Cela permettra à ces entreprises de conserver leurs parts de marché, de renforcer leur compétitivité et de facilement accéder aux flux de capitaux internationaux.
Pour les entreprises exportatrices de produits agricoles et aquatiques du delta du Mékong, ces exigences créent une pression considérable.
Le Vietnam s’est engagé fermement auprès de la communauté internationale à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour concrétiser cet engagement, le gouvernement a promulgué un nouveau cadre juridique, accompagné de nombreux décrets et directives. Il a exigé que les entreprises domestiques réalisent des inventaires de gaz à effet de serre et respectent les standards de développement durable.
Le Vietnam émerge comme un centre de production et d'exportation dynamique, apprécié des multinationales pour son environnement des affaires stable, sa main-d’œuvre qualifiée et sa grande capacité d'adaptation. Cependant, les entreprises font face à divers défis, notamment en matière d'environnement et de transition verte, lorsqu'elles cherchent à s'étendre sur les marchés internationaux.
Dans le delta du Mékong, à partir de 2024, de nombreuses entreprises ont commencé à inventorier leurs émissions. Entre 2025 et 2026, cette obligation s’étendra davantage, notamment aux secteurs clés, tels que l’aquaculture.
Même les entreprises qui n’exportent pas directement, mais qui participent à la chaîne de valeur, devront se conformer aux exigences d’inventaire. Ainsi, la transition verte n’est plus un choix, mais une obligation afin de maintenir l’accès aux marchés internationaux et d’améliorer la compétitivité nationale.
Nécessité de respecter les normes ESG
Selon Nguy Thi Giang, représentante de la société Green In, dans le contexte où le développement durable devient une tendance mondiale, les normes ESG (Environnement – Social – Gouvernance) ouvrent de nombreuses opportunités pour les entreprises vietnamiennes, notamment un meilleur accès aux capitaux préférentiels avec des taux d’intérêt inférieurs d’environ 2 %.
Nguy Thi Giang a indiqué que les normes ESG apportent deux avantages majeurs. Le premier concerne la compétitivité accrue, le renforcement de la réputation, l’attraction de nouveaux investissements et l’accès aux flux de capitaux verts. Ces normes permettent également aux entreprises de mieux répondre aux exigences des partenaires de la chaîne d’approvisionnement, notamment sur le marché européen où les normes sont de plus en plus strictes.
Le second avantage touche à la stratégie d’entreprise : optimiser les opérations, réduire les coûts, améliorer les bénéfices et limiter les risques grâce à un système de gouvernance transparent.
Dans le contexte où le Vietnam accélère la transition verte et s’intègre profondément dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, la normalisation des normes ESG constitue un impératif pour un développement durable, a souligné Nguy Thi Giang.
Des barrières commerciales sur les marchés européen et américain
Pour sa part, Nguyen Thi Thuong Linh, directrice adjointe de l’antenne de la Fédération du commerce et de l’industrie du Vietnam dans le delta du Mékong (VCCI), a affirmé que le changement climatique entraîne des fluctuations imprévisibles, notamment des inondations imprévues.
Face à ce défi, de nombreux pays ont mis en œuvre des engagements fermes et des plans d’action ambitieux pour accélérer la transition verte et atteindre la neutralité carbone.
Pour les entreprises exportatrices des produits agricoles et aquatiques, en particulier dans le delta du Mékong, les nouvelles réglementations de l’Union européenne (UE) et des États-Unis constituent une pression croissante.
L’UE déploie actuellement plusieurs mécanismes ayant un impact direct sur le commerce : le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), le règlement contre la déforestation (EUDR), la directive sur les rapports de durabilité (CSRD), ou encore la directive sur la diligence raisonnable de la chaîne d’approvisionnement (CSDDD).
Plus important encore, à l’issue de la COP26, le Vietnam a annoncé son engagement ferme à atteindre la neutralité carbone en 2050. De nombreuses stratégies et plans d’action ont depuis été promulgués, visant une réduction de 43,5 % des émissions d’ici 2030 dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la sylviculture, de l'aménagement du territoire, de traitement des déchets et de l’industrie manufacturière.
L’agriculture et l’industrie de transformation, deux secteurs clés du delta du Mékong, à eux seuls, doivent réduire leurs émissions respectivement de 43 % et de 38,3 % d’ici 2030. Ces engagements montrent que le Vietnam ne se contente pas de répondre aux pressions internationales, mais adopte une transformation proactive vers un modèle de développement vert et durable.
Nguyen Thi Thuong Linh a précisé : « D’ici 2030, nous visons une réduction importante des émissions. D’ici 2040, nous nous engageons à éliminer la production d’électricité au charbon ; et avant 2050, à atteindre la neutralité carbone. Les objectifs incluent la fin de la déforestation, la réduction de 30 % des émissions de méthane par rapport à 2020, en lien avec le projet d’un million d’hectares dans le delta du Mékong, ainsi qu’une réduction des émissions de 15,8 % grâce aux ressources nationales et de 43,5 % avec l’appui international ».
Transition verte, une voie inévitable
Nguyen Thi Ha, experte en changement climatique, a indiqué que de nombreuses normes internationales exigent désormais un inventaire et une déclaration des émissions pour les produits aquatiques, devenant une condition obligatoire pour accéder aux marchés mondiaux. Cette tendance s’étend aux secteurs agricoles et alimentaires, les pays importateurs renforçant leurs réglementations pour maintenir la hausse de température mondiale sous 1,5 °C.
Cela exige des entreprises exportatrices, particulièrement celles opérant en Europe, qu’elles calculent leurs émissions sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Les grands groupes mondiaux s’engagent également à atteindre la neutralité carbone et exigent des fournisseurs vietnamiens des données d’émissions transparentes et standardisées.
Nguyen Thi Ha a ajouté : « Dans les normes ESG de 2024, l’inventaire et la publication des émissions deviennent obligatoires pour les secteurs agricole et aquatique. Cette exigence sera progressivement intégrée dans d’autres secteurs afin de garantir le respect des engagements mondiaux sur le climat, notamment l’objectif de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5°C fixé lors des conférences COP. Cela contribuera à réduire les crises climatiques auxquelles le monde s’est engagé à répondre ».
La transition verte n’est plus une option, mais une exigence indispensable face à l’intensification du changement climatique. Pour les entreprises du delta du Mékong, il s’agit à la fois d’un défi de conformité et d’une opportunité de restructuration pour un développement durable.
Dans le contexte de restructuration mondiale des chaînes d'approvisionnement, les entreprises doivent faire preuve d'initiative, d'innovation et investir dans des modèles de production-consommation-recyclage circulaires.
En réalisant l’inventaire des émissions, en normalisant les rapports, en investissant dans les technologies économes en énergie et en assurant la transparence de la chaîne d’approvisionnement, les entreprises vietnamiennes pourront réduire les risques, accroître leur productivité, conquérir de nouveaux marchés, renforcer leur marque et maintenir leur avantage compétitif sur la scène internationale.
La transition verte n’est plus une option, mais une exigence indispensable face à l’intensification du changement climatique. Pour les entreprises du delta du Mékong, il s’agit à la fois d’un défi de conformité et d’une opportunité de restructuration pour un développement durable.