
Ces dernières années, de nombreuses provinces côtières ont amorcé un déplacement progressif des élevages aquacoles depuis les zones littorales fragiles vers le large, conformément aux orientations du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement.
Technologie de pointe et aquaculture au large
Dans la province de Quang Ninh, les autorités ont soumis au gouvernement une demande d’accès à des mécanismes de crédit spécifiques et à des assurances pour soutenir le développement de l’aquaculture en haute mer. De nombreuses exploitations utilisent désormais des cages modernes en polyéthylène haute densité (PEHD), conforme aux normes internationales. Certaines, comme la coopérative Thang Loi à Van Don, se sont inspirées des modèles norvégiens.
En parallèle, des projets combinant aquaculture et éducation à l’environnement, tel le village de pêcheurs de Vong Vieng, contribuent à renforcer l’économie bleue.
La province de Khanh Hoa, qui disposera bientôt de près de 600 km de côtes après sa fusion avec Ninh Thuan, est en pointe sur cette transition verte. Récemment, une exploitation de Cam Lam y a introduit 2 000 poissons pompano en mer à plus de 6 milles nautiques des côtes, une première au Vietnam.
Un projet pilote mené à Cam Ranh, en partenariat avec l’Institut de recherche en aquaculture III, a permis d’installer des 16 cages circulaires à poissons en PEHD et des 12 cages carrées à homards connectées et surveillées à distance 24/7. Les résultats de cette première phase sont jugés très prometteurs.
La province prévoit d’étendre ces installations sur 240 hectares d’ici 2029, avec un budget de plus de 545 milliards de dongs, afin de remplacer les cages traditionnelles par des équipements plus durables.
« Grâce à l’eau propre du large et à la solidité des cages, la survie des homards atteint désormais 80 %, avec un temps de croissance réduit de près de deux mois », témoigne Nguyen Khanh Van, aquaculteur à Cam Ranh.
Une vision durable à l’horizon 2045
Dans la province de Phu Yen, un plan de développement prévoit d’étendre l’aquaculture en mer sur 3 650 hectares d’ici 2030, en modernisant 50 % des cages existantes. L’ambition est de faire de ce secteur une filière de pointe, gérée de manière durable.
Le développement d’une aquaculture respectueuse des écosystèmes marins et faiblement carbonée s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale pour une économie bleue durable à l’horizon 2045.
D’ici 2030, le Vietnam vise à stopper la dégradation des milieux marins, à restaurer les mangroves et à porter les aires marines protégées à au moins 6 % de la superficie maritime nationale.
Le plan national pour la protection de l’environnement fixe également l’objectif d’étendre ces aires protégées de 3 à 5 % d’ici 2030. La création de telles zones, à fort niveau de protection, permettrait de reconstituer les stocks halieutiques et de renforcer la résilience des écosystèmes.
Préserver les écosystèmes marins
Consciente de ces enjeux, la province de Binh Thuan a lancé un ambitieux programme de création et d’extension de ses aires marines protégées à l’horizon 2030. Il prévoit notamment des campagnes de sensibilisation, la restauration des récifs coralliens et des mangroves, ainsi que le déploiement de récifs artificiels en lien avec l’écotourisme.
Actuellement, Binh Thuan compte deux aires marines protégées : Cu Lao Cau (district de Tuy Phong) et l’île de Phu Quy. Sur cette dernière, les chercheurs ont recensé 70 espèces végétales terrestres, 72 espèces d’algues marines et d’importants récifs coralliens. À Cu Lao Cau, plus de 225 espèces de coraux ont été identifiées, dont plusieurs endémiques.
Le site abrite également des zones de reproduction pour les tortues marines et des populations de bénitiers géants. Cette politique de préservation de la biodiversité contribue non seulement à la protection des ressources halieutiques et à l’adaptation au changement climatique, mais aussi à la construction d’un modèle d’économie maritime durable pour le Vietnam.