Aussitôt informé du bombardement atomique d’Hiroshima par les États-Unis, Ho Chi Minh et le Comité permanent du Comité central décidèrent de convoquer une conférence nationale afin de planifier et diriger l’insurrection générale.
« Il faut nous réunir immédiatement et ne pas prolonger la réunion. Chaque minute compte. La situation évoluera vite. Ne manquons pas l’occasion », déclara le dirigeant.
Le congrès s’ouvrit à Tan Trao (Son Duong, Tuyen Quang), en présence de délégués venus des comités locaux et de l’étranger, ainsi que de représentants des zones libérées et de combattants des maquis.
Après discussion, le constat est clair : « Les conditions de l’insurrection en Indochine sont désormais mûres ». L’armée japonaise est démoralisée, ses collaborateurs vietnamiens pris de panique, et « tout le peuple attend l’heure de se soulever pour arracher l’indépendance ».
Sur la base d’une analyse précise de la situation, le congrès a convenu que le Parti devait, sans tarder, déclencher et diriger l’insurrection générale afin de conquérir l’indépendance nationale.
La conférence adopta trois principes stratégiques :
1. Concentration – Focaliser les forces sur les objectifs principaux.
- 2. Unité – Assurer l’unité politique, militaire et dans l’action.
3. Promptitude – Agir sans laisser passer l’occasion.
La ligne d’action : frapper d’abord là où la victoire est assurée, coordonner actions militaires et politiques, démoraliser l’ennemi et le faire capituler avant de l’attaquer, occuper les positions-clés (y compris les villes) avant l’arrivée des Alliés, et établir immédiatement des comités populaires dans les zones libérées.
Trois mots d’ordre furent proclamés :
« À bas l’agression ! – Indépendance totale – Pouvoir au peuple ! »

Outre la prise du pouvoir, le congrès définit les premières tâches du nouveau gouvernement.
Sur le plan intérieur : mise en œuvre des dix grandes politiques du Viet Minh, mobilisation et éducation des masses, notamment au sein des organisations de front, et priorité à la production agricole.
Sur le plan extérieur : exploiter les contradictions entre la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine nationaliste, éviter d’affronter plusieurs ennemis simultanément, et rechercher l’appui de l’URSS et des Alliés pour contrer les ambitions françaises et chinoises en Indochine. Le congrès souligne toutefois : « La victoire dépend avant tout de nos propres forces » (2).
Pour diriger l’insurrection, de nouveaux cadres furent nommés, dont Nguyen Chi Thanh, Chu Van Tan, Vu Anh (membres titulaires) et Vo Nguyen Giap (suppléant).
Le même jour, dans de nombreuses provinces du delta du fleuve Rouge et du Nord-Centre, les villages et districts ruraux se soulevèrent.
À Quang Ngai, la situation était mûre : l’administration coloniale était désorganisée, les forces pro-japonaises paralysées, et les couches intermédiaires basculaient vers la révolution.
À la nouvelle de la reddition du Japon aux Alliés, sans attendre l’ordre du Comité central, le Comité provincial du Parti de Quang Ngai convoqua à midi, le 14 août, une réunion extraordinaire à Pho Nhat (district de Mo Duc).
Le moment de l’insurrection était venu et qu’il fallait, sans tarder, mobiliser les masses pour se soulever, armes à la main, renverser entièrement le pouvoir ennemi et remettre le pouvoir entre les mains du peuple.
La réunion estima que le moment de l’insurrection était venu et qu’il fallait, sans tarder, mobiliser les masses pour se soulever, armes à la main, renverser entièrement le pouvoir ennemi et remettre le pouvoir entre les mains du peuple.
La réunion décida également que le comité permanent du Comité provincial assumerait la direction de l’insurrection ; que les membres du Comité retourneraient dans leurs localités, notamment dans les points stratégiques, pour diriger le soulèvement ; et que les responsables militaires rejoindraient les zones de maquis afin de mobiliser les forces armées pour attaquer les postes de moyenne région, désarmer les troupes japonaises et les forces de sécurité dans les zones où la population avait été armée, afin de soutenir le peuple dans la conquête du pouvoir.
À 16 heures, le tambour de l’insurrection retentit, marquant le début du soulèvement provincial.
Dès le soir, le Comité d’insurrection de la ville de Quang Ngai fut constitué, mobilisant milices, ouvriers et habitants. La grève générale et la fermeture des marchés accompagnèrent la prise de pouvoir locale.
(2) Parti communiste du Vietnam : Documents complets du Parti, Éditions de la Politique nationale, Hanoï, 2000, vol. 7, p. 423-438.