La cérémonie de remise de ce titre s’est déroulée dans la soirée du 26 septembre au Théâtre Romain-Rolland de Villejuif, une commune française située dans le département du Val-de-Marne en région Île-de-France.
Dans son discours, le maire Pierre Garzon a souligné que la ville de Villejuif était connue pour ses luttes pour la paix et la justice et prenait toujours les droits des populations comme orientation d'action.
Il a affirmé que Trân Tô Nga avait grandi pendant la guerre du Vietnam et n'a jamais cessé de lutter pour la paix. Contaminée par l’agent orange/dioxine, avec ses descendants directement affectés, elle a été à l’avant-garde du combat historique visant à tenir les sociétés chimiques américaines pour responsables de cette destruction biologique.
Ayant rencontré de nombreux obstacles, elle croit toujours en la justice. Elle a inspiré de nombreuses personnes à travers le monde et a aidé à faire entendre la voix de ceux qui ont été oubliés pendant la guerre.
Reconnaissant ses contributions, la ville de Villejuif partage ces valeurs profondes avec elle, a précisé le maire Pierre Garzon.
Présent à la cérémonie, l'ambassadeur du Vietnam en France, Dinh Toan Thang, a affirmé que la citoyenneté d’honneur décernée à Trân Tô Nga par la ville de Villejuif serait un symbole fort de solidarité et d'amitié entre le Vietnam et la France, mais aussi une reconnaissance de sa lutte globale en faveur des victimes de ces produits toxiques.
C'est un geste qui reflète la compassion et l'engagement de la ville de Villejuif envers ceux qui luttent pour un avenir meilleur et plus juste, a souligné le diplomate.
Il a fait savoir que le gouvernement vietnamien s'était coordonné avec des organisations telles que l'Association vietnamienne des victimes de l'agent orange/dioxine pour continuer à fournir un soutien financier et médical aux victimes.
Des efforts de décontamination des zones les plus contaminées sont en cours avec l'aide des États-Unis, notamment dans les endroits tels que les aéroports de Biên Hoa, province de Dông Nai (Sud) et de Da Nang (Centre), a ajouté l’ambassadeur.
Il a espéré que cette citoyenneté d’honneur enverrait un message fort au monde entier : « La lutte pour la justice continue et ensemble, nous pouvons faire la différence ».
La vie de Trân Tô Nga est un témoignage de courage, de persévérance et de dignité. Elle a choisi de transformer sa douleur en force pour lutter pour la justice. Son combat a eu un écho non seulement au Vietnam mais aussi en France et dans le monde.
Née en 1942 dans la province de Soc Trang au Sud, Trân Tô Nga était journaliste à l'Agence de presse Libération (Agence vietnamienne d’information d’aujourd’hui) et a été exposée à la dioxine pendant la guerre. Selon les résultats de l'examen médical, la concentration de dioxine dans son sang était supérieure à la norme prescrite, entraînant de graves effets sur sa santé.
Elle souffrait de 5 des 17 maladies reconnues par les États-Unis et répertoriées dans la liste des maladies causées par l'agent orange/dioxine. Non seulement elle-même, mais aussi ses enfants, souffrent tous de malformations cardiaques et osseuses. Son premier enfant est décédé alors qu’il n’avait que 17 mois, suites d’une malformation cardiaque congénitale.
En mai 2009, Trân Tô Nga a témoigné devant une cour de conscience pour les victimes vietnamiennes de l'agent orange/dioxine à Paris. Puis, avec le soutien et la compagnie de nombreux avocats et militants sociaux français soutenant les victimes vietnamiennes de l’agent orange, elle a décidé de poursuivre en justice les sociétés chimiques américaines.
Elle fait partie des rares cas qui peuvent engager des poursuites liées à l'agent orange/dioxine car elle remplit trois conditions : elle est citoyenne française d'origine vietnamienne ; elle vit en France, ce qui permet aux avocats d'ouvrir des poursuites internationales pour protéger les citoyens français contre un autre pays qui leur nuit ; elle est victime de l'agent orange/dioxine.
Pendant la guerre d'invasion du Vietnam, de 1961 à 1971, l'armée américaine a pulvérisé plus de 80 millions de litres d'herbicides, principalement de l'agent orange/dioxine (la substance la plus toxique connue jusqu'à présent pour l'homme), sur un quart de la superficie naturelle au Centre et au Sud du Vietnam.
Cette plus grande guerre chimique de l'histoire a provoqué un désastre humanitaire, sanitaire et environnemental avec des conséquences extrêmement graves et à long terme : plus de trois millions de Vietnamiens en subissent encore les conséquences à cause du cancer et des maladies provoquées par la dioxine.
Environ 150 000 enfants, répartis sur quatre générations depuis 1975, sont nés avec des malformations ou de graves handicaps. Un million d'hectares de forêts tropicales ont été détruits avec la disparition de nombreux animaux sauvages...