloire, la diplomatie vietnamienne est fière d’avoir toujours été, aux côtés des autres forces de la révolution vietnamienne, en première ligne, appliquant la devise « combat coordonné, victoires collectives ».

La diplomatie globale et moderne, avec ses trois piliers – diplomatie du Parti, diplomatie d’État et diplomatie populaire – a créé une force intégrée qui a conduit la diplomatie vietnamienne de victoire en victoire.

Le développement et les réalisations de la diplomatie révolutionnaire au cours des 80 dernières années sont le fruit à la fois de la tradition pacifique et conciliante héritée de milliers d’années d’histoire d’édification et de défense de la Patrie, et de la pensée diplomatique de Hô Chi Minh, confirmant la dimension historique et culturelle de la nation et reflétant la nouvelle position et la nouvelle puissance du pays.

La diplomatie vietnamienne n’est pas seulement reconnue par le Parti, l’État et le peuple, mais elle est aussi hautement appréciée par les amis et partenaires internationaux.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé que la diplomatie vietnamienne avair démontré qu’un pays pouvait surmonter la guerre, promouvoir la paix et devenir un pilier du multilatéralisme, un point lumineux dans les relations internationales dont les autres nations peuvent s’inspirer.

L’école diplomatique vietnamienne, à la fois de principes et flexible, aimant la paix et éprise de justice, a contribué à rehausser la position et l’image du pays sur la scène internationale.

Des leçons historiques toujours d’actualité

L’histoire glorieuse de 80 ans de la diplomatie révolutionnaire du Vietnam a laissé de précieuses leçons, encore valables jusqu’aujourd’hui.

Avant tout, c’est la leçon de la direction absolue et unifiée du Parti et de l’imprégnation de la pensée diplomatique de Hô Chi Minh.

Le Parti communiste du Vietnam a été l’organisateur et le guide de toutes les victoires de la révolution. Avec sa clairvoyance et sa capacité de diriger le pays, le Parti a su s’adapter aux évolutions, ajuster sa pensée et définir à temps des orientations et des politiques extérieures adaptées à chaque étape de l’histoire.

Dès les premiers jours, la diplomatie vietnamienne a eu l’honneur d’être guidée par le Président Hô Chi Minh, architecte de la diplomatie moderne du pays et grand maître des générations de diplomates. Sa pensée diplomatique demeure un flambeau pour la diplomatie du Vietnam.

C’est aussi la leçon de la combinaison avec la force nationale et la force de l'époque, entre les ressources internes et externes, les premières étant fondamentales et durables, les secondes importantes et décisives.

Le Vietnam a valorisé sa force intérieure tout en l’associant aux causes de l’humanité, mobilisant les soutiens extérieurs pour compléter ses ressources internes.

Durant ces 80 dernières années, malgré un contexte mondial en constante mutation, la ligne diplomatique vietnamienne s’est toujours adaptée aux évolutions et aux grandes tendances de l’époque.

C’est la leçon de l’indépendance, de l’autonomie, de l’autosuffisance et de la résilience, associées à la coopération, à la diversification et à la multilatéralisation des relations extérieures. Indépendance, autonomie et autosuffisance constituent la pensée marquante et constante de la ligne révolutionnaire en général et de la ligne diplomatique en particulier.

Comme l’affirmait le Président Hô Chi Minh : « Indépendance signifie que nous dirigeons nous-mêmes toutes nos affaires, sans intervention extérieure ». Sur ce principe, le Vietnam a toujours été maître de ses choix, en faisant de l’indépendance et de l’autonomie la base de la solidarité et du soutien, tout en tirant parti sélectif des expériences internationales.

C’est aussi la leçon du principe « Dĩ bất biến, ứng vạn biến » (Fermeté dans les objectifs, souplesse dans les stratégies). “Bất biến” (Fermeté) est l’indépendance nationale, la liberté nationale, l’intégrité territoriale, la détermination de construire le socialisme. “Vạn biến” (souplesse) est une flexibilité dans les modes d’action pour atteindre des objectifs en fonction des opportunités et des conditions spécifiques.

C’est la leçon sur la haute considération accordée à la gestion appropriée des relations avec les grandes puissances et à la construction ainsi qu’au maintien de relations amicales et stables avec les pays voisins.

Notre Parti est pleinement conscient de l’importance des grandes puissances dans la détermination de l’ordre et des dynamiques du monde, et a ainsi construit des relations équilibrées et harmonieuses, à la fois de coopération et de lutte, avec ces pays.

