Des politiques clés pour propulser la science et la technologie vietnamiennes

Au cours de près de 80 ans, de nombreuses décisions clés dans le domaine de la science et de la technologie ont vu le jour, changeant le visage du secteur et contribuant au développement du pays.

Le Président Ho Chi Minh s’exprime lors du premier Congrès national en 1963. Photo : MST.
Le Président Ho Chi Minh s’exprime lors du premier Congrès national en 1963. Photo : MST.

Les fondements de la gestion technique de la métrologie

Dans la première phase de la résistance contre la France (1945-1954), le gouvernement provisoire a créé des organismes adaptés au contexte réel. Le 20 janvier 1950, le Président Ho Chi Minh a signé le décret n°08/SL sur la métrologie légale au Vietnam, marquant la naissance et le développement de ce domaine. Ce texte est considéré comme une pierre angulaire, jetant les bases de la gestion scientifique et technique et permettant à la production industrielle et militaire, durant la guerre de résistance, de disposer de normes unifiées.

Le Comité d’État pour la science

Le décret 016-SL du 4 mars 1959 a institué le Comité d’État pour la science, plus haute autorité spécialisée en matière de science et de technologie. Cet organisme, précurseur du ministère de la Science et de la Technologie, illustre le passage d’activités scientifiques spontanées à une gestion centralisée à l’échelle nationale.

Lors du premier congrès de l’Association vietnamienne de vulgarisation scientifique et technique, le 18 mai 1963, le Président Ho Chi Minh a souligné : « La science doit naître de la production et revenir servir la production, servir les masses, afin d’accroître la productivité du travail, d’améliorer sans cesse la vie du peuple et d’assurer la victoire du socialisme. »

La même année, la directive n°105/TTg du Premier ministre sur « l’organisation et la direction du mouvement d’amélioration technique et d’inventions populaires » a été promulguée, encourageant la population à participer à l’innovation technique, à créer de nouvelles inventions et découvertes, contribuant ainsi au développement économique et social.

Le premier décret sur la gestion scientifique et technique

Le 4 avril 1962, le Conseil du gouvernement a émis le décret 43/CP définissant les missions, attributions et organisation de l’appareil scientifique de l’État, comprenant la création d’un Comité d’État pour la science relevant directement du Conseil du gouvernement. Pour la première fois, le Vietnam disposait d’un organisme de rang ministériel chargé de la gestion scientifique, marquant le rôle de la science comme domaine relevant de la responsabilité de l’État et jouant un rôle direct dans la construction économique, sociale et de défense nationale.

Le décret 43/CP est considéré comme ayant jeté les bases d’une science au service de la production, de la vie et de la défense de la Patrie. À la suite de ce texte, de nombreux instituts de recherche spécialisés ont été créés, les universités techniques renforcées, faisant de la science un pilier dans l’édification du socialisme au Nord et constituant le point de départ d’une politique scientifique et technologique continue par la suite.

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L’Institut de métrologie et de normalisation, relevant du Comité d’État pour la science, créé en 1962. Photo : MST

La formation du système de normes vietnamiennes

En 1963, le Conseil du gouvernement a promulgué un règlement sur la normalisation, accompagné du premier standard TCVN 1-1963 ayant pour objet « le cadre et le modèle de présentation des normes ». C’était le début du système TCVN – véritable « langage commun » permettant aux produits scientifiques et aux marchandises vietnamiennes de s’intégrer plus tard dans le commerce mondial.

En 1970, l’Institut de métrologie et de normalisation a été scindé en Institut de métrologie et Institut de normalisation. L’année suivante, le Conseil du gouvernement a adopté la décision 60/CP créant le Département de contrôle de la qualité des produits et marchandises – une nouvelle étape dans les infrastructures scientifiques et technologiques. L’Institut devenait ainsi le centre national de normalisation, garantissant l’uniformité dans la production, la recherche et le commerce.

Changements de nom et restructuration après la réunification

Après la réunification nationale, le Conseil du gouvernement a décidé de renommer et de réorganiser les instituts et centres de recherche scientifique et technique. Cette démarche était nécessaire pour parachever les institutions et bâtir un système scientifique unifié à l’échelle du pays.

En 1976, le gouvernement a adopté la décision 08/CP et une série de règlements sur la gestion scientifique et technique, posant les bases d’un mécanisme de gestion unifié. Ce fut la première année où le domaine scientifique et technologique disposait d’un cadre juridique national.

Le secteur des postes et télécommunications a rapidement mis en place l’unification du réseau postal et télécoms entre le Nord et le Sud en matière d’organisation, de gestion et de technique, incluant la normalisation des systèmes de gestion, l’harmonisation des équipements et des technologies de transmission, ainsi que l’exploitation d’un réseau d’information national.

Décrets sur la gestion scientifique et technologique à l’ère du Renouveau

Alors que le pays se préparait à la politique de Renouveau, en 1982, le Conseil des ministres a émis le décret 141 sur le règlement relatif à la normalisation. Ce texte a créé un cadre juridique essentiel, ouvrant la voie à l’intégration internationale après 1986.

