La photo « Le plus grand drapeau national en céramique du Vietnam », réalisée par l’auteur Nguyen Dang Lam, a été soumise au concours photo du journal Nguoi Lao Dong. Photo : VnExpress.
La photo « Le plus grand drapeau national en céramique du Vietnam », réalisée par l’auteur Nguyen Dang Lam, a été soumise au concours photo du journal Nguoi Lao Dong. Photo : VnExpress.

« Le ciel de la Patrie » dans la conscience des citoyens numériques

Les jeunes, acteurs et bénéficiaires directs du processus de réforme et de rationalisation de l’appareil administratif, s’engagent dans les questions sociales avec une approche qui leur est propre.

Capturer un moment de mémoire

TikTok, Facebook, Instagram… sont aujourd’hui les canaux les plus réactifs et vivants pour refléter les émotions des jeunes face à la fusion des provinces et des villes entrée en vigueur le 1er juillet 2025.

Une vague de vidéos montrant le retrait des panneaux signalétiques locaux, d’anciennes photos, ainsi que des poèmes ou des chansons improvisées sur les anciens noms de province a envahi les réseaux sociaux. Nombre de jeunes ont même modifié leurs vidéos personnelles pour y intégrer les nouveaux noms, avec une touche à la fois ludique et pleine de sens.

À la fin du mois de juin, les jeunes ont lancé ensemble la tendance « Anciennes provinces, anciens noms », partageant des photos et des vidéos liées aux lieux emblématiques de leur région, des endroits dont le nom est appelé à changer.

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Tout changement vise le développement, et Nguyen Hoang Son voulait sans doute lui aussi faire passer ce message en partageant ses images dans la tendance « Anciennes provinces, anciens noms ». Photo : Nhân Dân.

Nguyen Hoang Son, lui, a choisi de conserver l’image de la porte d’entrée de la province de Thai Binh (au nord) au coucher du soleil, baignant dans une lumière violette, comme une manière d’exprimer son attachement à l’ancien nom. Ses photos ont rapidement récolté des milliers de mentions « J’aime » et de commentaires, dont beaucoup reflétaient une émotion partagée.

Nguyen Ba Duy, par exemple, a écrit : « Mon père m’a raconté qu’autrefois, notre province de Ha Nam (au nord) faisait partie de l’ancienne province de Ha Nam Ninh. Et maintenant, elle devient Ninh Binh. C’est un peu étrange à entendre, mais ça a son charme ! »

À Hô Chi Minh-Ville (au sud), Nguyen Dac Thien Ngan a publié sur TikTok une vidéo où elle présente la carte des 63 provinces et villes du pays, une publication qui a dépassé les deux millions de vues.

Les commentaires enthousiastes se sont multipliés : des internautes se sont rués pour acheter des cartes, des atlas géographiques du Vietnam, ou pour partager les anciens noms des provinces, comme s’il s’agissait d’un patrimoine inestimable.

« Qu’ils soient anciens ou nouveaux, ces noms appartiennent tous à notre pays. Mais les conserver pour les transmettre à nos enfants, c’est important », a écrit un internaute. Nombreux sont les jeunes qui ont partagé ce point de vue : pour eux, se souvenir, préserver, ou simplement raviver la mémoire de leur province devient un geste porteur de sens.

Le créateur TikTok Man Ne s’est démarqué avec une vidéo reprenant des chansons populaires sur le Sud-Ouest vietnamien. Dans les paroles, il remplace des noms de lieux comme Kien Giang ou Long An (au sud) par leurs nouvelles appellations administratives, une touche personnelle qui a séduit des dizaines de milliers d’internautes. Son humour, sa proximité et la tonalité typique de la génération Z rendent le message à la fois léger et profondément touchant.

Et cela ne s’arrête pas là : de nombreux jeunes ont conçu eux-mêmes des montres gravées avec les noms des 63 provinces et villes, lancé des séries de questions-réponses sur les anciens toponymes, ou encore organisé ensemble des « tournées nostalgiques » vers les lieux appelés à changer de nom après le 1er juillet.

Au-delà des regrets, vers l’avenir

Et bien sûr, au cœur de cette « vague d’émotions » teintée de nostalgie, les jeunes ne se perdent pas dans le regret. Ils transforment rapidement ces sentiments en actions concrètes : se souvenir pour préserver, partager pour transmettre, espérer pour construire ensemble l’avenir.

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Le pays compte 34 unités administratives de niveau provincial. Photo : VNA.

Tous ne maîtrisent pas nécessairement les résolutions, les structures administratives ou la planification régionale, mais le sens des responsabilités citoyennes, l’intérêt pour le destin du pays, pour l’histoire des noms et l’organisation de l’appareil étatique sont ravivés d’une manière simple, concrète et profondément ancrée dans la vie quotidienne.

Tran Hung (né en 2001 à Yen Bai, désormais rattachée à la province de Lao Cai, au nord) confie : « Je vois cela comme une opportunité pour les provinces de se développer ensemble et de se soutenir mutuellement. L’essentiel, c’est d’avancer ensemble. »

Nguyen Canh Nam (né en 1993), originaire de la province de Hai Duong, désormais rattachée à Hai Phong (au nord), se montre également optimiste : « Je crois que ce changement est une démarche stratégique, et j’espère qu’il ouvrira une nouvelle ère pour toute la région. »

Autrefois, les jeunes se contentaient d’écouter les adultes discuter de l’actualité pendant le dîner. Aujourd’hui, ils en font pleinement partie. Leur manière d’aborder la réforme actuelle de la fusion des provinces et de la rationalisation de l’appareil administratif en est la preuve éclatante : la jeunesse s’intéresse aux enjeux politico-sociaux à la manière de la génération des citoyens numériques.

La fusion des provinces ne marque pas seulement un tournant majeur dans la réorganisation administrative du Vietnam ; elle révèle aussi une facette singulière de la conscience des jeunes générations.

À travers chaque publication, vidéo, image et émotion partagée, ils contribuent à transformer des décisions « sur le papier » en matière vivante de culture et de mémoire. La carte géographique peut changer, mais la carte émotionnelle, celle où se gravent l’amour de la terre natale et le sens des responsabilités citoyennes, restera intacte.

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