Parallèlement, nous avons toujours préservé des relations d’amitié, de stabilité et de durabilité avec les pays voisins, en valorisant la tradition de nos ancêtres : “mieux vaut un bon voisin proche qu’un parent lointain”, afin de maintenir des relations amicales et stables avec nos voisins, en particulier ceux partageant une frontière commune. »

Enfin, c’est la leçon du travail des cadres, « la racine de toute tâche ». Le Président Hô Chi Minh et les diplomates de la première génération furent des exemples de patriotisme, de courage politique et de talent diplomatique, admirés par le peuple et respectés par les amis internationaux.

Les générations de diplomates, fermes sur le plan politique, toujours absolument fidèles au Parti et aux intérêts de la nation, entièrement dévouées au service de la Patrie et du peuple, constituent le facteur décisif de tous les succès diplomatiques sur la scène internationale.

La diplomatie vietnamienne est fière d’avoir compté de grands diplomates, élèves éminents du Président Hô Chi Minh tels que Pham Van Dong, Lê Duc Tho, Nguyen Duy Trinh, Xuan Thuy, Nguyen Thi Binh, Nguyen Co Thach. Ces diplomates, formés dans la pratique révolutionnaire, ont affirmé la bravoure et l’intelligence du Vietnam, suscitant le respect tant des amis et partenaires que des adversaires.

La diplomatie à l'ère de progrès national

Le monde est aujourd’hui à un tournant historique de l’époque. Chaque étape peut devenir une opportunité ou un défi, selon la préparation de chaque nation. Les acquis de 80 ans de lutte pour l’indépendance et de construction nationale sont la base solide pour le Vietnam d’entrer dans une nouvelle ère et de concrétiser les objectifs fixés pour 2030 et 2045 par le 13e Congrès national du Parti.

L’histoire a montré que les facteurs géostratégiques, la sécurité et la prospérité du pays sont étroitement liés à l’environnement extérieur. Définir et valoriser la position du pays dans l’échiquier régional et mondial reste une préoccupation constante de la direction du Parti, de l’État et des diplomates.

Le secrétaire général To Lam (4e à droite) et les délégués à la cérémonie de lancement du consulat général du Vietnam dans la ville de Busan (République de Corée, le 13 août 2025). Photo : VNA
Le secrétaire général To Lam (4e à droite) et les délégués à la cérémonie de lancement du consulat général du Vietnam dans la ville de Busan (République de Corée, le 13 août 2025). Photo : VNA

Dans les années les plus difficiles de la lutte pour l’indépendance, la diplomatie vietnamienne, par sa volonté et son intelligence, a surmonté de grands défis et obtenu des victoires éclatantes.

Si, pendant la guerre, les succès militaires ont ouvert la voie aux succès diplomatiques, la diplomatie constituait un “front” parallèle à la politique et à l’armée, aujourd’hui la diplomatie dispose de la force acquise après 40 ans de Doi Moi (Renouveau) et du soutien de toute la nation.

Dans le contexte de l’intégration internationale actuelle, la politique extérieure doit jouer un rôle de pionnier, assumer pleinement la mission “essentielle et permanente” aux côtés de la défense et de la sécurité, afin de protéger la Patrie dès tôt et de loin, de bâtir et de développer le pays rapidement et durablement. Avec cette responsabilité à la fois lourde et glorieuse, la diplomatie dans la nouvelle ère doit se concentrer sur les grandes orientations suivantes :

Premièrement, il faut toujours défendre fermement les intérêts nationaux et orienter le pays dans la bonne direction. Selon le Président Hô Chi Minh, la diplomatie doit toujours servir les intérêts de la nation.

Les intérêts nationaux sont la « boussole » de la politique étrangère, l'objectif immuable des affaires étrangères pour répondre à une situation mondiale en constante évolution, complexe et imprévisible. Les intérêts supérieurs sont de protéger fermement l'indépendance, la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale ; de protéger le Parti, l'État, le peuple et le régime socialiste ; de maintenir un environnement pacifique, stable et propice au développement national ; de défendre la cause du Renouveau, de l'industrialisation et de la modernisation ; de préserver la sécurité politique, l'ordre social et la culture nationale.

Cependant, la garantie des intérêts nationaux supérieurs doit reposer sur l'égalité, la coopération, le bénéfice mutuel et les efforts conjoints pour la paix, l'indépendance nationale, la démocratie et le progrès social, conformément aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et du droit international. Les intérêts nationaux sont en harmonie avec les intérêts communs de la communauté internationale, contribuant ainsi à une résolution adéquate des relations entre la nation et son époque, démontrant ainsi la responsabilité du Vietnam et gagnant le soutien international.

