Le 16 août 1945, à la maison communale de Tan Trao, province de Tuyen Quang (au Nord-Est), le Congrès national a adopté la décision du soulèvement général. Dans l’après-midi, sous le banian du village de Tan Lap, le Général Vo Nguyen Giap a lu le « Commandement militaire no 1 », donnant officiellement le coup d’envoi de l’insurrection nationale.
Hoang Van Ngoc, alors âgé de 9 ans au village de Kim Long (commune de Tan Trao), se souvient encore de ce moment sacré, lorsque les coups de feu et les chants de la « Marche des soldats » résonnaient dans les montagnes du Viet Bac.
La maison communale de Tan Trao, où le Congrès national a adopté la décision du soulèvement général le 16 août 1945. Le village de Kim Long vibrait également de l’esprit révolutionnaire : jeunes et vieux, hommes et femmes, tous participaient avec enthousiasme à l’organisation et à la protection du Congrès.

« Pour soutenir le Congrès, notre village a contribué avec des poulets, du riz et même un bœuf… Une délégation composée de jeunes, adultes et anciens a été envoyée pour féliciter le Congrès. L’enthousiasme était immense, car notre peuple avait longtemps été opprimé et exploité, vivant dans la pauvreté et la misère. La révolution est arrivée comme un souffle nouveau, réveillant tous les habitants et les ralliant à la Révolution, à l’unisson avec le président Hô Chi Minh… » raconte avec émotion Hoang Van Ngoc.
En seulement quelques jours de la fin août 1945, les provinces de Thai Nguyen, Tuyen Quang, Cao Bang, Bac Kan… ont simultanément pris le pouvoir. Après des millénaires de domination féodale étrangère et plus de 80 ans de servitude coloniale, le peuple vietnamien devenait maître de son destin. Les cris « Indépendance ! » et le drapeau rouge à étoile jaune sont devenus des souvenirs impérissables pour ceux qui ont vécu ces moments historiques.
Vu Van Tuat, 92 ans, vivant actuellement à la ville de Bac Kan, se souvient de l’atmosphère héroïque de l’Automne révolutionnaire. À 12 ans, sa famille a participé aux rassemblements et soutenu activement la Révolution. « Bac Kan comptait alors cinq districts, et tout le monde se rassemblait pour célébrer le nouveau gouvernement, c’était une fête qui durait plusieurs jours. Chaque maison préparait de l’eau pour accueillir les voisins, et partout, des drapeaux étaient plantés. La fierté d’une nation indépendante rayonnait dans chaque foyer », se souvient-il.

Le colonel Nguyen Quan, ancien vice-doyen de la Faculté d’Histoire de l’École du Parti du Département général de la Logistique, aujourd’hui âgé de 96 ans, évoque avec émotion l’enthousiasme qui régnait dans sa région natale. Le 23 août 1945, la prise de pouvoir à Bac Kan fut victorieuse, et deux jours plus tard, une grande cérémonie publique à la ville a définitivement renversé l’administration coloniale et féodale, instaurant le gouvernement révolutionnaire.
Après l’indépendance, le jeune gouvernement de la République démocratique du Vietnam fit face à d’innombrables difficultés. Les colonialistes français en ont profité pour revenir, entraînant le pays dans une longue guerre de résistance, et Viet Bac est redevenu la capitale de la résistance.
Le vétéran Nguyen Quang Vinh, natif de Viet Bac, se souvient avec fierté : « Les habitants des zones stratégiques de Thai Nguyen et Bac Kan, ainsi que les camarades de Tuyen Quang, ont combattu pour reconquérir l’indépendance et la liberté. Beaucoup savaient qu’ils allaient mourir, mais ils avançaient toujours avec un sourire et un courage sans faille. Nous étions prêts, avec le Parti et le gouvernement local, à reconstruire notre pays plus solide et plus beau. »
Loc Van Khoa, 88 ans, également témoin de ces moments glorieux, souhaite voir la patrie prospérer et les jeunes générations suivre les traces de leurs aînés pour préserver et promouvoir la tradition révolutionnaire. « L’esprit de la Révolution d’août était tellement intense ! Aujourd’hui, à l’ère du Renouveau, je souhaite que nos enfants croient toujours en la direction du Parti pour que le pays prospère dans tous les domaines », confie-t-il.
Aujourd’hui, Viet Bac a changé : routes en béton jusqu’aux villages, électricité, téléphone et Internet couvrent tout le territoire. La vie des populations locales s’améliore, réduisant progressivement l’écart entre montagnes et plaines. Dans leurs récits aux enfants, les aînés rappellent fièrement les mots « indépendance » et « liberté ».
La Révolution d’août, jalon éclatant de l’histoire nationale, ne demeure pas seulement dans les livres : elle vit dans la mémoire des Vietnamiens du Nord-Est, rappelant aux générations actuelles de chérir la paix, de préserver l’indépendance et de suivre les traces de leurs aînés pour bâtir un pays toujours plus prospère et heureux.