Tourné vers le drapeau rouge à l’étoile jaune, le Président Hô Chi Minh, au nom du Comité de libération nationale du Vietnam, prononça le serment solennel : « Nous, ceux qui avons été élus par les représentants du peuple au sein du Comité de libération nationale du Vietnam pour diriger la révolution de notre peuple, jurons, devant le drapeau sacré de la Patrie, de mener résolument le peuple en avant, de lutter de toutes nos forces contre l’ennemi, de reconquérir l’indépendance et la liberté de la Patrie. Fût-ce au prix de la dernière goutte de notre sang, nous ne reculerons jamais. Nous le jurons ! ».
Le Congrès national de Tan Trao manifesta l’union et la détermination de toute la nation à l’heure décisive. Il exprima la confiance absolue du peuple envers le Parti, tout en symbolisant la volonté inébranlable de l’ensemble du peuple de se lever pour la liberté et l’indépendance.
À Hanoï, dans l’atmosphère brûlante des préparatifs de l’insurrection, un grand rassemblement organisé par l’Association générale des fonctionnaires se tint l’après-midi du 17 août sur la place de l’Opéra. Sur instruction secrète, les organisations de Salut national de la capitale, de sa périphérie et de plusieurs districts proches comme Gia Lam et Ha Dong mobilisèrent les masses, portant le nombre de participants à plusieurs dizaines de milliers, qui envahirent l’esplanade et les alentours de l’Opéra. Les membres des unités d’autodéfense et les équipes de propagande armée se mêlèrent à la foule, prêts à agir sur ordre.
Dès le début du rassemblement, le drapeau rouge étoilé apparut au milieu de la foule et sur le balcon de l’Opéra. La clameur éclata, les cris d’enthousiasme résonnèrent. La police et les miliciens restèrent figés, médusés. Les militants de la propagande armée du Viet Minh (Front de l'Indépendance du Vietnam) montèrent à la tribune pour annoncer la capitulation sans condition du Japon devant les Alliés, appelant la population à soutenir l’insurrection du Viet Minh.

Après le rassemblement, la foule s’organisa spontanément en cortèges dirigés par les unités d’autodéfense, défilant depuis l’Opéra à travers les artères centrales de la ville, scandant les mots d’ordre : « Soutien au Viet Minh », « À bas les marionnettes », « Indépendance au Vietnam ». Le rassemblement convoqué par l’Association générale des fonctionnaires se transforma ainsi en une démonstration de masse en faveur du Viet Minh, revêtant une importance capitale pour l’insurrection à Hanoï.
Ce fut une puissante manifestation de la force révolutionnaire des masses de la capitale, révélant leur détermination à l’action et leur disponibilité à entrer dans la lutte révolutionnaire. La grande majorité du peuple, y compris les couches intermédiaires, n’avait plus aucune illusion sur le Japon et ses marionnettes. Tous plaçaient leur confiance dans le Viet Minh et étaient prêts à le soutenir. Le gouvernement fantoche n’osa pas résister, tandis que police et miliciens restaient inactifs et impuissants.
Le rassemblement en soutien au Viet Minh se déroula à moins de 200 mètres du quartier général de la 38e armée japonaise, sans que les Japonais interviennent. Cela démontrait clairement qu’il était tout à fait possible de neutraliser les forces japonaises.

Le rassemblement se transforma ensuite en manifestation triomphante, ouvrant la voie à une méthode d’insurrection à Hanoï : organiser un rassemblement massif pour galvaniser les foules, renverser le pouvoir fantoche, puis transformer le rassemblement en défilé armé. L’appui de la foule, avec pour noyau les forces armées, permit de s’emparer des institutions stratégiques de la ville et de conquérir le pouvoir.
Le soir même, le Comité militaire révolutionnaire élargi se réunit à Dich Vong (Tu Liem, Hanoï) et décida de déclencher l’insurrection générale le 19 août.
À Hai Duong, le district de Cam Giang fut le premier à se soulever, ouvrant le mouvement insurrectionnel dans toute la province, qui s’étendit rapidement à Kim Thanh et Kinh Mon.
Dans la ville de Hai Duong, profitant d’un rassemblement organisé par le gouvernement fantoche en soutien au cabinet Tran Trong Kim, nos forces infiltrées se mêlèrent à la foule. Des militants placés à l’avance dans le cortège firent descendre le drapeau « quẻ ly » et hissèrent le drapeau rouge étoilé, clamant : « À bas le gouvernement Tran Trong Kim », « Vive la révolution, vive le Viet Minh ! ». Les agents du Japon, terrifiés, n’osèrent s’opposer et se replièrent devant l’élan révolutionnaire.
Le cortège traversa les rues et s’arrêta pour un rassemblement au jardin Bao Đai (aujourd’hui place de l’Indépendance). Un représentant du Viet Minh y prit la parole, exposant les dix politiques de salut national du Front Viet Minh, annonçant la capitulation du Japon et appelant la population à rejoindre le Viet Minh pour conquérir l’indépendance. La foule acclama avec ferveur, et la vague révolutionnaire déferla sur toute la ville.
À l’issue du rassemblement, l’armée insurrectionnelle, organisée par le Viet Minh, se déploya pour occuper successivement les bâtiments administratifs de la province, la résidence du gouverneur, les casernes japonaises et celles de la garde locale.
Paniqué devant la tempête révolutionnaire, le gouverneur avait fui auparavant ; les autres fonctionnaires du régime fantoche, dont le vice-gouverneur Tran Van Tuyen, déclarèrent leur reddition, remirent dossiers et registres à la révolution et demandèrent à rejoindre le Comité révolutionnaire provisoire. L’insurrection victorieuse à Hai Duong permit au peuple de s’emparer du pouvoir. Dans la foulée, les autres districts se soulevèrent à leur tour.
À Hue, des envoyés du Comité central vinrent assister le Comité provincial de Thua Thien dans la direction de l’insurrection. Conformément aux résolutions de la conférence provinciale des cadres du 15 août 1945, la population des districts de Thua Thien renversa tour à tour le pouvoir fantoche et établit les administrations révolutionnaires.