Deuxièmement, poursuivre la mise en œuvre rigoureuse de la politique étrangère d'indépendance, d'autonomie, de paix, de coopération et de développement ; multilatéraliser et diversifier les relations, et s'intégrer activement et positivement à la communauté internationale en cette période de Renouveau. « Indépendance, autonomie » et « multilatéralisation et diversification » sont étroitement liées dans la politique étrangère du Vietnam.

L'indépendance et l'autonomie reposent sur la force et l'autonomie du pays dans la définition de ses politiques et options. Les récents changements survenus dans de nombreuses régions du monde ont confirmé la justesse de la politique vietnamienne d'indépendance et d'autonomie.

Par ailleurs, les grands défis mondiaux tels que les catastrophes naturelles, les épidémies, le changement climatique et la cybersécurité illustrent également les avantages de la « multilatéralisation et de la diversification » des relations extérieures, car aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut faire face seul aux défis multidimensionnels actuels. La force intérieure est la principale ressource, la racine de la force nationale, mais il est nécessaire de tirer parti de toutes les ressources extérieures pour accroître sa force intérieure et garantir au mieux la sécurité et le développement nationaux.

Troisièmement, faire de l'intégration internationale un moteur, créer une dynamique et saisir de nouvelles opportunités de développement pour le pays.

La diplomatie au service du développement est au cœur de ses préoccupations, jouant un rôle moteur dans la mise en relation des ressources internes et externes ; identifier et saisir les opportunités offertes par les nouvelles tendances mondiales en matière de science et de technologie, d'innovation, de développement des énergies renouvelables, d'infrastructures stratégiques, de transformation numérique, de transformation verte, etc.

Parallèlement, la diplomatie doit élargir sa coopération avec des partenaires de premier plan, notamment des ressources de haute qualité dans les domaines de la finance, de la technologie et de la gestion, afin de créer une nouvelle dynamique, de nouvelles avancées et de nouvelles réalisations pour le développement national.

Forte d'une politique étrangère ouverte, la diplomatie doit tirer parti de bonnes relations extérieures pour promouvoir les accords économiques, lever les obstacles et maximiser les avantages des accords commerciaux et d'investissement pour les habitants, les localités et les entreprises.

Quatrièmement, promouvoir la force globale dans tous les domaines du travail diplomatique. La nouvelle ère exige également une approche renouvelée de la diplomatie : passer de la réception à la contribution, de l’apprentissage à la direction, de l’intégration économique à une intégration globale et approfondie, d’un pays suiveur à un pays pionnier, prêt à assumer de nouvelles responsabilités.

La nouvelle position et la nouvelle force créent non seulement les conditions pour que nous puisons participer davantage et contribuer plus activement à la résolution des problèmes communs, mais elles nous permettent également de valoriser notre rôle central et moteur dans les questions et mécanismes stratégiques, en accord avec les intérêts du pays.

Cette nouvelle position et cette nouvelle force exigent aussi que nous mettions en valeur le « soft power » de la nation, à la hauteur de sa dimension historique et culturelle, ainsi que de son statut politique et économique.

Cinquièmement, bâtir une diplomatie forte, digne des générations précédentes et à la hauteur des exigences de la nouvelle ère. Durant les années difficiles de la révolution, nous avons toujours eu des diplomates éminents, devenus de brillants exemples de patriotisme, d’esprit d’auto-apprentissage, de fermeté politique, de style et d’art diplomatique, reconnus et respectés par les amis internationaux.

La nouvelle ère requiert l’édification d’une diplomatie globale, moderne et professionnelle, répondant aux nouvelles exigences, imprégnée et appliquant de manière créative la pensée diplomatique de Hô Chi Minh.

Dans la nouvelle ère, les cadres diplomatiques doivent être des pionniers, osant penser, gir, innover avec créativité, affronter les difficultés, et agir dans l’intérêt de la nation et du peuple.

En regardant en arrière, les générations de diplomates vietnamiens peuvent être fières de leur tradition et de leurs victoires, qui ont rehaussé le prestige du pays. Le courage et l’intelligence de la diplomatie vietnamienne moderne, forgés au fil de l’histoire millénaire et de l’époque de Hô Chi Minh, constituent aujourd’hui un héritage précieux.

Dans la nouvelle ère, en poursuivant cet héritage, les diplomates d’aujourd’hui continueront à écrire de nouvelles pages glorieuses de la diplomatie vietnamienne moderne, contribuant à réaliser le souhait du Président Hô Chi Minh : voir le Vietnam « marcher d’un pas égal aux grandes puissances du monde ».

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