La même année, le décret 125 a réorganisé l’appareil du Comité d’État pour la science et la technique, comprenant la création du Département des brevets – ancêtre de l’Office de la propriété intellectuelle. Le 28 juin 1984, le premier brevet a été délivré au Vietnam.

La Loi sur la science et la technologie

Le 22 juin 2000, la Loi sur la science et la technologie a été promulguée et est entrée en vigueur en janvier 2001. Pour la première fois, ce domaine disposait d’un cadre juridique suprême, au lieu de simples décrets, confirmant que la science et la technologie jouent un rôle central dans l’industrialisation et la modernisation du pays.

La grande avancée de cette loi fut d’accorder l’autonomie et la responsabilité aux organismes de recherche, d’élargir la socialisation et d’encourager les entreprises et les particuliers à participer à la recherche et au développement technologique.

Elle a également introduit pour la première fois la protection des droits de propriété intellectuelle et des résultats de recherche, reliant ainsi davantage la science à la production, au marché et à la coopération internationale. Cette loi a également servi de base à l’élaboration de lois spécialisées telles que la Loi sur la propriété intellectuelle (2005), la Loi sur le transfert de technologie (2006), la Loi sur les normes et règlements techniques (2006) ou encore la Loi sur l’énergie atomique (2008).

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En décembre 1984, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) s’est rendu pour la première fois au Vietnam, rencontrant les plus hauts dirigeants de l’État et travaillant avec les organismes concernés et le Département des brevets. Photo : MST

En 2013, la Loi sur la science et la technologie a été amendée afin de mieux répondre aux exigences du développement de l’économie du savoir. Elle instaurait notamment des mécanismes d’autonomie pour les organismes de recherche, encourageait les entreprises à investir dans la R&D, favorisait la commercialisation des résultats et liait la recherche scientifique aux besoins du développement socio-économique.

En juin 2025, la Loi sur la science, la technologie et l’innovation a été adoptée par l’Assemblée nationale et entrera en vigueur le 1er octobre, élargissant le champ d’application : acceptation du risque dans la recherche, incitations fiscales, encouragement aux nouvelles technologies… Pour la première fois, l’innovation a été intégrée à la loi et placée sur un pied d’égalité avec la science et la technologie, marquant un changement fondamental de paradigme.

La Résolution 20 sur le développement scientifique et technologique

En août 2002, le ministère de la Science et de la Technologie a été créé. La loi de 2000 avait complété le cadre juridique, mais c’est la Résolution n°20 de 2012 sur le développement scientifique et technologique qui a véritablement transformé le visage du secteur.

Cette résolution affirmait que la science et la technologie, conjointement avec l’éducation et la formation, devenaient une politique nationale de premier plan, base et moteur d’un développement rapide et durable du pays. Elle élevait le rôle de la science et de la technologie d’un simple outil de soutien à un pilier stratégique du développement national. Elle a également servi de base à l’adoption de nombreuses politiques ultérieures, comme la loi amendée de 2013, la stratégie nationale sur la révolution industrielle 4.0, l’intelligence artificielle et la transformation numérique.

Parmi elles, le Programme national de transformation numérique, approuvé par le Premier ministre en juin 2020, fixe l’objectif de faire du Vietnam un pays numérique d’ici 2030, en développant le gouvernement numérique, l’économie numérique et la société numérique. Il considère l’innovation comme moteur clé pour accroître la compétitivité nationale et créer un environnement favorable aux start-up technologiques, leur permettant d’expérimenter, d’innover et de développer de nouveaux modèles économiques.

La Résolution 57 sur l’essor de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique

La Résolution 57 du Bureau politique, adoptée en décembre 2024, constitue un texte thématique particulièrement important sur l’essor de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique.

Cette résolution est considérée comme le moteur principal pour développer des forces productives modernes, renouveler les relations de production, améliorer la gouvernance nationale et promouvoir le développement socio-économique. Dans cette dynamique, les citoyens et les entreprises sont au centre, acteurs et moteurs ; les scientifiques sont des éléments clés ; l’État joue un rôle d’orientation et de soutien ; tandis que les institutions, les ressources humaines, les infrastructures, les données et les technologies stratégiques en constituent les piliers, les institutions étant la condition préalable.

L’horizon 2030 fixe des objectifs : science, technologie, innovation et transformation numérique atteignent un niveau avancé dans de nombreux domaines ; l’économie numérique représente au moins 30 % du PIB ; les exportations de produits de haute technologie comptent pour au moins 50 % de la valeur totale des exportations ; l’utilisation des services publics en ligne et des transactions sans numéraire atteint un taux élevé.

À l’horizon 2045, le Vietnam deviendra un pays développé à revenu élevé ; l’économie numérique représentera au moins 50 % du PIB ; le pays figurera parmi les 30 premiers au monde en matière d’innovation et de transformation numérique ; les entreprises technologiques vietnamiennes seront à la hauteur de celles des nations avancées, avec au moins 10 grands groupes technologiques de stature internationale.

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