Dans la Décision no 1664/QD-TTg du 4 octobre 2021, le Premier ministre a approuvé le projet de développement de l’aquaculture marine à l’horizon 2030, avec une vision jusqu’en 2045.
Le projet fixe pour objectif d’ici 2030 une superficie nationale de 300 000 hectares consacrée à la mariculture, un volume total de 12 millions de mètres cubes de cages et une production de 1,45 million de tonnes.
Il oriente la mariculture vers un secteur de production à grande échelle, industriel, intégré, sûr, efficace et durable, respectueux de l’environnement marin, créant des produits de marque capables de répondre aux besoins du marché intérieur et à l’exportation, tout en améliorant les conditions socioéconomiques et les revenus des populations côtières.
Selon le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, le pays compte actuellement près de 10 000 exploitations de mariculture, dont la majorité se situe dans les zones côtières à moins de trois milles marins.
Les principales espèces élevées sont les poissons, les crevettes et les mollusques. La plupart utilisent encore des technologies traditionnelles, avec très peu d’application de technologies avancées, ce qui limite la productivité et la durabilité du secteur.
Toutefois, le Vietnam maîtrise désormais la production de semences aquacoles et marines à haute valeur économique, ainsi que les technologies d’élevage, de récolte, de conservation, de transformation et de formulation d’aliments. Récemment, plusieurs modèles expérimentaux, tels que l’aquaculture en circuit fermé (RAS), l’aquaculture multitrophique intégrée (IMTA) ou les cages en HDPE ont donné des résultats prometteurs, ouvrant la voie à une application élargie dans les eaux vietnamiennes.
Ces dernières années, certaines entreprises ont également mis en œuvre des projets de mariculture au-delà des trois milles marins, avec des résultats encourageants, démontrant le potentiel d’atteindre un chiffre d’affaires à l’exportation de 2 milliards de dollars américains d’ici 2030.
Cependant, le retard dans l’adoption des technologies de production avancées demeure un frein majeur.
À Quang Ninh, l’une des provinces pionnières de la mariculture, 45 146 hectares de zones marines ont été planifiés et 1 493,52 hectares alloués à 26 organisations. Néanmoins, près de 465 hectares ont été attribués à 755 particuliers, entraînant une exploitation morcelée et à courte vue, réduisant la création de chaînes de valeur à haute efficacité et augmentant les risques de pollution et d’épidémies.
Dans le monde, notamment en Chine, au Japon, aux États-Unis, en Norvège ou au Chili, les pays développés dans ce domaine ont su intégrer les technologies de pointe et les industries connexes pour transformer la mariculture en un maillon à forte valeur ajoutée de l’économie circulaire.
Selon le professeur associé, docteur Thai Thanh Binh de l’École supérieure d’économie, de technologie et de pêche, les technologies avancées utilisées dans la mariculture mondiale comprennent : des systèmes de cages profondes et semi-immergées capables de résister aux typhons grâce à des matériaux innovants et des systèmes d’ancrage perfectionnés ; des systèmes semi-fermés (SCCS) écologiques et économiques permettant la réutilisation des sous-produits ; des fermes intelligentes intégrant l’intelligence artificielle (IA) et l’internet des objets (AIoT) ; l’emploi de robots, de véhicules autonomes, de drones et d’automatisation pour réduire les coûts et renforcer la sécurité.
D’après l’Institut de recherche en aquaculture no 1, les eaux vietnamiennes conviennent à la mise en œuvre de la technologie IMTA, un modèle durable basé sur la circulation naturelle des nutriments. Ce système diversifie les espèces élevées, valorise les déchets organiques, réduit les coûts de production, limite les impacts environnementaux et diminue les risques pour les aquaculteurs.
Pour garantir l’efficacité de la mariculture, notamment en zones éloignées, il est indispensable de disposer d’une énergie suffisante et d’infrastructures vertes. L’essor des énergies marines renouvelables offre aujourd’hui une solution viable. Par ailleurs, l’utilisation d’aliments durables, les avancées en biotechnologie et la traçabilité par la technologie blockchain constituent des leviers importants pour accroître le taux de réussite du secteur.
L'aquaculture marine du Vietnam demeure encore spontané, morcelé, faiblement industrialisé et peu technologique. Les solutions de soutien ne sont pas encore coordonnées, et la formation des éleveurs reste insuffisante. Sans une stratégie cohérente, globale et de long terme, elle aura du mal à se développer durablement et à devenir une industrie de production à grande échelle, comme prévu.
Professeur associé, docteur Nguyen Huu Dung, président de l’Association vietnamienne de la mariculture
Selon le professeur associé, docteur Nguyen Huu Dung, président de l’Association vietnamienne de la mariculture, ce secteur demeure encore spontané, morcelé, faiblement industrialisé et peu technologique ; les solutions de soutien ne sont pas encore coordonnées, et la formation des éleveurs reste insuffisante. Sans une stratégie cohérente, globale et de long terme, la mariculture vietnamienne aura du mal à se développer durablement et à devenir une industrie de production à grande échelle, comme prévu.
Sur cette base, le professeur associé Nguyen Huu Dung recommande aux autorités de planifier rapidement l’espace maritime et côtier dédié à la mariculture industrielle à grande échelle ; d’intensifier l’application des nouvelles technologies et de la transformation numérique ; d’accélérer la réforme administrative ; d’envisager l’attribution à long terme de zones marines aux entreprises ; de regrouper les producteurs individuels au sein de coopératives ; de renforcer la gouvernance publique ; et de promouvoir la synergie avec les secteurs économiques connexes.